Bal et masques
Les voici de retour, tous ces joyeux fêtards,
Ces énergumènes qui font rougir le bitume,
Leurs pieds foulant la fumée des pétards,
Leur sueur imbibant les aisselles du costume …
Aujourd’hui, chacun peut bien se voiler la face,
Afficher ce sourire éclatant qui n’est pas le sien,
Tracas, bévues, pingreries, tout s’efface,
On cache sa figure mais on montre ses seins !...
Aujourd’hui, mettons un masque sur le masque,
Allons, se trémoussant, nous remuer le popotin…
Qu’importe les bourrelets et la peau flasque,
Monsieur Carnaval, nos complexes, a éteint !…
Il n’est de retenue pour faire ses pitreries,
Dans la peau d’un manant, d’une fée ou d’un coquin,
L’important c’est qu’à l’entour, très fort, l’on rit,
Que vous soyez Belphégor, Zorro ou Arlequin !...
Le moment est venu de dépasser la mesure,
Pouvez vous agiter, chatouiller, tripoter vos voisins !
Qu’importe le stupre et, ces relents de fressure,
Tout, ce que dites et faites, a le goût fort du raisin.
Piétinez, dansez, tapotez, claquez bien en cadence
Samba, mambo, cha-cha-cha au tempo récurent,
Vous transportent jusqu’aux fébriles transes,
Vous font oublier votre nom et votre rang …
Bacchanales, salsas, charivari des rues,
Tout passe par le corps saturé de breuvages…
Le tintamarre, les trémoussées ont mis en rut
La foule hystérique des peuples redevenus sauvages …
Il grouille, il gronde le bouillant Carnaval,
Nous désinhibe et lève tous les tabous…
Seules, nos pulsions dans la ruée, cavalent,
Ne craignons plus, nous vautrer dans la boue ! …
Liesses, cris, clameurs et chants paillards,
Musiques claironnantes, à l’envol des faubourgs,
Voyez le bon peuple, transformé en pillard,
A mis au ban, les convenances des bons jours…
Elle serpente, la monstrueuse sarabande,
Une pluie de confettis efface les boulevards,
Dans le fracas des caisses et des jazz-bandes,
Impossible de savoir qui est le plus bavard …
Et dans la nuit épaisse, chauffée à blanc
S’engouffre cette débauche des cavalcades …
Comme des chevaux morts, roulant sur le flanc,
Des corps avinés tombent de leurs estrades …
Dans le hoquet du jour qui frissonne au matin,
Quelques groupes égarés des danseurs de la veille,
Dont le rimmel balafre la blancheur du teint,
Se risquent encore à conjurer le sommeil …
…Persuadés que ce jour, n’est pas un lendemain
Farfafête
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