Dernière Danse

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La vie me fait défaut, j'ai égaré mon soleil et enterré ma lune. À travers les barreaux de ma geôle, j'observe ce ciel sans astres. Plus de lumière, pas d'espoir lorsque les étoiles se meurent au firmament. Crépuscule éternel, au cœur de l'hiver, je demeure, dans l'obscurité, l'opacité d'une existence gâchée. La déesse polaire s'est absentée.

Sur mes lèvres se meuvent mes mots vaniteux et s'effacent mes maux malheureux. J'ai hurlé durant de trop longues années, dans un silence assourdissant où perlaient quelques larmes de sang. En un soupir lassé, j'ai essuyé les paroles déplacées d'un meurtrier au doigté semblant rutiler. Puis, dans l'ombre s'est dessiné le chemin de ma triste destinée. Prière évanouie, j'ai scellé mes rêves ambitieux pour une sombre agonie lorsqu'il m'a souri d'un air malicieux. Au-delà de mes envies inassouvies, j'ai sacrifié la clé vers d'autres cieux. À bras ouverts je l'ai accepté, ce foutoir qu'il m'a laissé, non sans cadenasser mon cœur empoisonné.
Mes pleurs s'égouttaient sur mes joues enflammées par sa cruauté, lorsque son corps à la peau veloutée s'entrechoquait contre mes reins malmenés. J'ai supplié, puis j'ai cessé de discuter quand le ciel s'est assombri pour ne plus jamais s'illuminer.

À l'abri, sous un centenaire aux rameaux mélancoliques, au feuillage abîmé par les intempéries, j'ai enseveli les débris de mon âme brisée. Mon reflet est terne dans ce miroir sans tain. Qui m'observe à travers cette psyché aux nombreuses fêlures qu'a semé les peines du temps ? Le vent a parlé, mes cendres se sont éparpillées dans un tourbillon ensanglanté. Un tas de poussières qui se soulève en un coup de tonnerre tonitruant. Les particules s'élèvent et mon esprit en sursis s'égosille. Les échos, contre les lames du parquet, s'échouent telle une dramatique mélopée qui jamais ne se tait.

Les pulsations de mon cœur se sont envolées, les doigts vers l'horizon, j'ai tenté de les rattraper. Trop brutal était le souffle qui les emportait loin de moi. J'ai lutté, suffisamment, enfin je crois. Et pourquoi ne pas désirer l'oubli lorsque le cauchemar s'épanouit ? Sous mes pas, le sol se défragmente, à l'instar de mon esprit pour lequel l'imaginaire se muselle ; aliénation polaire, cette cruelle stèle mortuaire.
Tombeau de fortune, une dernière valse pour apaiser l'amertume. Paumes liées, nos âmes, tristes et délaissées, s'enchevêtrent en une danse qui m'embrume.

Alchimie maladive, je me laisse choir entre ses bras qui s'enroulent, telles les sangles fantomatiques de son humeur maudite, autour de mon corps épuisé. Mes poumons sont éreintés, j'ai omis d'expirer. Ce parfum de mort et de détresse m'englobe sans pour autant le respirer. Comme ancré dans les pores de ma carne fétide, l'arôme de la pestilence s'élance et tangue ; vague de désespoir qui secoue l'océan dans lequel je me noie inlassablement.

Il a soulevé des tempêtes sur mon cœur lassé, puis, le ciel s'est effacé en une ultime danse passionnée. Les paupières closes, j'ai murmuré mon dernier souhait. Mes pensées se sont embrouillées et n'ont plus jamais hurlé.

J'ai oublié comment inspirer, j'ai cessé d'espérer.

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