Poussière d'or

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Les âmes impatientes s'affolent. Dérive du monde, le ciel se défragmente ; la poussière d'étoiles s'élance, illumine une étendue d'obscurité lorsqu'un souffle de vent brise la chaleur du temps. Brasier incandescent, l'âtre crépite en une chanson funèbre. Funeste nuit qui s'étire en une éternité sanguine. À travers les fenêtres brisées d'une demeure délabrée, les arbres s'étendent sur une ligne inconnue, distance biaisée par la perception affaiblie d'un homme épuisé.

La mélodie du désespoir entonne son triste refrain lorsqu'un croissant de lune paraît sangloter la mort de l'univers. Est-ce la fin des temps, du monde et de ces chants envoûtants, de ces étreintes enflammées que même les heurts d'un amour fatigué n'ont sus rassasier ? Les gémissements, en échos, brisaient le calme d'une vie monotone. Dissimulés sous un édredon élimé, les corps aimantés s'emboîtaient, se repaissaient des râles et des succions d'un plaisir endiablé. De chaque souffle qui se perdaient, semblants se suspendre dans l'air surchargé, et de ces caresses, de ces murmures et rires. Effacés, ils l'étaient désormais, mais pas oubliés. Chaque seconde, les réminiscences dansaient dans un esprit épris, éclairaient le regard éteint d'un espoir vain.

Agenouillé au centre du salon, les yeux rivés sur l'immense baie vitrée, Eddy, l'échine courbée, contemple le ciel s'affaisser.

Dies Dominica.

Il se souvient de ses dimanches passés, de ses journées à adorer, non pas le Seigneur mais l'être céleste dont il était follement amoureux. Il idolâtrait une belle âme aux nombreuses ecchymoses laissées par des ténèbres brûlants. Il aimait un corps marbré de cicatrices, de ces sévices dont il avait été trop longtemps victime. Puis, il chérissait un cœur bleu strié de quelques fêlures d'usure. L'harassement se lisait dans le regard de l'homme mystifié, magnifique, séraphique, même lorsque l'envie tirait ses traits. Il était un ange caché, déchu, venu pour aimer celui qui, dorénavant, se retrouvait seul à se lamenter.

Eddy, les pupilles dilatées, observe le monde s'étioler, comme le corps, en poussière d'or, de son archange envolé. Les minutes s'étalent, en un silence pesant, il a perdu l'unique personne qui parvenait à le faire sourire.

Dans une déflagration, qui résonne encore à ses oreilles, l'âme de son amour chagriné s'était volatilisée. Ne restait de lui que des cendres dorées, répandues en un tas au milieu du salon qu'il ne quittait plus.

Affligé, Eddy pleure face à l'horizon ; ses larmes deviennent une mer de désolation, ses hurlements – le grondement d'un orage enragé, puis, ses mots tus ne sont que de sombres plaies qui creusent sa peau d'égratignures douloureuses. Entaillé, son derme porte les marques du manque, celui qui pèse si lourdement sur ses épaules qu'il lui arrache des cris d'agonie.

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