Voilà la musique sur laquelle a été écrit ce petit texte [ Petrichor de Keaton Henson]

https://www.youtube.com/watch?v=wJYXk0lSxcg

Bonne lecture ! :)

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"Il fait humide ce matin.

La pluie est tombée plus tôt, très tôt, dans la nuit. Dans l'air flotte un parfum de terre humide et d'écume. Le début de l'hiver s'annonce et, avec lui dans son sillage, son lot de déconvenus. Accompagnée de mon énorme tasse emplie d'un café aussi noire que la nuit à laquelle je faisais fasse devant ma baie vitrée, je constate avec désarroi que je n'aurai plus, durant les mois qui suivront, l'accès à cette magnifique vue de l'océan en colère. Je ne e verrai plus se déchaîner comme un fou contre la falaise en contrebas. Le soleil a préféré troquer sa place contre la lune. La chaleur s'est volontier éclipsée contre un vent froid.

Je suis triste face à cet horizon et je suis nostalgique, déjà. Peut-être suis-je même à nouveau dépressive face à la noirceur de cette saison. Alors, je finis par me détourner de cette vue pour continuer à m'abreuver de mon café. Il est fort, sûrement trop. Il me tire une grimace. Je finis par le vider dans l'évier, et je caresse Salomé, ma chatte domestique, qui se réveille tout juste d'une grosse sieste sur le canapé. Elle s'étire de tout son long et se met à ronronner à mon contact. Souvent elle évite ma compagnie, il est d'ailleurs rare qu'elle accepte que je la touche, mais le matin elle se fait câline, douce et démonstrative. Quelque part, je me reconnaîs en elle. Attendrie par la nuit et le repos, je cède à l'attention que l'on accepte de me donner avant de prendre conscience de la faiblesse qu'une telle faille pourrait montrer. Il est souvent dit "tel chien, tel maître", néanmoins, la ressemblance entre un chat et son hôte est très souvent ignorée.

L'idée balayée par une autre, je passe dans ma salle de bain où je me dévêtie pour rapidement prendre une douche. Monotonie et ennuie se mêlent à mon quotidien rendant chacun de mes actes dénués de sens. Je me sens lasse. Sûrement un état provoqué par cette saleté de dépression saisonnière dirait mon psychologue, tout en me préscrivant une poignée de compléments alimentaires, croisée à ma dose d'anti-dépresseurs hebdomadaire. J'irai sans doute le voir dans la semaine. Bientôt, il me faudrait une nouvelle pluie de pillules miracles pour retrouver un tant soit peu la joie de vivre malgré l'hiver.

Une fois séchée et habillée, je m'attable à mon bureau. Une nouvelle journée commence. Une nouvelle journée qui s'ouvre sur l'idée que moi, cette fille à la vie aussi banale qu'insignifiante, je pourrai peut-être un jour devenir écrivaine et que, en ce jour maussade, je pourrai poser des mots sur un quotidien éteint et faible pour le rendre merveilleux et intéressant.

Malheureusement, la merde ne se transforme pas en or avec le talent. D'ailleurs, Jésus ne savait, sans doute pas, changer l'eau en vin. La magie n'existe que dans les contes de fées et, pour mon plus grand désarroi dans le vrai monde la seule forme de magie qui existe réside dans les logiciels d'auto-tunes et de photoshops sur l'ordinateur.

Aujourd'hui allait donc, encore, devenir une journée où mes gribouillis insensés ne deviendraient pas, comme par magie, intéressants."