La villa abandonnée.
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Les deux amies étaient devant la porte de la fameuse villa Andalucia, dite hantée car abandonnée et en train de se dégrader avec le temps, mais d'après tout le pays, les personnes voulant visiter la bâtisse n'en ressortaient jamais indemnes. Angélica et Sacha n'avaient jamais cru les rumeurs, mais n'étaient pour autant jamais allées, tout de même apeurées.
Sur un coup de tête et après une énième rumeur, les deux adolescentes avaient décidé de prouver à tout le monde qu'elles pouvaient visiter toute la villa et ressortir vivantes et inchangées.
— Allez, on y va Angélica, ça fout encore plus la frousse dehors !
— Tu exagères, c'est hyper mignon ici !
Sacha leva les yeux au ciel, déjà exaspérée par son amie qui trouvait toujours de la beauté dans les choses macabres.
Elles poussèrent doucement les portes plutôt lourdes et un grincement de vieux bois se fit entendre jusqu'à ce que les ouvertures donne un accès maximal.
Devant les adolescentes se trouvaient un grand hall lumineux grâce à la lumière du jour, le sol était recouvert de feuilles mortes, les murs traversés par le lierre et il y avait une odeur mélangée d'humidité de moisissure et de nature qui flottait dans l'air. Quelques débris et graffitis, sûrement faits par des adolescents, se promenaient çà et là, rendant un peu plus le lieu mystérieux.
Alors que Sacha et Angélica s'extasiaient sur la beauté du lieu, malgré les dégradations naturelles et humaines, elles sursautèrent lorsqu'une bourrasque de vent entra subitement et fit claquer violemment les portes d'entrée.
— Bordel, ça y est, ça commence !
Sacha courut jusqu'à la porte et se rendit compte qu'il n'y avait plus de moyen de sortir par cet endroit.
— On est enfermées ! Angélica !
La concernée se frotta les mains.
— Allez, viens, on visite un peu. Tu sais que même si j'ai un peu peur, je vais continuer à découvrir, c'est un vrai kiff !
La plus effrayée des deux vint se coller à son amie qui était pressée de voir ce que la villa leur réservait.
Après le grand hall se trouvait une gigantesque salle de vie, donnant sur ce qui devait être une cuisine à en voir la disposition des meubles restants.
Angélica touchait tout ce qui l'intriguait, au malheur de Sacha qui voyait déjà les problèmes arriver si les empreintes de son amie étaient relevées un jour.
— Cesse de tout toucher ! Tu ne sais pas ce qui a été en contact avec ces objets avant toi ! Et imagine que les flics prennent les empreintes, les tiennes, toutes fraîches vont ressortir !
— Pourquoi les flics viendraient ici, pour prendre des empreintes surtout ? Il y a tellement d'ados et de paumés qui viennent ici que tout est déjà en désordre et brouillé !
— Maria, ma concierge a dit que des rondes étaient souvent faites ici, pour s'assurer qu'il n'y a pas trop de dégradations ou de changements au niveau de la disposition ! Si c'est le cas, il y a automatiquement des prises d'empreintes ou recherches qui pourraient mener à quelqu'un de passage ici !
Angélica n'écoutait déjà plus son amie, bien plus intéressée par les chuchotements ainsi que les pas qu'elle croyait entendre.
— Chut, écoute ! Tu entends ?
Sacha cessa de parler et le silence fit de nouveau son retour, jusqu'à ce que d'autres petits pas s'entendent.
Angélica s'avança pour aller voir si quelqu'un était là.
— N'y va pas, ça peut être dangereux, si c'est des squatteurs armés !
— C'est pas des bruits de pas adultes.
Elles sortirent de la cuisine, et virent deux petites filles courir à l'étage, passant devant elle en ricanant.
Les deux adolescentes, surprises, se mirent à crier.
— Bordel ! Je t'avais dit qu'il y avait quelque chose de bizarre !
— Allons voir ! Pourquoi deux gamines se promèneraient seules, ici ? !
Sacha voulait partir, des larmes menaçaient déjà de couler sur ses joues, mais Angélica sentait l'adrénaline monter en elle.
Elles entendirent en haut de l'escalier des chuchotements enfantins, les appelant par leurs prénoms.
— C'est digne d'un film d'horreur !
— C'est des enfants, on ne craint rien !
— Et si elles ne sont pas seules, et qu'elles sont juste un appât pour des sectes ! Tu ne penses vraiment pas aux nombreux dangers !
Angélica prit la main de son amie et les deux montèrent les escaliers au rythme des chuchotements.
Elles cherchèrent les enfants, ou d'autres présences, mais il n'y avait personne.
Faisant la visite des immenses pièces qui restaient malgré tout magnifiques, les adolescentes se firent surprendre plusieurs fois par les enfants qui leur jouaient des tours, en se cachant puis leur sautant dessus, en chuchotant dans leurs oreilles ou en faisant des bruits.
Toute cette situation vidait peu à peu la vitalité corporelle des filles, sans même qu'elles ne s'en rendent compte, bien trop prises dans la terreur et l'adrénaline. Quelques minutes plus tard alors qu'elles pensaient devenir folles, leurs nez se mirent à saigner, et sentant leur énergie quitter leurs corps, elles tombèrent au sol, inconscientes.
Dans la soirée, des gendarmes qui venaient faire leur ronde quotidienne, les trouvèrent toujours inconscientes par terre. Ils appelèrent les secours. Et une fois soignées à l'hôpital, les adolescentes apprirent que rien de surnaturel n'avait causé leur malaise. La villa abandonnée étant très humide, énormément de bactéries et de champignons toxiques s'étaient créés. La moisissure était la raison des hallucinations et de l'évanouissement.
Les rumeurs étaient levées et plus personne ne souhaitait faire les caïds en mettant en péril leur santé, de plus l'accès a été interdit. Tout ce qui s'était passé depuis des années était juste le résultat des champignons mortels qui prenaient place de jour en jour dans la villa.
Cette dernière fut totalement nettoyée, assainie, vidée, et restaurée pour la santé de tous. Elle fut ensuite remise en vente, faisant le bonheur de riches touristes, qui coulèrent des jours heureux.
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