Un jour, ton prince mourra

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Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.Elle nous avait quitté depuis huit ans déjà. Au début, elle s'inquiétait encore un peu de notre cas. Elle nous faisait parvenir des lettres par le biais des petits animaux qui l'avaient suivie. Des oiseaux pour la plupart. Quelques écureuils aussi. Et un couple de lièvres. Mais seuls les oiseaux nous revenaient avec ses lettres, étant plus rapides et moins à risques d'être attaqué en chemin je suppose.

Tes cheveux d'ébène restés autour de mon coeur,

M'emprisonnent et m'emplissent de froideur...

Prof, qui nous lisait ses lettres à voix haute, les rangeaient ensuite dans un meuble, où elles sont encore à ce jour. Elles sont soigneusement alignées, chronologiquement, jusqu'à la toute dernière que nous ayons reçue il y a environ un an et demi. Nous voulions croire que son silence est de bon augure, qu'elle est simplement de plus en plus occupée dans son château avec son prince qui lui aura sûrement fait toute une marmaille.

Son prince. Ce bâtard de prince. Un seul baiser et il a eu le droit de l'emporter, comme ça, après tout ce que nous avons fait pour elle ! Bien sûr, dans les lettres que Prof rédigeait en retour, il n'osait jamais faire mention du fort sentiment de jalousie qu'elle avait fait naître. Du moins nous le faisait-il croire...

Il m'est arrivé quelques fois d'aller dans le tiroir du meuble, la nuit, et d'en sortir une lettre au hasard. Je faisais bien attention de placer un repère pour la remettre à sa place à chaque fois, Prof étant resté accroc à l'ordre qu'elle a instauré quand elle vivait avec nous. Je n'ai jamais vraiment porté attention aux mots, juste à son écriture. Légère, tout comme elle. De fines lettres noires glissant sur le morceau de parchemin d'un blanc pur...

Doux filaments d'encre autour de ton visage

Séchant sur mon âme, figeant leur ravage...

J'en ai marre de son silence. J'ai mal de ne plus la voir. De ne plus pouvoir sentir sa main effleurer mes joues. De ne plus entendre sa petite voix chantonner avec les oiseaux, qui l'ont presque tous suivi. Nous en souffrons tous, bien sûr, à divers degrés. Cela se ressent dans notre travail à la mine, dans nos habitudes, dans nos caractères qui n'étaient pas aussi ancré que nous l'avions cru.

Nous l'aimions. Jamais nous n'en parlions ouvertement, mais nous aurions voulu que son coeur nous choisisse plutôt que lui. Nous rêvassions, chacun de notre côté, à tout ce que nous aurions pu accomplir avec elle. Pour elle. Nous avons même rêvé qu'elle nous reviendrait un de ces jours. Et elle aurait été nôtre à nouveau... Je m'aperçus rapidement qu'un problème de taille se serait présenté alors.

La jalousie nous rongeaient. Très lentement. Et cela empirait chaque jour. Jusqu'au point de non-retour. Jusqu'à ce jour où, à force de retourner tout ça dans ma tête, j'en suis venu à une évidence. Outre le prince, six d'entre-nous étaient de trop. Outre ce bâtard, les autres hommes de trop pouvaient facilement disparaître.

La blanche froideur recule peu à peu,

Laissant lentement place à une rage noire

Influencée par ce que je veux avoir.

Tes lèvres rouges prononçant les voeux.

