Amar
Inès, même si elle ne correspond pas aux standards de beauté, elle dégage un charme et un charisme fou. Elle est ce genre de personnes dont les défauts sont à croquer et auxquels les mecs peuvent étrangement et facilement succomber.
C'est aussi une fille bien éduquée avec des valeurs à la fois traditionnelles et progressistes.
Inès est très attachée à sa culture d'origine ainsi qu'à son esprit critique, qui font d'elle une femme que les hommes de sa culture peuvent aussi bien apprécier que redouter, voire même fuir tant elle a le courage de briser les codes et dire tout haut ce qu'ils ne veulent pas entendre.
Au Maroc, elle avait fait une virée de quelques jours, seule, au coeur de la ville bleue de Chefchaouen.
Plutôt que d'héberger dans un hôtel, elle préfèra se rendre dans un gîte traditionnel.
Quand elle voyageait, Inès, aimait vivre au plus près des habitants, quitte à adopter leurs codes, et à s'imprégner de la culture de chaque région.
Elle avait donc choisi ce gîte située sur les hauteurs de la ville et tenu par un certain Amar.
Amar qui en était l'hôte, vint l'accueillir sur la place, pour l'accompagner jusqu'à son appartement.
De loin, elle l'aperçut assez vite. Lui, l'avait déjà repéré bien avant, car elle était la seule personne, paraissant un peu déboussolée, qui cherchait non seulement son chemin mais aussi ce fameux Amar qu'elle avait eu au téléphone la veille, quand elle appela pour réserver une chambre. Bien qu'il répondit en français au téléphone, il avait un accent si prononcé, qu'elle le faisait répéter plusieurs fois les mêmes phrases. Le pauvre, il devait être gêné, se disait-elle. Il avait l'air d'être quelqu'un de plutôt agréable, loin de l'arrogance de son ex. Cette impression de gentillesse qui émanait de lui au téléphone était donc bel et bien réelle.
Allant le rejoindre avec son sac à dos sur le dos, Inès le regarda avec un sourire empreint de ravissement qu'il lui rendit aussitôt, comme s'il était heureux de faire sa rencontre.
Il insista pour lui porter son sac. Elle refusa une fois, et finit par céder car d'une part, elle n'en pouvait plus de cette lourde charge qui lui ratatinait les épaules ; et d'autre part, elle ne voulait pas aller à l'encontre de cette propension de gentillesse qu'ont les marocains envers leurs convives. Puis au demeurant, elle voyait bien que ça lui faisait plaisir d'aider, comme si le fait de rendre service était inscrit dans l'ADN marocain.
Sur cette route sinueuse et vallonnée qu'ils empruntaient tous les deux, ils parvenaient difficilement à se frayer un chemin parmi la foule de spectateurs présents qui assistaient à un concert de rue. Amar faisait en sorte qu'elle reste à ses côtés, allant même jusqu'à lui effleurer le bras, sans le retenir complètement, à un moment où il était fort probable qu'ils se perdent de vue.
La ville était tellement petite qu'Inès ne s'inquiétait pas trop, mais elle apprécia les gestes de bienveillance qu'il avait envers elle. Il avait ce côté protecteur dont elle n'avait pas vraiment besoin, mais comme il le faisait sincèrement, elle ne lui en tint pas rigueur et se laissa guider.
Inès qui était une fille foncièrement sympathique appréciait les gens qui partageait les mêmes valeurs humaines qu'elle.
Avec Amar, elle trouva que sa gentillesse envers elle était empli de bienveillance et de maladresse, ce qui avait forcément l'avantage de la charmer un chouia.
Elle ne s'était donc pas trompée en se rendant dans un pays réputé pour sa convivialité même si à l'évidence d'autres inconvénients s'y présentaient également.
Elle leva les yeux au ciel, les tourna dans tous les sens pour contempler le beau paysage qui l'entourait, et en même temps, elle s'arrêtait par moment dans les yeux de Amar, pour apprécier ses marques de gentillesse et discuter avec lui.
Il lui expliqua qu'elle n'avait rien à craindre dans cette ville, même en étant seule, et que si elle le souhaitait, il pouvait lui faire découvrir la ville.
Elle lui dit que c'était bien gentil de sa part sans répondre ni par l'affirmative ni par la négative.
Elle se demandait si par cette proposition, il voulait tenter une approche, ou s'il avait l'habitude de le faire avec tous les touristes...
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