La meute

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Velory avait attendu que Driss sorte de son champ de vision pour entreprendre sa part de la mission. Les garous étaient doués pour masquer leur passage, mais Vel avait été formé pour être encore meilleur. Plus il trouvait des indices confirmant la direction prises par les assaillants, plus son cœur s’emballait. Un mélange d’excitation et d’inquiétude brouillait son pragmatisme. Il prit une grande inspiration, expira toutes ses inquiétudes, et se lança à la poursuite des loups-garous.

Au plus il s’enfonçait dans la forêt, au plus il se rendait compte de la complexité de sa tâche. Traquer des garous n'avait rien à voir avec la chasse aux zombies. Ils ne faisaient pas de bruit parasite, ils étaient intelligents, et dangereux. Très dangereux. Vel avait confiance en ses capacités, peut-être même trop, mais il gardait à l’esprit que ses adversaires étaient à sa taille. Ils n’avaient rien à voir avec ses proies habituelles.

Le Petit Chaperon Rouge se déplaçait avec prudence entre les branches des arbres. Ce n’est qu’après de longues minutes de déplacement furtif qu’il repéra enfin quelque chose de suspect. Un plus plus loin, il distingua deux silhouettes entre les feuillages et le brouillard. Une femme et un homme parlait sereinement tout en marchant dans une direction précise. Ils portaient des sacs. Vel mit un peu de temps pour reconnaître les sigles de Bleckingham. Il n’avait plus de doute, c’étaient eux.

Décidé à les suivre jusqu’à leur repère, Vel tentait de mieux comprendre ces étranges créatures qu’il voyait pour la toute première fois de sa vie. D’ici, ils avaient l’air parfaitement humain. Cela troublait d’ailleurs le sorcier. Il les trouvait relativement grands… Était-ce spécifique à l’espèce entière ou juste à ces deux spécimens ? Leurs vêtements étaient relativement sommaires, Vel supposa que cela était plus pratique pour leur métamorphose. A quoi bon prendre soin de sa tenue si c’est pour la déchirer à la moindre frustration ? D’ailleurs, à quoi ressemblait ces métamorphoses ? Il avait déjà vu des photos de lycan, mais jamais de vidéos du processus de transformation complet.

Le duo échangeait quelques mots en murmurant. Velory avait beau tendre l’oreille, il ne parvenait pas à savoir de quoi ils parlaient. Cela le frustrait de penser qu’ils parlaient peut-être de leur casse sous le nez du sorcier. L’envie de se rapprocher encore un peu plus le rongeait de l’intérieur. Était-ce vraiment prudent ? Il connaissait les sens aiguisés des garous, un manque d’attention pouvait le mettre en bien mauvaise posture.

Il n’avait pas pris ce risque, il n’avait pas fait de faux pas, il n’avait pas baissé sa vigilance… Alors pourquoi ? Les garous s’arrêtèrent et posèrent son regard dans le sien. Vel se figea. Leurs yeux n’avaient rien d’humain. Ils brillaient d’une lueur surnaturelle, telles des braises. Il fallait agir rapidement. Fuir ou se battre ? C’était son instinct qui fit le choix. Velory sortit ses dagues avant de sauter jusqu’à la branche au-dessus de leurs têtes. Il se jeta sur eux, armes brandies.

Mais plus rien.

En un instant, ils avaient disparu dans la brume. Le sorcier campa sur ses appuis. Ses armes fermement serrées dans ses poings, la pointe très proche de sa peau pour pouvoir activer son pouvoir en un fragment de seconde.

Il n’hésita pas à le faire lorsque des silhouettes commencèrent à apparaître entre les arbres. Ils étaient plus nombreux. N’importe qui de sensé se serait rendu, mais Vel était loin de laisser gagner la panique. S’il devait perdre, ça ne serait pas sans se battre.

Personne ne criait, personne ne parlait. Les confrontations se faisaient toujours le plus silencieusement possible, il était préférable de ne pas attirer des morts-vivants. Tandis que Velory chargeait l’un des garous désormais assez proche pour être bien visible, il envoya une lame de sang sur un autre. Un grondement de douleur se fit entendre alors qu’un échange de coups s'entamait entre le sorcier et le garou. Ce dernier était plus grand et plus musclé que Velory, mais le sorcier avait appris à compenser son manque de masse. Ill gardait le dessus sur l’affrontement et parvint même à blesser son adversaire. Un coup dans les côtes le força toutefois à reculer. Une grande frustration se lut dans son regard lorsqu’il vit les plus fines blessures de son adversaire déjà commencé à se régénérer. Ça ne le surprenait guère, ils connaissaient leurs différents atouts, mais il ne les savait pas si efficaces.

