Comme prévu

7 minutes de lecture

— Ma Reine avait un pouvoir de dédoublement, peut-être est-ce aussi le cas chez vous ? Auquel cas, cela me serait d’une aide incommensurable et dans le cas contraire…

Je brisai sa parole d’un geste de la main pour lui en montrer l’effet. Mon corps se dédoublait. Or, quand je m'observai, j’entendis Liorike dire :

— Très bien, il me semblerait que vos pouvoirs se ressemblent, mais celui-ci est inversé, totalement inversé. Au moins, vous passerez inaperçue dans la cité. Intéressant. Mais, dites-moi Destinée, où êtes-vous ?

Je sur le visage de mon corps se dessinait un sourire, tandis que je tournais autour de lui, sans qu’il ne puisse me voir. Puis je revins dans mon corps sans n'en rendre compte. Et je lui répondis :

— Intéressant en effet, mais limité ! Je crois que je vais devoir m’entrainer pour que celui-ci gagne en longévité. En attendant, faites-moi visiter les jardins qui entourent le palais Liorike, si cela n’est pas trop vous demander bien sûr, vous en profiterez pour me parler de ces meurtres.

L'aube passait avec lenteur accompagnée par les paroles de Liorike. Toutes remplies de mystères et plus encore de suspens. Elles étaient tellement secrètes que j’y n’y vis rien d’autre que désespoir. Même si j’essayai de le garder en plongeant mon regard sur la beauté des jardins tous plus beaux les uns que les autres. Dont les plantes et les fleurs étaient minutieusement taillées par des as jardiniers, hommes et femmes qui avaient pour objet d’en rendre parfaite les formes de les ajuster, tels des artistes ciseaux en mains, ils sculptaient la moindre feuille qui en dépassaient et arroser les plus belles plantations aux lueurs matinales. Un journée qui s’annonçait, certes, ensoleillée, mais plus obscure qu’à l’accoutumée. Les derniers mots qui sortirent de la bouche de Liorike avaient retenti, comme retentissent les cordes d’une harpe.

— Destinée, reprenez-donc vos récits comme vous l’avez commencée et entrainez-vous à délier vos deux corps pour en décupler l’endurance. En attendant, je vais prospecter auprès des citoyens du royaume de ma Reine, pour en chercher les indices et quand prête vous serez, vous le sentirez.

Sa sage parole m’aurait presque fait sortir un sourire, mais au lieu de cela, elle avait fait croitre mon espoir. Alors que le soleil commençait à dominer de son point le plus haut, je m’étais retrouvé de nouveau face à mes fidèles spectateurs. Je remarquai que cette fois-ci, les jeunes étaient en arrivés en nombres et j'avais fermé les paupières et j'en poursuivis la suite.

Juste au moment où je m’étais surprise à affronter cette immensité verdoyante, ce canyon où le Gardien de la Vallée des Guerres opérait des boucles dans les hauteurs. Il planait majestueusement tel un maître dans les cieux, tel qu’il portait son nom, il gardait, protégeait. Je descendis sur un chemin pentu et raide pour réchapper à une mort certaine, je me surprise même à l’observer, pour voir s’il veillait toujours sur moi et pour mon plus grand plaisir, il était là à faire ses cercles.

Comme s’il voulait me faire passer ce mot : « les meilleures vies toutes confondues sont celles où l’espérance reste et délivre de toutes mauvaises influences ». Je descendais toujours cette fois, en prenant soin de ne pas louper les marches, car plus étroites elles étaient. Par moment, j’observais à ma gauche où s’étendait au loin une immense forêt et je compris, bien plus tard, que cette partie du continent d’Idrézia était les terres de Ralihan qui, en cette période, étaient en conflit avec le pays de Trihane. Mais à cette période, je l’ignorais. Je voulais simplement fuir. Fuir mon passé sans jamais plus me retourner, sans jamais plus avoir à penser à souffrir et encore moins à penser dans quelle condition mes parents étaient décédés. Par je ne sais quel miracle, j’étais parvenue aux pieds du précipice. L’instant d’après, j’observais le ciel dont la couleur azur était annonciateur d’une belle journée. Mais plus de Gardien, il s’était comme volatilisé, ce fut ma première et véritable rencontre avec lui.

Face à moi se tenait l’orée d’un bois plus dense encore que celui où j’avais couru si vite, celui où j’avais trouvé un peu de répit, celui surtout qui m’avait mené ici dans les terres, certes, luxuriantes de Ralihan, mais aussi celles qui allaient faire de moi, une autre. À ce même instant, tous restaient sans voix et buvaient chacune de mes paroles, se représentaient chacune des images que je projetais dans leur esprit. Je ponctuai ma parole, d’un temps de pause, pour tester ce pouvoir de dédoublement.

