On fait bien cas d'un homme aérien qui, un jour, sans forcer marcha sur l'eau...

 Quel mérite avait-il dès lors que Dieu tirait les fils ?

 Mais, qui donc applaudit l'aviateur ?

 À une époque où piloter avait du sens, sans logiciel, ni esclave électronique.
 À une époque où l'oeil était l'altimètre, les muscles tendaient les manivelles et le courage alimentait en carburant, le corps fou d'un homme décidé à s'envoyer en l'air.
 Qui donc applaudit l'aviateur ?

 Son appareil de bois et de tissus fixés par la prière, prenait l'élan sur une hauteur à peine, dont il jugeait que, peut-être, elle ne le tuerait pas, si d'aventure l'invention le laissait choir.
 En quelque sorte une chute avec sortie honorable.

 Mais quand même il faut être un loustic à part pour juguler la panique et trouver du plaisir à tenter le diable.
 Sans doute celui-ci connaissait-il l'issue de tels progrès techniques : le paradis n'est plus qu'un théatre rugissant d'où bien sûr, se sont tues les trompettes célestes.
 Je n'ai pas besoin de voir Lucifer pour le savoir : je l'entends qui ricane

 Hors ça donc, avec ou sans l'aide du diable, Messire l'Aviateur, ouvrit d'envergure son engin ! (n'y voyez aucun mal) Et piano, pianissimo, demanda un peu d'aide, qu'on le pousse dans le vide. Ce n'est jamais difficile de trouver des bourreaux, inutiles de les sommer de la claque ou du stylo, il y en a plein les villes.

 Raah ça y est la rime se radine, je ne l'avais pas sonnée !

 Tandis que l'un obéit pénètra dans l'eau, constata qu'elle résistait et se déplaçait à l'épate, dites-moi donc s'il vous plaît, quel risque il prenait ? Il savait nager et la surface se rompant ne l'aurait pas tué, à peine aurait-on vu jaillir un geyser !

 L'autre, lui, s'engagea sur la foi de son égo épais comme la croûte terrestre, se prit pour un ange ( de trépas ) et sans avoir même ouï une seule voix se jetta dans le vide.

 Il n'avait jamais douté et se prenait pour le messie ; ce qu'il fût 400 mètres durant.
 Et personne n'eut à le ramasser à la petite cuillère.

 Qui donc applaudit l'aviateur !
 Pas Dieu, ni ses anges, cela est vrai !