Première manche

Une minute de lecture

Au signal, l'américain se rua en rugissant sur la vieille dame. À deux pas de distance, il lança son arme dans un mouvement horizontal de droite à gauche. La monarque esquiva en faisant un bond en arrière, très gracieux.

— Si vous êtes toujours aussi pressé, Donald, je plains votre épouse, se moqua-t-elle.

Braillant de plus belle sous l'outrage, le président ramena son épée. Elle esquiva dans un nouveau saut délicat, surprenant pour son âge. Il posa sa seconde main sur le pommeau et leva les bras au ciel, prêt à abattre son arme dans un mouvement vertical. Voyant la faille, la reine se fendit vivement, pointe en avant. Voyant le danger arriver, le président recula, trébucha et chuta lourdement à terre, lâchant même son épée. La monarque se redressa, prenant une pose nonchalante et demanda doucement :

— Monsieur Flemming, pouvez-vous lui rendre son arme, s'il vous plait ?

L'arbitre se déplaça rapidement, ramassa la lame et la tendit au duelliste qui se relevait. En le voyant ainsi, le duc d'Édimbourg se rappela soudain qui était ce Flemming qui avait été anobli : c'était un champion d'escrime. Il avait réussi à gagner une médaille olympique de bronze. Il commençait à comprendre pourquoi il l'avait si souvent croisé ces derniers jours. La voix de son épouse interrompit ses réflexions :

— Je suis désolée pour votre cravate, Monsieur Trump.

À terre, gisait en effet, un morceau de tissu rouge, tranché net par l'offensive de la souveraine. Voyant cela, son adversaire regarda le reste de l'amputé et rougit. Il n'avait rien senti. Le tranchant des lames était maintenant prouvé.

Trump arracha l'arme des mains du juge. Beau joueur, ce dernier s'inclina respectueusement, recula de quelques pas, écarta les bras demanda à sa gauche :

— Le combat est prêt à reprendre, êtes-vous prête Madame ?

— J'étais déjà prête lorsque je conduisais des ambulances durant la seconde guerre mondiale.

— Le combat est prêt à reprendre, êtes-vous prêt Monsieur ?

— Fuck yeah !

Alors, Flemming ramena ses mains au centre en disant :

— Allez !

Cette fois-ci, l'américain ne bougea pas d'un pouce. La reine s'élança alors.

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