Le cœur parfois s'acharne lorsque la tête s'y refuse.

Égaré dans le brouillard du désespoir, j'erre entre l'épaisse brume portant ton nom. Tranchante, elle lacère ma peau quand dans un soupir j'exprime mon désarroi.
Un ciel étoilé en guise de toile immaculée, je dessine ton image parmi les constellations éblouissantes. Ta beauté n'a d'égale que la lueur cotonneuse de la Déesse nébuleuse.
Épiderme glabre, peau d'albâtre pour ravir mon regard, semblable à l'éclat brillant d'une Lune à son périgée.

J'ai soufflé quelques plaintes lorsque la dague s'est insérée entre mes côtes malmenées par un organe ravagé. Lame chauffée à blanc pour salir mon corps d'éther rougeoyant. Une trainée de désespérance glissant sur un derme frémissant.
Dans tes yeux aux pupilles dilatées par la démence, j'ai aperçu les relents de ton impassibilité. Aucun remord pour notre amour piétiné, pas de regret pour un homme assassiné. Gisant, en sang, j'ai expiré mon dernier souffle sous un regard amusé, des lèvres ourlées d'un sourire carnassier.

Dans l'obscurité de la nuit, je trace les traits de ton visage entre les astres silencieux. Tel un spectre vaporeux, devenu l'ombre d'une ombre, je survole les champs de roses. Au crépuscule, les corolles paraissent aussi noires que mon âme oubliée. Quand l'affection abat son glaive ensanglanté, la consternation suinte des pétales aux sombres aspects. Tant de sentiments pour un cœur façonné dans un joyaux aussi obscur que la déraison.
Et puis, les épines aiguisées rencontrent mon esprit tourmenté pour achever d'une douleur insensée un homme à enterrer.

Linceul de verdure pour dissimuler le chaos, cercueil de terre dans lequel suffoque mon âme emprisonnée.
J'erre dans le brouillard du désespoir, de cette brume portant ton nom, sous un ciel étoilé de ton image passionnée.
Les larmes s'étalent sur une peau glacée lorsque les réminiscences de nos nuits passées défilent sous mes yeux embués. Fourreau de soi dans lequel tu t'es tant glissé, de ces plaisirs coupables auxquels nous avons si souvent succombé. Tendre violence dans tes coups de reins désirés, douce souffrance dans un ébat teinté de cruauté.

Et, les gémissements résonnaient dans le silence criard des ténèbres brûlants, où filtraient tes fébriles sentiments quand la fascinante jouissance secouait nos êtres enchevêtrés. Nos doigts entrelacés me faisaient imaginer un amour partagé. Piètre pensée que tu as vite annihilé lorsque tes yeux m'ont regardé.
Espoirs vains, consumés par une pénible souffrance. Enserré entre tes paumes enflammées, mon cœur martyrisé par ton sinistre rejet.

L'épée de Damoclès au-dessus de la tête, j'ai pourtant tellement désiré que l'émotion palpite sous ta peau diaphane. C'est lorsque la tragique réalité a éclaté, tel un coup de tonnerre dans un champ de blé, que j'ai su déceler ton animosité. Point d'affection pour ma fragilité, uniquement du dédain pour moi, pauvre pèlerin.
Prédicateur, j'ai prié pour toi, suppliant le Divin d'entendre ma voix. J'ai crié ton nom, dernier sacrement avant que me transperce l'acier de ta méchanceté.
Sublime créature, sous ton regard azur, j'ai pleuré des rivières de détresse. Puis, mon cœur empalé s'est laissé aller. Dans un chant funèbre de pulsations assassines, j'ai fait mes adieux à ce monde, à mon amour et mes rêves éviscérés par tes doigts à la pulpe veloutée.

Enchaîné à cette éternelle demeure, où mon esprit se meurt tandis que se fane mon derme bleui. Je laisserai ma peine déferler jusqu'à engloutir tes soupirs de plaisir.
Cruelle dévotion pour une âme insensible, amour imparfait pour un cœur gelé. Dans l'attente je resterai, jusqu'à ce que s'écoulent tes sanglots de regrets.

Vacillant telle une flammèche abandonnée, je fredonne la mélodie de mon aimé meurtrier.

Ces éloges funèbres gravés au bâtonnet, je les hurle pour ne pas m'effacer dans un souffle de vent lorsque l'aurore naît.