Petit biscuit chinois.. encore ou plus jamais ?
Réveillée par les rayons du soleil qui brûlaient mon corps, pour cause, je n'avais pas fermé les volets en rentrant chez moi la nuit dernière, bien trop pressée de conclure ma soirée avec une partie de jambes en l'air avec ce jeune homme appelé Henry.
Je grognai de frustration, m'étirai comme un chat puis me dirigeai lourdement vers la fenêtre pour fermer les rideaux, histoire que mon compagnon sexuel puisse encore se reposer.
Seulement, quelque chose me gêna subitement au niveau de l'entre-jambe, comme si je me faisais attaquer par un objet tout mou. Je baissai mon regard et ne pus retenir un couinement d'incompréhension. Ma poitrine féminine avait disparu et laissait place à un torse musclé, parsemé de quelques poils noir. Après vérification que je ne rêvais pas, je touchai du bout du doigt cette chose qui s'était implantée pendant la nuit à la place de mon attribut reproducteur, il bougea de droite à gauche. Donc j'ai un pénis, mou, et dépourvu de prépuce. Ok, reste calme, tout va bien.
— Bordel ! Mais pourquoi j'ai un pénis ? ! Et pourquoi il ressemble à celui de Henry ?
Fronçant les sourcils, je mis quelques secondes à essayer de comprendre ce qu'il se passait. Puis, le plus lentement possible, je me retournai et fus choquée de voir mon corps de femme étalé et nu sur le lit.
Étais-je devenue folle ? Avais-je pris de la drogue et mon esprit s'était par la suite embrumé ? Était-ce un affreux rêve ? Ou étais-je finalement bien Henry ?
Je courus jusqu'à la salle de bain et crus m'évanouir en voyant bien le physique de Henry à travers le miroir.
— AH BON SANG !
Je criai en espérant réveiller Henry, ou qui que ce soit qui était sur mon lit.
Rapidement rejointe par mon apparence féminine.
— Pourquoi tu .. QUE DIABLE SE PASSE-T-IL ?
Respirant lourdement, la personne ayant mon apparence semblait tout autant troublée que moi.
— Pourquoi tu es dans mon corps Gina ? Et pourquoi je suis dans le tien ?
— Je me pose les mêmes questions, Henry ! Je ne comprends rien !
Henry se fit silencieux une minute puis cria comme si un éclair de réponse lui avait frappé la tête.
— Les biscuits chinois !
— Hein ?
— Rappelle-toi ! Les papiers dans les biscuits chinois dans le restaurant hier, avaient une phrase chacune. La mienne disait "Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d'ennuis te seront épargnés." Et la tienne "Se regarder scrupuleusement soi-même, ne regarder que discrètement les autres." Je suis persuadé que ce n'est pas une coïncidence.
Je réfléchis et désespérée, je décidai de lui laisser une chance. Après tout, nos esprits ne pouvaient pas avoir été inversés dans nos corps sans raison.
— Attends, mais c'est complètement dingue Henry ! Comment on va faire pour retrouver le bon corps ?
— Je ne vois pas d'autre solution que de retourner dans le restaurant d'hier pour parler aux propriétaires ! Ils doivent bien connaître cette situation dans leurs croyances.
Je ronchonnai mais m'habillai pour tenter d'aller nous sauver.
— Hé ! Fais attention à mon précieux pénis ! Il est sensible !
— Et toi, arrête de toucher mes seins, pervers !
— Oh, tu ne disais pas la même chose cette nuit !
Lui mettant un coup de pull dans la tête, je l'insultai pour son immaturité.
Une fois devant le restaurant, j'eus envie de crier en voyant qu'il était exceptionnellement fermé.
— Bordel, c'est fait exprès ! On est maudits !
Faisant demi-tour pour retourner chez moi, j'aperçus du coin de l'oeil une personne qui me semblait familière. Et en regardant mieux, je me rendis compte que c'était la femme proprétaire de ce fameux restaurant.
— Madame ! Madame ! S'il vous plaît ! Mon ami et moi avons un problème et nous pensons que vous pouvez nous aider. Nous étions chez vous hier soir !
La propriétaire se retourna, nous analysa de haut en bas et haussa les sourcils, ennuyée.
