Chapitre 14

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Arwenne émergea difficilement de son sommeil. Elle était perdue et mit plusieurs minutes à se souvenir où elle se trouvait. Encore pantelante, elle tenta de se lever, mais ses jambes la lâchèrent presque aussitôt, et la belle fée fut forcée de s’asseoir.

— Vas-y doucement ma jolie. Ton petit corps est encore ankylosé, lui expliqua Lîtillkri. Voilà une journée entière que tu dors désormais. Je commençais à m’inquiéter !

— Lî...Lî...tillkri… répondit-elle difficilement.

— Ho, ta mémoire est intacte. C’est une très bonne nouvelle. J’avais peur que le vaki et le voyage aient des conséquences désastreuses à l’intérieur de ta si petite tête ! Il faudra remédier à cette taille d’ailleurs...

Déboussolée, Arwenne ne comprenait pas de quoi le lutin parlait. Elle trouva la force pour tourner sa tête vers lui mais renonça à lui poser plus de questions. Son esprit était comme embrumé.

Lîtillkri posa un doigt sur son front pour jauger sa température.

— Tu es encore gelée… comment te sens-tu ?

— Faible. Fatiguée.

— Humm, dit-il avec un air dubitatif. J’ai du louper quelque chose. As-tu faim ?

— Non.

— Il te faut te reposer encore. Prend le temps qu’il te faut et appelle moi si tu as besoin, Arwenne. Je ne suis pas loin.

Lîtillkri lui sourit tendrement, tournoya sur lui-même et disparut aussi vite qu’il était arrivé.

Les questions se formaient dans la tête d’Arwenne, mais son faible corps l’obligeait à garder ses forces. Elle se tut donc, et resta assise, immobile, sur l’énorme coussin fait d’un tissu jaune et doux qu’elle ne reconnaissait pas.

De là où elle se trouvait, elle prit le temps de contempler ce qui s’offrait sous ses yeux.

L’intérieur de l’arbre était encore plus grand qu’elle ne l’avait imaginé. Cela était irréel.

La pièce était circulaire, remplie de beaux meubles en bois et contenait tout le confort nécessaire pour y vivre aisément. Le murs étaient parsemés de lierres, de mousses et de champignons de toutes tailles, identiques à celui que Lîtillkri avait sur la tête. Ils illuminaient cet endroit aussi beau que magique, et lui donnaient une ambiance mystique grâce à leurs lueurs bleutées.

Une grande étagère remplit de bocaux aux contenus étranges attirèrent l’attention d’Arwenne. Si elle en avait eu la force, elle se serait levée pour les regarder de plus près, mais elle ne pouvait pas encore se le permettre.

Une odeur de jasmin et de rose embaumait l’arbre, et il y faisait bien chaud. Arwenne constata alors qu’une énorme cheminée faite d’améthystes avait été allumée. Des flammes y dansaient sous un chaudron rutilant en or d’où une fumée verte se dégageait. Ce spectacle l’hypnotisa pendant quelques instant.

Maintenant qu'il se trouvait tout près d'elle, Arwenne fut subjuguée par la splendeur du gigantesque escalier en colimaçon. Visiblement sculpté à même le tronc, il était l’épicentre de l’espace de vie. Sa rampe était quant à elle de cristal, et sur chacune des marches se trouvaient des bougies de diverses couleur d'où aucune cire ne s'écoulait, comme si elles ne pouvaient se consumer.

La fée leva lentement la tête et constata que deux étages avait été construit. Le dernier semblait mené à la cime de l’arbre. Ce qu’elle vit lui coupa le souffle. Des centaines de pierres précieuses fluorescentes flottaient comme par magie tout en haut. Cela ressemblait à un ciel étoilé, et de sa fine ouïe, elle entendait une mélodie s’y jouer.

— Terre-Mère… Mais où suis-je… chuchota-t-elle dans un souffle.

Tant de beauté et de mystères la réveillait peu à peu de sa torpeur. Quoiqu’encore faible, elle commençait à se sentir plus apaisée et une douce énergie rassurante semblait l’envelopper afin de lui redonner de la force. Elle connaissait ce sentiment… c’était le même que celui que lui apportait la présence de Luna.

Arwenne rabaissa sa tête et ferma les yeux.

— Maman… Comme j’aimerai t’avoir auprès de moi à cet instant. Toi qui prenais si bien soin de moi, dit-elle tout bas. Et comme j’aimerai que tu puisses, toi aussi, admirer tout cela. Ô ma mère, tes yeux brilleraient de mille feu d’admiration et de curiosité, et tes petites plumes frétilleraient d’impatience à l’idée d’en découvrir encore plus.

Un petit sourire triste se dessina sur le doux visage de la fée, et son cœur fit un bond lorsque l’image de celle qui l’avait tant aimé se dessina devant ses yeux.

Luna lui manquait. Jamais la fée n’avait été malade. En cet instant, faible, elle se sentait comme une enfant abandonnée, perdue, et pleura en silence, encore une fois.

— Mon cœur pourquoi pleures-tu ? entendit-elle dire tout doucement Lîtillkri.

Elle rouvrit alors les yeux, sécha ses larmes et se recroquevilla, les bras enserrant ses minuscules jambes.

— Je n’ai jamais été malade, loin de ma mère, et cela me fait peur, avoua-t-elle dans un sanglot.

— Oh ! Mais tu n’es pas malade rassures toi, tenta-t-il de la réconforter. Tu es juste affaiblie parce que nous voyageons vers Menjôrd, c’est normal, ne t’en fais pas, ceci passera j’en suis certain.

— Menjôrd ? lui demanda-t-elle étonnée. Mon monde se limite à Silah. Lîtillkri, où m’emmènes-tu ?

Le lutin se tut et se dandina, mal à l’aise.

— Arwenne, je t’ai dis que je répondrais à toutes tes questions une fois dans l’arbre et nous y sommes, juste... penses-tu que ce soit le bon moment ?

— Je suis encore un peu embrouillée, mais je veux en savoir plus, oui.

— D'accord... bon... premièrement, il nous faut de l’hydromel ! Ça, ça va te réchauffer, soit en certaine !

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