Je vois les portes s’ouvrir. La lumière m’agresse les yeux mais j’y suis habituée et je me remets vite.

Je peux encore me rappeler la première fois que la porte s’est ouverte. Je me rappelle ce que j’ai ressenti. Je me rappelle tout d'abord que j’étais confuse. Je ne savais pas où j’étais. Je m'ettais réveillé dans un monde inconnu. J’étais prisonnière.

Aujourd’hui encore je suis prisonnière mais aujourd’hui, ici et maintenant je peux redevenir libre ! Oui, aujourd’hui, si je gagne le combat alors je pourrais peut-être…

Quelqu’un me pousse brutalement et me fait revenir sur terre. Si je veux être libre je dois gagner et si je dois gagner alors je dois me concentrer. Il le faut. Je ne dois pas perdre. A aucun prix ! Sinon, c’est ma vie qui en sera le prix.

Je m’avance dans l’arène. Le soleil est haut, il doit être midi tout au plus. Je jette un regard vers le balcon qui surplombe l’arène. Il est là, comme tous les jours où les combats ont eu lieu. Son visage n’a pas d’expression. Mais je sais que, celle qui gagnera pourra lui parler, au moins une fois.

J’espère que je gagnerai. J’aimerais lui dire qu’il est horrible, que c’est un monstre mais bien sûr tout dépendra de ma performance.

Cette fois nous ne sommes que deux. Les autres sont mortes. Tuées par des pièges ou par les autres. Moi aussi j’en ai tué… Deux pour être précise. Leur visage hante mes cauchemars. Elles me font crier. J’entends leur hurlement de peur et de douleur. Je vois leur regard me supplier. Chaque nuit, sans relâche leurs visages viennent, comme si elles voulaient me faire payer leur mort.

Je déglutis, aujourd’hui soit le visage de Naura s’ajoutera à la liste soit je serai délivrée de ces cauchemars. Mais si j’en suis délivrée cela voudra dire que j’aurai perdu, je ne serai jamais libre et j’aurai perdus la vie…

Non, cela n’arrivera pas ! Je ne veux pas mourir. Pas comme ça. Pas comme une bête de foire enfermé dans une arène. Non, aujourd’hui je gagnerai, quoi qu’il m’en coute. Il faut que je gagne ! Pour pouvoir retrouver ma famille, mon frère, mon père, ma grand-mère…

Papi, de là-haut j’espère que tu es fier de moi. J’espère que tu es fier de ta petite fille. Oui, me résolus-je, aujourd’hui je prends en main mon destin. Je vais lutter. Je ne tomberai pas. Je ne faiblirai pas. Quoi qu’il m’en coute je ne mourrai pas.

Je relève la tête et me tourne vers le balcon ou l’homme me jette un regard. Il n’y a aucune expression dedans, comme si ses yeux étaient vides.

Je lève mon poing vers le haut, comme pour le défier. Je lui lance un regard de défi. De haine. Et j’y ajoute aussi une promesse silencieuse, quoi qu’il m’en coute je me vengerai.

Je ne serai plus jamais une esclave ! Plus jamais !