La forêt avait toujours été un lieu apaisant et permettant à mon imagination fertile de vagabonder.

En tant qu'artiste, j'aimais m'inspirer de la nature pour dessiner des paysages féeriques.

Avançant avec précaution, mon sac à dos sur mes épaules, je commençai ma randonnée. Je connaissais plusieurs coins qui étaient agréables pour dessiner. C'était souvent des clairières bien dégagées avec quelques arbres qui faisaient de l'ombre.

Serrant les noeuds de mes chaussures de marche, je me mis en route.

Je marchai sur un sentier de terre battue. En ce début d'été, l'ombre des arbres était la bienvenue. Il était encore tôt mais le soleil tapait déjà fort.

Je crapahutai durant une bonne heure avant de m'assoir sur un rocher. Je respirai à plein poumons l'odeur fraiche et douce des pins avant de sortir mon carnet à croquis.

Je quittai à peine la végétation des yeux qu'un bruissement se fit entendre. Intriguée, je relevai la tête pour voir de quoi il en retournait. Je pensais à un renard mais je ne pus voir la bête en question. Haussant les épaules, je me mis à dessiner. Après tout, ce devait être rien.

Cependant, je continuais d'entendre des bruissements et au bout d'un moment, je décidai de me lever et de partir. Quelque chose dans ces mouvements dans les fourrés me mettait mal à l'aise. Et j'avais aussi l'impression d'être observée.

Peut-être que je me faisais des films. Mais si ce n'était pas le cas, c'était qui ? Ou plutôt... quoi ?

Je savais que des prédateurs rodaient mais en général, il n'y avait pas d'attaques envers l'homme. Surtout que je me trouvais sur un sentier que des gens empruntait fréquement et donc une forte odeur humaine y régnait.

Mal à l'aise, je décidais de faire demi-tour. J'avais l'horrible impression d'être traquée. D'ailleurs, quand je mis à marcher, j'entendis comme des craquements de branches derrière moi.

Rassemblant mon courage, je me stoppai et regardai dans la direction d'où venait les bruits. Sans rien remarquer cependant.

Peu rassurée, je me remit à marcher et peu de temps après, les bruits reprirent. Sauf que cette fois, ils étaient plus proches. Je me retournai vivement mais ne vit toujours rien.

La peur commençait à me donner des sueurs froides. J'étais effrayée de ce qui me suivait ainsi. Ça parvenait toujours à se cacher avant que mes yeux ne puisse percevoir quoique ce soit.

J'eu soudain une idée. D'accord, ce qui me traquait ne voulait pas que je vois ce que c'était. Mais j'avais peut-être une parade.

Sans cesser d'avancer d'un pas rapide, je sortis mon téléphone de ma poche et ouvrit l'application Photos. Une image de ce qui se trouvait devant moi s'afficha à l'écran. Je fis alors pivoter en mode selfie la caméra et je vis quelque chose qui glaca le sang dans mes veines. C'était un puma.

Prise de panique, je me mis à courir de toutes mes forces à travers bois. Je ne voulais pas finir dans l'estomac de cette bête. Cependant, à force de courir, j'avais finit par quitter le sentier et je m'enfonçai dans le sous-bois.

Je risquai un coup d'oeil derrière moi et le sol se déroba sous mes pieds.

Je chutai lourdement au sol et une douleur irradia ma cheville. Je poussai un cri et tentai de me relever mais mon pied se déroba sous mon poids et je me retrouvai à nouveau par terre.

Ce fut à cet instant que je la vis.

La créature ressemblait à un loup mais de la taille d'un ours et elle possédait des bois de cerf. Son pelage était roux comme celui d'un renard et ses pattes étaient celles d'un cheval. La chimère était à quelques pas de moi. Elle était en train de dévorer une carcasse de sanglier. Ses crocs et son museau étaient sanguinolants.

C'était sans aucun doute la créature la plus étrange que je n'avais jamais vu. D'ailleurs, est-ce que je ne serais pas en train d'halluciner ? Comment pareille chose puisse-t-elle exister ?

Soudain, la créature tourna la tête vers moi. Ses yeux jaunes me fixèrent un instant. Prise de panique à l'idée qu'elle souhaite prendre un dessert en plus du plat de résistance, je reculai lentement. Ou plutôt je rampai à reculons.

Sauf que je fus rapidement confrontée à un autre problème. Un problème en quatre lettres et des crocs. Puma. En effet, il m'avait suivit et était derrière moi. J'étais prise entre les deux sans échappatoire.

Avant que je ne puisse esquisser un mouvement, le cougar bondit et je fermai les yeux me préparant à devenir de la nourriture pour gros chat.

Un bruit d'os brisés et un liquide chaud aspergeant mon corps me forcèrent à rouvrir les yeux. Et je vis en premier une masse de poils roux au-dessus de moi. Un bruit mat attira mon attention et je vis alors le corps disloqué et ensanglanté du puma au sol. Je détournai rapidement la tête dégoûtée en fermant les yeux.

Je ne me souvenais pas m'être évanouie mais quand je revint à moi, je vis un plafond blanc. Un peu paniquée, je me redressai vivement ce qui surprit l'infirmière qui sursauta.

- Ah, vous êtes réveillée ! fit-elle.

Devant mon air perdu, elle me fournit quelques explications.

- Des randonneurs vous ont trouvée inconsciente sur un chemin de randonnée. Votre cheville est cassée mais rien de grave. Cependant, vous aviez du sang sur vous.

Trouvée sur un chemin de randonnée ? Je ne comprenais plus rien. Comment j'avais pus me retrouver sur un sentier alors que j'étais au milieu des bois ?

- Que s'est-il passé ? s'enquit l'infirmière. Vous avez été agressée ?

- Un puma me traquait, dis-je. Je me suis enfuie dans les bois pour le semer. Mais je ne me souviens pas de ce qui s'est passé.

Je ne pouvais pas mentionner l'étrange créature que j'avais vu. Sinon, on me prendrait pour une folle. L'infirmière n'insista pas et partit chercher le médecin de garde. Restée seule, je me mis à réfléchir. Et si cette chimère m'avait sauvée et ramenée à la civilisation ? C'était absurde car elle semblait être une prédatrice mais je ne voyais aucune autre explication. À moins que... je n'eus rêvé tout cette histoire ?