J'écris à l'encre sombre de ton cœur, ancré à l'ombre de mes pleurs. Je suis mort pour toi, une fois, dix fois, peut-être cent.

Sur une terre asséchée se déversent mes sanglants sanglots ; j'ai prié pour toi, une fois, dix fois, peut-être cent. Le ciel hurle ses lamentations, me crois-tu capable de t'attraper, mon autre volatile, belle âme volubile qui s'éloigne de mon corps affligé ? Sous les perles salées brille ton regard épuisé, désespérés sont mes mots joliment tracés. Au bâtonnet, je grave mes prières effacées, face à la stèle où le marbre se brise. Comme ma voix, comme mes maux, comme nos larmes souillées. J'ai admiré tes dérives, je crois t'avoir chéri lorsque, dans le silence d'une nuit infinie, s'élancaient nos rires symphoniques. À ces chœurs névralgiques qui bercent nos souvenirs diaboliques. Semblables à ces récits dramatiques dans lesquels se meurent les héros en une fin tragique, j'ai espéré une mort poétique mais tu ne m'as laissé qu'une présence fantomatique.

Sous les étoiles dansent les courbes de ton être gracile, réminiscences de nos passions aux viles tentations. J'ai délaissé l'écrin de mon chagrin, j'ai embrassé tes lèvres carmin. Mon amour alangui, dans l'oubli, je valse sur une macabre mélodie. L'au-delà ne me retient pas, où que tu sois, je serai à toi. Où que je sois, reste avec moi.

Mon beau hâbleur, j'ai égaré ta chaleur. Dans les flammes de l'enfer, je me meurs. J'ai semé ta lueur. Puis-je l'atteindre ou l'étreindre ? Pourrais-je l'avoir ou l'entrevoir, pour que mon cœur cesse de s'émouvoir ? Je l'ai tué pour toi, une fois, dix fois, peut-être cent. J'ai enterré l'affreuse vérité. Jolie dépouille, j'ai enseveli l'ignominie et mes cris d'agonie. J'ai déposé des fleurs fanées sur la tombe de mes regrets, des roses ensanglantées sur les restes de ton âme effritée.

J'écris à l'encre sombre de ton cœur, ancré à l'ombre de mes pleurs. Je suis mort pour toi, une fois, dix fois, peut-être des milliers, mais je t'ai tendrement aimé.

Je suis mort pour toi, tu m'as si lâchement assassiné.