Je ne leur aurait fait aucun mal. Pas au début. Mais un malheur s'est abattu sur notre chaumière. Un accident tout bête, pendant une soirée d'automne. Un verre est tombé et s'est cassé à l'étage. Atchoum a voulu bien faire et ramasser les débris mais, bien sûr, il a eu besoin d'éternuer et a approché ses mains couvertes de morceaux de verre de sa figure. Un large morceau parti d'entre ses doigts et alla se ficher dans la gorge de Grincheux qui passait, tranchant une veine jugulaire. Le pauvre Atchoum ne vit rien de tout ça, ayant reçu plein de petits morceaux partout sur son visage et un peu même au fond de la gorge en inspirant avant son deuxième éternuement. Le choc du verre le fit s'étouffer et reculer, jusqu'à trébucher et débouler l'escalier. Comble du malheur, le balai y traînait, et Atchoum a été comme empalé par le manche à balai qui s'est enfoncé dans son gosier, pendant que Grincheux se vidait de son sang à l'étage.

L'atmosphère était des plus tendues lorsque cette soirée s'est terminée. Personne n'arriva à dormir pendant la nuit qui a suivi. J'ignore ce qui était dans la tête des autres, mais de mon côté de sombres pensées faisaient surface. J'avais été fasciné de voir tout le sang s'échapper du cou de Grincheux, abondamment d'abord, puis par à-coup, le flot se tarissant régulièrement jusqu'à n'être guère plus qu'une pulsation. Plus que quatre d'entre-nous de trop. J'ai souris à cette pensée. Et je me mit à réfléchir sur une façon de régler le reste du problème.

Je commençait par l'option la plus simple. Dormeur. Suite à cette soirée d'automne, son sommeil était perturbé. Beaucoup plus qu'on ne l'aurait cru, même. Il ne m'a suffit que de le garder éveillé le plus longtemps possible sur quelques jours. J'y avais même sacrifié quelques heures de mon propre sommeil. Mes "compagnons" n'y voyaient que du feu, croyant à mes jérémiades sans mots pour m'exprimer, ou plutôt ne rien dire, alors que je ne le lâchait pas d'une semelle. Puis, lorsque je l'ai jugé mûr, j'ai placé sa pioche en travers d'une tablette au dessus de son lit. Avec la fatigue accumulée, ses ronflements firent vite le reste du boulot. Les vrbrations firent bouger la pioche qui lui tomba dessus. On le retrouva l'outil planté droit au coeur au matin.

Plus que trois morts à accorder

Avant de venir à ta rencontre

Pour que la glace qui m'a figé

Commence enfin sa lente fonte

Les autres avaient maintenant peur. Prof tenta bien de raisonner, comme d'habitude, mais l'idée avait fait son chemin. Pour ceux qui restaient, une malédiction s'était emparée de la maisonnette. Le flot de leurs mots incessants me dispensa d'être responsable de la mort suivante lorsqu'il fut suggéré que c'était l'esprit tourmenté de la belle-mère qui avait décidé de s'acharner sur notre sort. Sur le coup, Prof balaya l'idée de la main, les fantômes ça n'existe pas voyons ! Mais le germe s'était planté dans la tête de Simplet, qui avait finalement une assez bonne mémoire pour ce qui est des histoires qu'on lui racontait.

La nuit venue, il descendit sans qu'on ne l'entende, malgré sa maladresse légendaire. J'ai toujours eu le doute qu'il soit descendu très lentement, assis sur son postérieur. Peu importe. Il alla droit vers le grand miroir, vieux et terne, le seul que l'on aie jamais eu, et trouva une façon de l'apporter avec lui à l'extérieur, assez loin dans la clairière, là où même les animaux n'aimaient pas se trouver, faute de place. Il avait appuyé le miroir sur un des arbres et avait frappé dedans pour le mettre en pièces. Des morceaux se fichèrent dans sa peau, aux poignets. Il a dû paniquer quand il a vu le sang, et sa maladresse s'était chargée de lui faire entailler lui-même ses veines. On ne l'a trouvé que plus tard, en chemin vers la mine, alors qu'il semblait d'être écroulé en voulant revenir chercher de l'aide.

Encore deux à tasser avant mon départ

Avant d'affronter enfin ce connard

Qui t'as arrachée à nous, à moi

Ta place est ici, dans ces bois !

