Effervescence
De ces corps ensanglantés, il se repaît lorsque l'horreur naît.
Aurore imaginaire, sous les néons blancs dansent les âmes assassines. Celles qui le malmènent quand le silence s'étend, semblable à l'épanchement de ces larmes sanguines. Elles s'étalent, en une flaque épaisse et visqueuse sous ses bottes souillées. Près d'un amas de carnes purifiées, il observe son esprit s'éparpiller. Quelques éclats brisés scintillent sous son œil acéré. Presque matérialisée, la vésanie sublime de ses espoirs calcinés. Entre ses doigts gantés, il tente de l'attraper.
Si jolie mélodie qu'est celle de la folie. Une note résonne, venue d'une dalle de ciment fraîchement coulée ; les membres de l'être enlisé s'épuisent en un dernier souhait. Quelques efforts vains avant que ne s'écrase le poids des sombres regrets.
Crépuscule sanguinaire, sous un ciel luminescent d'une brume incandescente, valsent les âmes affolées. Un vacarme assourdissant, puis le néant ; celui qui nourrit chacun de ses fantasmes. Tandis que du corps enseveli se dessine l'ultime spasme, sur une bouche carminée s'esquisse le désir suprême. Un sourire malveillant, teinté des souvenirs d'une vie brisée, d'une poignée d'idées brûlées, jetées au bûcher un matin de janvier. Dans les flammes dansaient les réminiscences d'une existence malmenée, déchirée par des coups de boutoirs revanchards. Pourtant, oubliées sont les bribes de ses cruels cauchemars lorsque, en échos entre les murs capitonnés, résonnent les cris d'agonie.
Éclipse lunaire, en un souffle s'évapore les rais de lumière. Sous un ciel étouffé par une douloureuse éternité, immobiles demeurent les âmes esseulées. Les hurlements se meurent, funeste symphonie qui ne fait plus de bruit. Les espoirs s'échouent, telles des marionnettes inanimées, dépourvues de ficelles et aux cœurs pétrifiés, sur le sol cimenté. Les brisures s'élancent, le miroir s'est fêlé. Les particules de poussière se suspendent dans l'air surchargé, éclats des ténèbres d'un martyr enragé. Le choc est brutal lorsque les songes si vainement enterrés se heurtent dans l'obscurité. Brève échappée ou triste réalité ?
Dans la vésanie sublime, il se complaît à parapher chacun des gémissements de ses victimes.
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