— Pourquoi serais-je capable de vous aider ?
— Parce que nous nous sommes retrouvés dans le corps l'un de l'autre en nous réveillant, et que les citations dans vos biscuits nous ont mis un grand doute sur la situation !
La propriétaire se pinça les lèvres, avant de capituler.
— Oh.. C'est donc vous. L'ordre de l'univers a été bousculé par quelqu'un, c'est pour cela que mon restaurant est fermé. Il serait trop dangereux pour les autres clients qui ouvrent les biscuits chinois, de les ouvrir alors que tout est bouleversé !
— Vous connaissez le remède ?
— Il n'y a pas de remède, à part être sincère l'un envers l'autre, et individuellement. Vous avez jusqu'à cette nuit, minuit, pour remettre la situation dans le bon sens ou vous serez bloqués dans le mauvais corps, à jamais.
L'air devint plus lourd à respirer. J'avais l'impression d'avoir la poitrine écrasée et le poids du monde sur les épaules. Et à en voir mon vrai faciès, à mes côtés, Henry devait se sentir aussi mal.
— Je ne peux pas plus vous aider, malheureusement. C'est à vous de comprendre et de trouver.
Elle ne nous laissa pas le temps de répondre, qu'elle avait déjà disparu.
Refaisant le chemin retour jusqu'à ma maison, une dispute éclata.
— C'est de ta faute tout ça, tu as insisté pour manger dans le restau chinois ! Tu savais que ce n'était pas à la hauteur de mes espérances !
— Ne mets pas la faute sur moi, espèce d'abruti ! Tu sais où tu peux te les mettre tes espérances ? Dans ton cul, et regarde, je te le tends même très gentiment pour que ça soit plus facile pour ta personne si arrogante !
Je m'arrêtai brutalement de marcher, me penchant en avant pour illustrer mes paroles, mais ça ne fit qu'énerver encore plus mon partenaire de la veille.
— Je suis arrogant ? Et toi alors ? Madame perfectionniste jusqu'aux plus petits détails sur le corps des autres ! Le jour où tu seras irréprochable, tu pourras critiquer les autres, en attendant t'as du boulot !
Agacée par la situation, je repris la route en accélérant le rythme pour fuir.
— Bah voyons, tu veux pas courir aussi ? En tous cas ça ne fera pas avancer la merde dans laquelle on est !
Pour couronner le tout, la météo avait décidé que c'était le moment parfait pour un bel orage bien pluvieux
— Il manquait plus que ça !
Arrivés dans mon appartement, chacun se déshabilla dans une pièce, pour faire sécher les vêtements et en mettre d'autre propre. Mais une question me vint en tête. Henry ne devait pas rester chez moi, pas conséquent, je n'ai pas d'autre tenue, ni même un boxer de rechange. Et je ne me voyais pas me balader nu avec le pénis de Henry, à l'air.
— Hum, Henry ?
— Quoi encore ? !
— Calme-toi, bordel ! Comment tu veux que je fasse pour cacher ton zizi ? Tu n'as pas de rechanges et je me vois mal te proposer une de mes culottes en dentelle.
Il réfééchit puis se mit à sourire grandement.
— Ne mets rien, et savoure les sensations d'être dans un corps d'homme nu !
Je soupirai, mais en réalité je n'avais pas vraiment le choix. Alors, bien décidée à ne pas voir son pénis se balancer à chacun de mes mouvements, j'entrai dans mon lit en profitant de la chaleur de la grosse couverture.
Henry se mit devant le lit, nu et me fixa.
— Est-ce que tu peux enfiler au moins des sous-vêtements ? Je ne suis pas fan de voir mon corps ainsi.
Il fit non de la tête.
— Non. Repense au papier chinois Gina. Regarde toi scrupuleusement et ne regarde que discrètement les autres. Apprends à t'analyser et aimer ton corps.
Voyant que je refusais l'exercice, il s'avança sur le lit, prit mes mains et les posa directement sur la poitrine féminine qui me faisait face.
— Cette belle poitrine que tu essaies de cacher est délicieuse, autant physiquement que gustativement. Elle permet non seulement d'avoir du plaisir, mais aussi de nourrir un bébé, et les bébés s'intéressent uniquement à la nourriture et au lien qu'ils peuvent créer avec la mère. Alors aime-les.