Je poursuivis mes notes alors que mon double, lui, vaquait dans le palais à écouter chacun et chacune sans jugement, sans leur en vouloir. Sans en faire une affaire personnelle aux cas où leur parole seraient mauvaises. Quand j’eusse eu de finir de faire mon tour, soit dix minutes après. Je me surprise à penser qu’ici, dans ce palais tous aimaient leur Reine. Tous avaient un immense respect pour elle. Elle cela me remplit d’une émotion et pour la première fois et depuis bien longtemps, je fut dotée d'une joie légère.

J’en poursuivis mon récit, Juste après m’être enfoncer dans cette sylve dont la densité m'avait suprise. Puis j’entendis des hurlements au loin, surement de ceux qui me traquaient, car ces voix provenaient du haut de ce ravin. Je me remise à courir en repensant à la parole de mon père : « Anaëlle, fuis, vers l’Est et ne reviens ja-mais ! ».

Je pris donc mon courage à deux mains et cette fois-ci, sans peur j’arpentais ces bois, sans me retourner pour que ces criminels ne puissent me capturer. Pour que jamais ils ne puissent toucher une seule mèche de mes cheveux châtains.

Profonde et sombre étaient les seuls mots que j’avais en tête pour désigner cette forêt. Quand un gargouillis venant tout droit de mon estomac me fit presque sursauter. J’avais épuisé toutes mes réserves et la faim m'avait surprise. Comme la bête qui me faisait face, alors que je tenais d’une main mon ventre, pour en faire taire la faim. D’apparence féline et tachetée de cercle noir sur un pelage jaune ocre, elle me regardait de ses yeux or droit dans les miens. Prête. Elle me montrait ses crocs pour signifier qu’elle m’avait prise en chasse. Je ne bougeai pas d’un centimètre tandis qu’un pas après l’autre, elle se rapprochait lentement cette fois, prête à bondir sur moi, mais un bruit des nombreux volatils s’échappèrent en croassant, le genre à prévenir que grand danger, il y allait avoir. Je vis aussitôt, ce félin tourner la tête en direction du Nord-Ouest.

Apparemment, le groupe d’âmes noires avait réussi eu aussi à descendre ces marches vertigineuses. Cet animal aussi féroce soit-il, avait rebroussé chemin et disparut dans les feuillages. Je n’aurai jamais cru avoir autant eu de chance et pourtant, c’était bien le cas. Or, c’est souvent que la chance s’oriente vers son opposé et souvent plus rapidement qu'elle n'était venue. Je repris donc mon chemin la peur et la faim au ventre, je vis des arbres dont les fruits ressemblant à des goyaves, m’avaient semblé être comestibles, certains étaient gisaient à même le sol, je me ruais sur l’un d’entre comme un voleur. Croqua en plein dedans comme si ma vie en dépendait, j’en pris un autre et continuai ainsi jusqu’à quatre reprises.

Enfin rassasiée, étrangement je repartis plus forte. Cela devait être dû aux sucres qui composent ces fruits. Je courus avec endurance. Lorsqu’après avoir passé un bon moment à parcourir la forêt un bon moment, je retrouve face et de nouveau à ce prédateur, presque au même endroit. L’instant d’après les oiseaux noirs de corbeau s’envolèrent cirant leur chant pour prévenait d’un danger immédiat. À cet instant, la bête me regarda et m’eut dit ceci :

— Jeune Flamme, je vois que tu n’as pas su faire taire ta faim. À cela, je n’eus pas compris et elle reprit — Tu as mangé un mauvais fruit et ton corps en ce moment est dormant, non loin de là où tu m’as croisé. Là, j’avais tout compris et la bête rajouta — Laisse-moi t’aider mais cela va impliquer de souffrir. Mais j’ai besoin avant tout de ton accord. Qu’allait me faire cette bête, je réfléchissais, mais elle me coupa soudainement pour me dire cela — Tu n’as pas le temps de tergiverser. Alors, tu veux vivre où te voir souffrir pour toujours ?!

Je m'approchai d’elle main devant sa gueule aux grandes canines. L’instant d’après, je me suis mise à hurler. Mon cri résonna en tout lieu. Je vis de nouveau ce félin courir vers l’Est comme pour me dire de ne pas m’arrêter. J’eus plus mal encore quand je vis ma main remplie de sang. Elle m’avait mordue, mais pour me sauver d’un sommeil provoqué par ces étranges fruits. Je me relevai avec difficulté avec la tête qui tourne en vacillant de temps à autre. Soudain, j’entendis de nombreuses voix dont l’une d'elle avait dit :

— Ici, du sang… Par-là !

Ils étaient près. Bien trop proches de moi et je m’effondrai à genoux sur un lit de feuilles mortes, épuisée et m’écroula sur le flanc. Paupières mi-closes, je vis plusieurs personnes dont les bottes étaient grandes. À cet instant, ma conscience déclinait pour ne laisser place qu'aux noirceurs de mon esprit épuisé de fatigue et diminué par ces étranges mets. Or, avant que je ne sombre plus profondément, j’avais entendu — C’est bon, tout se déroule comme prévu.

Annotations

Vous aimez lire C. S. del Rosario ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0