Arrêter
Je ne veux rien perdre de ta personne, ne rien oublier. Pourtant le temps me rattrape et je sens mon esprit qui divague. Mon souffle est court, la brise effleure mes cheveux. Une brume étrangement douce m'empêche de voir ou je vais. Serait-ce ça l'avenir ?
Je ne veux plus avancer, de peur que ma mémoire ne s'altère. Plus j'avance et plus mes pas se font confus, lourd, lourd de sens certainement. Prise d'angoisse, je suffoque.
Je ne veux plus rien apprendre, ne rien retenir. Je veux lâcher prise et m'envoler dans les airs comme j'aurais du le faire il y a de ça quelques temps déjà. J'imagine mes mains au vent, ce même vent frôler mes joues légèrement rosé par la fraîcheur du temps.
Je ne veux plus voir, ni entendre. Envahit par le doute d'en oublier ces derniers mots, ces derniers gestes. Alors je ferme les yeux, retrouvant tout les sens que j'avais à ce moment. Ta posture, ton odeur, ta voix, tes paroles. Je ne pourrais oublier ces paroles. Ou ne voudrais.
Je ne veux plus rien comprendre. Je souhaite éteindre cette douce étincelle de mes yeux, étincelle de joie ? De nouveau ce doute, cette angoisse. Ne plus réfléchir libérerait mon âme si empressée de s'évader.
Je ne veux plus respirer, ne plus te sentir. Ton odeur envoûtante, presque méprisante, me rend euphorique, à la limite du masochisme. Etrange complésance, si s'en est une.
Alors mon esprit se remet à divaguer, comme lorsque je me battais pour faire perdurer ta mémoire, seulement aujourd'hui je ne souhaite plus faire perdurer ton esprit ailleurs que dans mon seul esprit, mon seul corps, de part mes souvenirs. Cette peur, aussi térrifiante qu'elle puisse être, d'oublier ta personne me fait m'oublier moi même, me fait absoudre à quel point je désirais transmettre ta mémoire. Ce désir de vivre pour toi s'est, avec le temps, tranformé en désir de te rejoindre à tout prix.
Annotations
Versions