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Il alla plus loin. Un soir, vers la fin de cette année, quand nous étions devenus des amis, de grands amis, des complices, il m’avoua son envie de dormir avec moi, comme je le faisais avec Charly, du reste de moins en moins souvent.

– Mais tu sais, il ne se passe rien entre Charly et moi. Nous nous étreignons, c’est tout.

– C’est ce que je veux ! T’avoir dans mes bras, tenir mon ami contre moi. Je ne te demande pas de me baiser !

C’est Camille qui parlait ! Qui aurait cru qu’il se comporterait un jour aussi librement ? Cette demande me fit monter au septième ciel. Je ne voulais que ça !

– Et…

– Et ?

– Euh, tu n’essaies pas de me toucher le… le bas du ventre, termine-t-il en apnée.

– Camille, je ne ferai jamais ça !

La nuit suivante, j’allais souhaiter bonne nuit à Charly, puis je me glissais avec délice le long de Camille. Ma main entra délicatement sous sa veste de pyjama, caressant, effleurant plutôt, son torse, sa peau fine et douce. Je survolais, ne voulant ni le brusquer ni l’effrayer. Il se laissait faire, passif, sans chercher, lui, à me caresser, à me découvrir. Je pris patience, le laissant continuer à progresser. Je prenais beaucoup de plaisirs à lui prodiguer ces caresses, car je sentais que petit à petit il y devenait plus sensible, y répondait par des mouvements du corps. J’étais bien à lui faire du bien.

***

J’ai donc partagé mes nuits entre Charly et Camille, avec les mêmes gestes, la même chasteté et le même plaisir. Je me suis quand même demandé si je n’étais pas un peu bizarre. Je passais mes journées avec Claire et mes autres potes. De temps en temps, j’avais des jeux délurés avec Fabrice, et le soir, je dormais avec un de mes deux doudous, juste pour la chaleur et le réconfort de ces corps aimés. J’étais vraiment tombé sur les deux dingues du lycée ! Ils m’étaient tellement essentiels, je les aimais tant !

Les choses étaient allées très vite sans que je comprenne vraiment. Mon esprit était maintenant plein de sentiments, de tension, de questions. J’allais de l’avant, enthousiasmé par ce que mes relations m’apportaient, toujours en crainte d’une rupture, d’une fâcherie, d’une incompréhension. C’était épuisant et exaltant. Tous ces amis et amies étaient devenus ma vie.

Fabrice m’apprit qu’il allait quitter le lycée à la fin de l’année. Je n’avais guère à échanger avec lui et il faisait à peine partie de la bande habituelle dans laquelle je vivais. Il m’avait proposé d’aller plus loin, d’explorer d’autres façons de faire. Cela m’avait horrifié. Je n’étais pas comme lui. Ce n’est pas parce qu’on se défoulait ensemble que j’étais homo. Mes relations avec Camille et Charly ne rentraient pas dans ce contexte. Quelques mois plus tard, il renouvela son offre. Je connaissais maintenant tellement bien son intimité que, cette fois, je fus troublé. Je refusais à nouveau. Il me sourit et me dit que j’y viendrai forcément un jour, car mes réactions me trahissaient. Il regrettait que ce ne soit pas avec lui. Je pouvais aimer les filles et les garçons, et aller au bout avec les uns et les autres. Je devais encore murir, sentir mes envies profondes. Il exprima tout ceci avec une telle gentillesse que je faillis basculer et le laisser faire. Il me poussa de l’épaule pour me décrisper. Nos rencontres s’espacèrent et nous nous dîmes à peine au revoir.

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