Rendez-vous mortel
Encore ce 31 octobre qui revient.
Je me lève oppressée. Je vais encore passer cette journée angoissée. Un jour, il m’a dit qu’il le ferait…
Il a dit qu’il me tuerait à cette date, car il est idéal de passer inaperçu… Un déguisement de tueur parmi des déguisements plus sombres les uns que les autres !
Il suffirait que je n’ouvre pas ma porte pour échapper à cette fatalité; que je me déguise aussi et déambule toute une partie de la journée et de la nuit pour fuir ce destin encore cette année. Peut-être…
Que faire ? Organiser une fête chez moi avec du monde… Aller chez des amis…
Ma paranoïa est plus forte que tous les autres jours de l’année sauf aussi vers la période de mardi-gras, le contexte étant semblable avec des déguisements plus joyeux comme le gentil clown « assassin ».
Les heures avancent, le tic-tac de l’horloge régule les battements de mon cœur. Ma bouche se fait de plus en plus sèche. Mes doigts se tortillent. Mes pieds s’agitent et jouent une partition de percussions que je ne connais pas. C’est presque inconscient.
Je prends une grande respiration, il est plus de vingt-trois heures déjà. Il ne viendra pas ce soir. Soudain, on frappe à la porte. J’entends des petits rires, du bruit de chahut. Des enfants, ce sont juste des enfants ! Pas de quoi angoisser. C’est même plutôt soulageant. Je me lève pour leur ouvrir, car je suis heureuse d’avoir cette visite pour calmer ma peur.
J’ouvre la porte avec mon plus beau sourire.
Mes yeux n’ont pas le temps de faire réagir mon cerveau à la vue de ce qui se trouve devant ma porte, ou… de qui se trouve devant ma porte.
La brûlure qui anime mon ventre, mon cœur est trop intense pour que je bouge. Le liquide chaud coule sous mes vêtements. Je m’écroule dans ses bras en apercevant la lame aux reflets brillants.
Il ne m’avait pas précisé dans sa mise en scène qu’il aurait un petit magnétophone imitant le bruit d’enfants. Stupidement soulagée, je me suis précipitée sur ma porte sans même regarder, sans même me méfier alors que j’avais fait cela toute la journée, chaque année depuis dix ans !
Maintenant, je n’ai plus peur, je ne sens plus rien. Je suis tombée. J’entends ses pas qui se précipitent pour s’éloigner. Mes mains ont touché le liquide chaud et mes yeux ont vu cette couleur rubis sombre sur elles. Cette fois, j’avais eu raison d’être angoissée depuis le matin, car je vais mourir ce soir d’Halloween.
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