Ils ne savaient rien de ce qui se passait entre nous.

Rien de ces regards volés dans les couloirs d’un hôpital sans fin, de ces silences habités comme des aveux trop lourds à porter. Nous étions deux lignes parallèles, avançant sans nous toucher, sans jamais avoir le droit de se croiser.

Il m’appelait parfois au milieu de la nuit. Juste pour entendre ma voix. Je ne répondais pas toujours. Il y avait ce poids, là, sur ma poitrine cette peur d’un lendemain qui condamnerait ce que nous n’avions même pas commencé.

Je portais nos instants comme un projet interdit, tatoué sur ma peau, juste là, sous les vêtements qu’il n’a jamais vraiment ôtés. Lui, il rêvait d’un ailleurs, moi d’un espoir qui ne détruirait pas tout sur son passage.

Mais l’amour, parfois, c’est un pays qui ne figure sur aucune carte. Un lieu hors-la-loi, où les cœurs parlent une langue qu’on nous a appris à taire.

Je pensais que le destin finirait par choisir pour nous. Qu’à force de se taire, les sentiments s’évaporent. Mais non. Ils fermentent. Ils brûlent. Ils cognent.

Je l’ai revu ce matin. Il n’a rien dit. Moi non plus.

Et pourtant, chaque battement de mon cœur criait ce que ma bouche refusait : Je t’aime, mais j’ai peur.

Et peut-être que l’avenir ne nous appartient pas. Mais ce que j’ai vécu dans ses bras, personne ne me l’enlèvera.

Même dans le silence.

Même dans l’interdit.

Même si je ne le dirai jamais.

Note de l’auteur :

Ce texte est une confession murmurée dans l’ombre. Une prière pour tous ceux qui aiment à voix basse, ceux que l’on ne voit pas, ceux que l’on juge trop vite. J’ai voulu écrire avec la peau, avec le souffle, avec cette brûlure douce de l’amour qu’on cache pour survivre. Si vous vous reconnaissez dans ces mots, sachez que vous n’êtes pas seuls. L’invisible aussi a le droit d’exister.