2.
— On a quoi ?
— Homme de quarante-trois ans, un mètre soixante-dix-huit pour soixante-treize kilos, je dirais. Il a été trouvé baignant dans une fontaine à l'intérieur de la grotte.
Le capitaine Dumont releva les yeux du cadavre allongé sur une civière et regarda la grotte. Ainsi, tout était vrai. Il avait été appelé par le commissaire deux heures auparavant qui lui avait demandé de se rendre dans ce lieu isolé de tout parce qu'on venait de trouver un cadavre. Enfin, on supposait en trouver un. Une femme s'était rendu au commissariat plus tôt dans la matinée pour signaler la disparition de son mari. Selon elle, il était parti chercher « une source d'eau magique ». Elle avait donné aux enquêteurs une vieille carte jaunie par le temps en les suppliant de se rendre ici pour vérifier si son mari n'y était pas. Le capitaine avait trouvé cela vraiment étrange. Mais le cadavre qu'il avait devant lui prouvait que c'était bel et bien la vérité.
— Meurtre ?
La médecin légiste secoua la tête, perplexe.
— Suicide. Enfin, c'est ce que les premières constations me laissent penser. Aucune trace de lutte. Tout ce que je peux dire, c'est que ce gars-là est mort empoisonné. Regardez au niveau de ses lèvres.
Le capitaine se pencha pour mieux voir. Une mousse blanchâtre sortait aux commissures de celles-ci.
— Il a aussi les yeux révulsés, indiqua-t-elle en relevant ses paupières fermées.
— Je vois.
Il releva la tête et aperçut des hommes en combinaison hermétique et qui portaient des masques à gaz sortir de la grotte.
— Pourquoi tout ça ? demanda-t-il en faisant un geste de la main dans leur direction.
La femme tourna la tête avant de reporter son attention sur le capitaine.
— C'est le problème capitaine, vous ne pourrez pas accéder tout de suite à la scène de crime – si crime il y a – à moins de vous munir d'une combinaison identique.
Le capitaine Dumont fronça les sourcils.
— Plus tôt, je vous ai dit qu'il avait été empoisonné. Eh bien, le poison proviendrait de l'air de la grotte.
Un homme en tenue scientifique s'approcha d'eux et tendit un compte-rendu à la femme.
— C'est bien ça. D'après les premiers résultats des prélèvements faits sur place, le poison ne se diffuse que dans l'atmosphère particulière de la grotte. Il cesse d'agir lorsqu'il en sort, et ce, même si on l'a respiré quelques minutes auparavant.
— On connaît l'origine du poison ?
La médecin hocha la tête.
— Selon eux, il viendrait de...
Elle regarda le capitaine.
— Eh bien dites-moi ! s'exclama le capitaine.
— ...De gros champignons bleus luminescents, termina-t-elle.
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