Le silence, le calme, le vide... Allongé là elle ne faisait plus de bruit, paisible dans son sommeil. Les traits c'étaient adoucie, comme apaisé d'une souffrance qui la rongeait depuis toujours. Elle portait une robe blanche aux motifs fleuris. Chaque fleur avait sa couleur, bleu, rose, vert, Orange... Un véritable festival. Sa chevelure rousse aux reflets de feu étaient d'un coup devenue terne, morne. C'était triste. La fine lumière jaune qui s'introduisait difficilement au travers des volets persiennes, s'échouait sur le corps inerte au sol. Son visage pâle, posé ainsi contre le carrelage beige lui donnait un air angélique.
Je m'accroupie près de sa tête,observant ce tableau. Il me paraissait non fini... Quelque chose manquait, quelque chose devait être ajouté, amélioré. Je détournais le regard sur la lame grise que je tenais en main, lisant sous les fins rayons du soleil. Doucement je la fis danser entre les rayons, c'était élégant. Dans sa danse, je l'amenais doucement contre le coup de la rouquine effondré au sol, caressant avec tendresse la lame contre son cou. Doucement, un filet rouge et épais s'écoula. Doucement cette couleur encore chaude se rependit tout autour de la tête de l'ange.
Mes lèvres s'étirèrent en un sourire satisfait. Voilà ce qu'il manquait, voilà ce dont elle avait besoin. Ainsi le tableau était presque fini.
De ma main gantée, je trempais mon indexe dans ce rouge profond afin de dessiner une large auréole autour de cette chevelure fade et sans vie. Me redressant sur mes jambes, je l'observais de nouveau. Elle était maintenant digne de rejoindre ce monde céleste, tel un ange divin remontant à son paradis blanc.
Je sortis mon appareil photo polaroid et prit un cliché. J'agitais la photo afin d'en faire sortir toutes les couleurs. Une fois séché, je découvris une véritable apothéose.