4 - Ce n'est qu'un au revoir
Je parcourais chaque rue, observais chaque cadavre, questionnais chaque personne encore en vie, mais je ne trouvais pas mon Naeden.
Au milieu de l'après-midi, je croisais une vieille femme édentée qui me dit avoir vu un homme lui ressemblant, à l'agonie dans l'auberge en ruine.
Je m'y précipitais. En passant la porte, je vis trois femmes affairées autour d'un homme. C'était lui.
Mes jambes me lachèrent et je tombais au sol. L'une des femmes vint me voir :
- Est-ce que tout va bien madame ?
- Est-il...est-il...est-ce que...
- Vous voulez savoir s'il est encore en vie ? me demanda-t-elle doucement
- Oui, dites moi qu'il n'est pas mort je vous en supplie...ma voix était faible tant ma gorge me serrait, j'en avais mal tellement je pleurais.
- Nous faisons de notre mieux, mais je crains que sa fin ne soit très proche...
Je parvins à me lever et allais vers lui. Il était couvert de sang, un immense bandage barrait son torse. Ses beaux cheveux étaient collés par le sang, son visage crispé par la douleur, et son beau sourire avait laissé place à un rictus horrible tant il souffrait.
- Naeden, mon amour, je suis là, c'est moi, Lia...murmurais-je en lui carressant la tête
- Lia...souffla-t-il
- Oh mon amour ne parles pas, gardes tes forces...dis-je dans un sanglot
- Lia je...je t'aime...pardon...
- Ne t'excuses pas, tu n'en as pas besoin...Naeden pourquoi, qu'as-tu voulu faire mon chéri ?
- Il...fallait...que ça cesse...guerre...parvint-il à dire
La plus âgée des femmes me fit signe du fond de la pièce. Elle me raconta qu'à lui seul, Naeden avait tenu tête à une dizaine de mercenaires ennemis, mais qu'il avait fini par se prendre une flèche dans le torse, et qu'un homme lui avait tranché les tendons aux genoux, pour qu'il ne puisse par s'enfuir. Entendant cette histoire atroce, je manquais de m'évanouir, et je pus ressentir sa douleur dans tout mon corps, comme si nous ne faisions qu'un. Je retournais auprès de mon aimé, et lui parlais de nos souvenirs avec nos mères, de nos folles aventures à deux, et de mon parcours pour le retrouver. Je lui passais son pendentif autour du cou.
- Lialana, tu es la femme de ma vie, me dit-il
- Oh mon amour...Il y a un secret que je gardes depuis un moment, j'attendais un peu avant de te le dire...mais je pense que je ne peux plus attendre...
- Ne me dis pas que tu ne m'aimes pas, ça me tuerait, dit-il
- Même dans cet état tu arrives à être sarcastique ! Tu n'es pas croyable Naeden ! ris-je
- J'aime t'entendre rire, c'est pour ça, sourit-il, alors, dis moi ton secret.
- En fait...Nous allons avoir un bébé...
- Quelle nouvelle merveilleuse ! aïe !
- Naeden ! Où as-tu mal dis moi ! Que puis-je faire pour te soulager ?
Son visage se crispa et un spasme parcourus son corps. Les trois femmes s'approchèrent, et me dirent que peut-être c'était le moment de lui dire adieu...
- Ne me dis pas adieu, mais au revoir, nous nous reverrons ma chérie. Dans notre maison, sans la guerre et tout ça.
- J'ai peur Naeden, peur de vivre sans toi, je ne sais pas si j'y parviendrai...pleurais-je, restes près de moi autant que tu le peux je t'en prie...
Je pris sa main dans la mienne et l'embrassais, la mouillant de larmes.
- Ne raconte pas toutes nos bêtises au petit, ne lui donne pas d'idée ! Dis lui que son père a été un idiot de vouloir aller se battre plutôt que de rester avec toi.
- Tu as fait ce que tu jugeais nécéssaire, tu n'es pas un idiot, idiot !
- Je t'aime Lialana.
- Je t'aime aussi mon beau Naeden...
Je l'embrassais le plus doucement possible, espérant que cet instant dure une éternité. Alors que nos lèvres se séparaient, je sentis un souffle sur mon visage. Son dernier souffle. Le regard brouillé, je parvins à voir qu'il souriait, de ce même sourire qu'il avait en me regardant quand il voulait m'embêter...
Ce n'était qu'un au revoir, et je continuais ma vie, élevant son fils qui lui ressemblait beaucoup, attendant le moment où je le rejoindrais.
FIN
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