Le sorcier balaya la situation du regard : il était encerclé. Les garous étaient tous sous forme humaine. Ils devaient être une dizaine. Il y avait des femmes et des hommes, tous étaient physiquement plus avantagés que le sorcier.

  • Quel bourbier, grommela Vel.

Pour espérer reprendre l’avantage, il pressa du sang hors de son corps pour commencer à créer une sphère dans sa main qu’il leva au-dessus de sa tête. Certainement conscient du danger, ses assaillants se jetèrent sur lui. Au même moment, la sphère se changea en un véritable oursin avant d’exploser, créant une véritable nuée de piques. Elles vinrent trancher et se planter dans la chair des garous qui furent stoppés sous la douleur. Sauf un. Mais Vel le vit arriver. Il ne pouvait pas tous les combattre en même temps… Peut-être serait-il capable de les avoir un par un ? Guidé par son ego, le sorcier voulut tenter sa chance au lieu de profiter de cet instant pour fuir.

Alors que son adversaire arriva à sa hauteur, Vel se laissa tomber pour éviter ses poings et envoya un coup dans une de ses chevilles. Le garou perdit l’équilibre. Velory en profita pour s’agripper à lui. Il leva l’une de ses dagues et…

  • Il suffit !

Le sorcier fut bloqué dans son mouvement. Son corps entier était pétrifié, tétanisé. Son esprit se mit à partir dans tous les sens, il éprouvait une terreur si forte qu’elle en était grotesque. Des tremblements incontrôlables lui firent lâcher son arme. Il avait envie de crier, de pleurer, mais rien ne sortait. Des sueurs froides couraient le long de son dos tandis qu’une bouffée de chaleur l’étouffait. Il ne put réagir lorsque le garou le repoussa pour s’enfuir, le faisant ainsi tomber à la renverse. La chute lui permit de retrouver suffisamment de lucidité pour chercher du regard l’origine de cet effroi incompréhensible.

Les garous s’étaient reculés, Velory ne voyait plus que leurs yeux, enflammant le brouillard. Seule une silhouette était identifiable. Il se tenait là, devant lui. Vel ne l’avait pas remarqué avant. Venait-il d’arriver ? Comme ses semblables, il était doté d’une carrure très avantageuse. La première chose que Velory remarqua était ses yeux rubis. Ils absorbaient toute son attention, faisant disparaître tout ce qui les entourait. Son cœur s’emballa à nouveau. Il avait l’impression d'être dévoré vivant de ce simple regard. Il eut besoin d’une force surhumaine pour détourner le regard. Ce garou était un alpha. Il en était certain.

L’homme approcha, ses pieds étaient nus. Hormis ce détail, il était bien plus richement vêtu que ses semblables. Son pantalon parfaitement entretenu était ample, certainement pour éviter de trop s'abîmer lors d’une métamorphose. Il venait toutefois se resserrer sur le bas des hanches du garou. Le haut de son corps n’était couverte que d’une longue veste noire ouverte. Elle laissait apercevoir une ossature et des muscles créer de parfaites courbes sous sa peau mate. Un physique parfait par son visage… Sa machoire parfaitement taillée était visible de tous grâce à un rasage à blanc. Ses cheveux noirs étaient parfaitement coiffés grâce à une certaine quantité de gel. Si on oubliait les lourdes cicatrices de brûlures qui traversaient tout son corps, il serait probablement l’un des hommes les plus séduisants encore vivant sur ce monde de damné.

  • Que fais-tu sur notre territoire, démon ? demanda sèchement l’alpha.

Après quelques respirations difficiles, Velory parvint à articuler une réponse. Il gardait le regard baissé, souhaitant à tout prix éviter un nouvel instant de terreur. Supporté la présence de l’alpha d’aussi près demandait déjà suffisamment d’effort.

  • J’ai… tous les droits de me balader là où je le souhaite…
  • Tu nous traquais.
  • Quoi de plus normal… Après avoir réduits en pièces certains de mes semblables et volés nos biens. Les actions… ont des conséquences.

Un sourire se dessina sur le visage du garou, il était bien amusé par une telle réplique.

  • Exactement.

Vel sentit une douleur vive à l’arrière de la tête. Puis ce fut le trou noir.

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