Il descendit mes mains sur mon corps, de façon à ce que je sente mes courbes.
— Tes hanches peuvent faire chavirer n'importe qui. Elles ne sont pas aussi étroites que celles des mannequins, mais elles sont si séduisantes, tu ne te rends pas à quel point elles m'ont rendu fou cette nuit.
Mes mains descendirent jusqu'à mon pubis et je sentis que le corps dans lequel j'étais coincée, commençais à réagir, s'excitant et brûlant de désir. Je pus voir mes anciens seins commencer à pointer.
— Ce vagin est une bénédiction parce qu'il offre plaisirs corporels et vies humaines. Alors traite-le comme un bijou précieux.
Mes mains terminèrent leur chemin sur mes jambes.
— Ces belles jambes ne sont pas les plus grandes, ni les plus fines, mais elles te portent chaque jour et te permettent d'être debout. Et pis, il y a plus de chair à embrasser et ça c'est vachement cool !
Il était vrai que le point de vue de Henry mettait en lumière la beauté de mon corps et je n'avais jamais pensé qu'il était si important de l'aimer. Peut-être aurais-je la force de me voir belle, un jour.
Trop absorbée dans la contemplation de mon corps, je n'avais pas remarqué à quel point j'avais une érection. Bon sang, c'est douloureux ce truc ! Et voir un pénis dressé et planté à son corps était une vision troublante.
— Je vois qu'on se fait pas mal d'effet même en étant dans le mauvais corps ! Plutôt intéressant tout ça !
Henry passa sa main sur son vagin temporaire et je pus voir à quel point il était excité.
— Et si on essayait.. de coucher ensemble ?
Il semblait hésitant, comme s'il avait peur de ma réaction.
— Je ne suis pas contre, nous sommes excités les deux, mais c'est quand même ultra bizarre ! C'est comme si je faisais l'amour à un clone de moi.
— C'est une bonne occasion d'apprendre à t'aimer entièrement ! Je serai patient avec toi, et tu peux être maladroite, ça m'est égal du moment que tu prends réellement du plaisir.
Je lui souris, touchée par ses paroles soudainement douces. Avait-il décidé de réellement faire attention à mes envies ?
La suite se déroula aussi bien que la veille. Je découvris un plaisir masculin et des sensations différentes par rapport aux ressentis féminins. Je n'ai pas pris un plaisir fou au moment de m'auto-lécher mais quand le grand acte est arrivé, Henry comme moi, avions décidé de fermer les yeux pour nous lier spirituellement et ne pas être troublés par notre double qui nous faisait face. Faire l'amour cette fois-ci a été différent mais plaisant, c'était puissant, profond et excitant à la fois. Et pour être totalement honnête avec moi-même, être une femme au quotidien n'était pas facile, entre les douleurs, les différences sociales et toutes les péreuves à supporter, mais niveau sexuel et charnel, il n'y avait pas photo, être une femme était tellement meilleur, et je regrettai momentanément ne pas avoir profiter avant, juste d'être en vie, d'avoir un corps et un esprit pour vivre et exister chaque jour. J'ai compris que je devais plus respecter mon corps, mon physique, l'aimer entièrement même si tout ne me convenait pas.
Quelques heures plus tard, vers treize heures, les deux adultes se réveillèrent du petit somme post-relation sexuelle.
— Rebonjour, belle Gina.
J'ouvris les yeux à l'entente de la voix rocailleuse de Henry. Encore un peu bouleversée par les sensations passées, je ne réalisai pas immédiatement que j'étais de nouveau dans mon corps féminin. Mais lorsque je m'en rendis compte, je fus si épanouie que je sautai sur Henry en l'embrassant goulûment.
— Bienvenue dans nos corps.
— N'empêche que c'était pas mal d'être momentanément une femme et de se faire pelotter !
— Pervers !
Nous rîmes joyeusement et une nouvelle partie de jambes en l'air se déroula, avec cette fois-ci beaucoup plus de confiance, d'aisance, de liberté et de plaisir.
Comme quoi, les biscuits chinois et leurs citations peuvent réellement nous faire grandir ! Mais plus jamais !
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