Mon coeur inanimé soupire quand l'aurore naît.

Étendue sur l'herbe humide de rosée, j'admire le ciel se teinter des mêmes couleurs qui baignent mon âme brisée.

J'ai tenté de résister, de ne pas céder à l'appel de ces esprits esseulés, mais mon faible palpitant, traitre à ses heures perdues, m'y a poussé. Prisonnière du monde des Ombres, j'erre entre les allées peuplées de ces songes désespérés. La tristesse, en échos, survole les rosiers. Et, ma belle Rose s'est enlisée dans la terre des secrets inavoués.

Le corps tremblant, j'examine les lieux dans lesquels débute ma nouvelle existence, même journée qui se répète inlassablement, telle une boucle interminable ; infatigables tourments. Rien de bien différent du monde que j'ai connu, le même air surchargé, le même ciel enflammé mais la brume est néfaste lorsqu'elle se lève sur un paysage faussement calme. Les oiseaux se sont tus, les abeilles ne dansent plus. Seule mon âme égarée navigue entre les sinistres volutes de fumées.

Étendu sur l'herbe humide de rosée, mon corps gît dans une marre au liquide carminé. Déchirée, ma peau pleure des larmes sanguines, mon cœur inanimé sanglote dans un océan d'éther putride. Quand viendra la nuit, les charognes se délecteront de ma carcasse glacée, grignoteront chaque morceau de mon être décomposé, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Plus rien de moi, de mes rêves, de mes souvenirs, plus de sourires, d'éclats de rires. Un amoncellement d'ossements rongés.

Le corps tremblant, j'attends patiemment que vienne ma dernière heure. La fin est douce, mais inaccessible pour ma fleur fanée. Dites-moi seulement pourquoi. L'oubli est désiré mais impossible pour ma Rose flétrie. Connaissez-vous la raison de cette triste trahison ? Ses racines se sont fragilisées, ensevelies dans une terre pourrie, jusqu'à ce qu'elles deviennent la poussière du centre de l'Enfer.

À la tombée de la nuit, je sentirai chaque griffure, chaque morsure, chaque plaie sur mon corps mort. Chaque toucher, chaque odeur, chaque douleur sur mon âme brisée. Les Ombres me plongeront dans le néant des regrets, je n'ai pas su sauver ma Rose abîmée.

Entre les débris de mon miroir, j'ai sauté tête baissée.