Fardeau
Et, la Corneille du haut de la cime observe ce monde fétide, sonde son âme jusqu'à la damnation. Point de purgation pour les péchés qu'elle a omis de murmurer. Loin de confesse, elle traîne le fardeau de ses pensées purpurines. Tel un fil barbelé mordant sa peau déchirée ; l'éther s'épanche des plaies mal pansées. Le poids des erreurs sur une carcasse blessée, nulle place pour la purification d'un esprit enchaîné.
Et, la Corneille du haut de la cime ricane quand l'orage approche. J'entends l'hystérie lorsque la nuit resurgit dans l'abîme de ses songes maudits. Son rire résonne, le sarcasme au pas de la porte. Qu'en est-il de ses rêves au parfum floral, ceux des années passées sans supplier le malin d'expier la condamnée ? Sous une botte il sont écrasés, pleurant leur joie, la Lune et les sourires effacés.
Et, la Corneille du haut de la cime souffre telle une martyre abandonnée. Laissée à son triste sort, elle sanglote dans un nuage de cendres. A-t-elle, dans un sursaut de lucidité, compris ses sombres fautes ? L'hémoglobine s'écoule, le souffle s'étiole, c'est au cœur de l'hiver qu'elle se perdra. Sur une croix elle terminera, jusqu'à ce que la mort l'emporte dans son froid manteau.
Nul purgatoire pour les âmes bannies ; seule la crucifixion pour les esprits avilis. Et, la Corneille se meurt, les ailes ouvertes pour un dernier voyage.
Dans un chant névralgique je prierai pour elle, obscure pécheresse aux plumes ensanglantées.
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