Je dû être inventif pour Prof. Il est toujours trop prudent, jamais on aurait cru à un accident. Alors je me suis résigné. J'ai surmonté ce trait de ma personnalité qui m'a valu mon ancien nom. Et je les ai affronté de face, lui et l'autre qui restait. J'ai dû me préparer pendant des jours pour celle-là, travaillant sans relâche dès que j'avais un moment, caché là où Simplet s'était ouvert les poignets, là où je cachais aussi d'autres trucs... J'y ai mis des jours, mais avec de jeunes branches minces et bien vertes et quelques bons produits, j'ai réussi à fabriquer un fouet efficace et flexible, avec plusieurs tiges. Il n'aura jamais été si près de la nature...

Prof avait un côté un peu sombre aussi, qui faisait tout de même partie de la raison qui lui valait son nom. Personne d'autre que nous ne savait, pas même la belle et innocente Blanche-Neige. Prof avait quelque peu refoulé cet aspect de lui-même du temps où elle vivait avec nous mais, avant et après elle, il nous châtiait. Des coups de règles sur les doigts lors d'une erreur d'apprentissage. Des coulisses de différents produits dans le dos, relié à la tâche pour laquelle nous nous étions encore trompé. Je voulais être imaginatif envers lui autant pour lui rendre honneur que pour me venger, d'où le fouet de branches.

Une nuit, j'arrivai à me faufiler jusqu'à ses draps, un chiffon humide d'un mélange spécial de produits que nous avions, et l'appliquai lentement sur son visage, sans l'étouffer. Je voulais m'assurer qu'il resterait endormi pendant que je le liais solidement au lit par les poignets avec des morceaux de câblages que nous nous servions dans la mine. Je me faufilai ensuite dehors, dans ma planque, en quête de mon fouet artisanal et de l'arme que j'avais gardée cachée pour me débarrasser du prince le moment venu.

Le jour où il a réveillé la douce Blanche-Neige, il avait laissé tomber son fleuret au sol. Il avait roulé jusqu'à un buisson un peu plus bas sur la côte. De l'endroit où j'étais, je voyais parfaitement où l'arme s'était réfugiée. Il la chercha, mais il semble que j'étais le seul qui savait, personne n'avait pu répondre lorsqu'il demanda. Surtout pas moi. À cette époque, le simple fait de savoir ses yeux braqués sur moi suffisait à me figer. Le prince décréta donc l'épée bel et bien perdue, et dit qu'il en récupérerait une nouvelle, plus belle encore, au château. Ce n'est que plus tard, bien plus tard, que je revins à cet endroit. Pour me souvenir que je leur avais dit. Je revenais chercher la lame rouillée. Je me la gardai pour tuer son ancien propriétaire...

Je ne pu fermer l'œil du reste de la nuit, trop excité par ma tâche. Je restai donc en bas et fis du café. Le jour n'allait plus tarder à se lever de toute façon...

Bientôt ma belle, mes doigts commenceront

À glisser sur la blancheur de ta peau.

De tes hanches, mes mains s'empareront

Après avoir mis l'autre au tombeau.

J'entendis Prof commencer à se débattre à l'étage. Légèrement d'abord, puis avec fureur. Je l'entendis ensuite commencer à appeler à l'aide. L'autre descendit. J'attendais, un grand couteau à la main, caché derrière mon corps.

- Prof est attaché à son lit !

- Je sais.

- ... Quoi ? Comment ça ?

Je le plaquai rapidement au mur, ma main sur sa bouche.

- C'était moi.

Puis je plantai le couteau en angle sous la cage thoracique, espérant atteindre le coeur. Ses yeux, d'abord agrandit par la surprise, passèrent par l'effroi avant de lentement se figer dans la mort. Je m'assurai d'avoir mon fouet en main avant de monter, laissant l'épée sur la table. Elle aurait été trop encombrante là-haut.

- Joyeux ?

- Il vient de mourir. T'es le dernier, Prof.

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