L'aube est encore loin

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Quand il se réveille, il est étourdi. Il essaie de bouger ses bras, mais ils sont enchaînés aux acoudoirs de la chaise. Ses pieds, chacun est menotté aux piètement de cette même chaise. Il décide enfin à lever les yeux. La cave a une surface de 15 mètres carrés, avec un grand placart à coté de lui une table, le sol de la cave est entièrement recouvert de plastique blanc. Il nous regarde droit dans les yeux, nous sommes là debouts en face de lui, il essaie de parler mais sur sa bouche se trouve un scotch. Je m'approche et je le lui retire, il était apeuré on aurait presque pitié de lui :

_Bordel, c'est quoi ça mec ? Qui es-tu mec ?

Je le regarde et dit :

_J'ai tant rêvé de ce moment, de t'avoir en face de moi, menotté et sans défense. J'ai sombré dans la folie après ce que tu as fait à ma soeur. Je ne sortais plus, je ne faisais plus rien à chaque moment j'avais peur qu'on vienne me parler de ma soeur. J'avais une peur bleue ne serait-ce que d'allumer mon téléphone, de regarder la télévision ou juste aller sur Google de peur de la revoir nue au milieu de la forêt avec son crâne fracassé. Il m'arrivait d'entendre sa voix le soir comme si elle était là. Je prenais beaucoup de cachets, des antidépresseurs, des somnifères, des calmants et j'en passe. J'étais devenue un putain de zombie, j'ai pensé à m'ouvrir les veines ou à me jeter sous un train mais je ne pouvais faire cela à mes parents qui souffraient de voir les photos de leur fille aînée se propager et de voir leur benjamine sombrer dans la folie peu à peu. Mais je n'imagine pas sa souffrance à lui.

Je me retourne et regarde JB, il a le visage grave et s'approche, je sens mes larmes couler. Je m'assois sur la table et commence à pleurer en silence. JB a l'air d'être à deux doigts d'exploser :

_Elle était l'amour de ma vie, on se voyait en secret car son père la trouvait trop bien pour moi et elle a du lui mentir une centaine de fois pour qu'on puisse se voir. Quand j'étais avec elle rien d'autre me semblait exister, comme si le monde nous appartenait. On avait décidé de partir s'installer ailleurs, on avait décidé du jour mais j'ai répoussé de deux jours.

JB serre les poings :

_Si seulement je n'avais pas repoussé la date de départ, si seulement on était juste parti. Je l'ai attendue à la gare toute la nuit, je l'ai maudite intérieurement car je croyais qu'elle avait changé d'avis, et j'ai pris le train seul, croyant qu'en lui laissant quelques jours elle finira par me rejoindre. Le lendemain un inspecteur est venu à mon hôtel me raconter ce qui s'était passé et m'emenner au poste, ils ne m'ont pas retenu longtemps vu que des caméras ont prouvé ma présence à la gare au moment des faits. Le cauchemar ne faisait que commencer malheurement avec ces putains de photos, j'étais angoissé moi aussi à l'idée d'aller sur internet, j'ai sombré dans l'alcoolisme et j'ai essayé toute drogue à condition que j'oublie mais rien n'y faisait.

JB relève les manches de son pull, on voit clairement deux entailles aux poignets :

_J'ai essayé de me suicider en m'ouvrant les veines. Mais pour ton plus grand malheur j'ai survécu. Je savais que tant que justice ne sera pas faîte, notre esprit ne sera jamais tranquille. Alors j'ai commencé à traîner sur internet pour me renseigner sur les féminicides. Puis je tombe sur votre site de tordus les Incels, où vous vantez de viols et d'humiliations. Tout est devenu clair tout d'un coup, je suis venue voir la soeur de ma chérie, elle avait touché le fond elle aussi. Il n'y avait qu'une seule chose qui nous maintenait en vie : l'espoir que justice soit faite.

Je continue :

_J'ai repris ma vie en main, j'avais un but cette fois ci. Mes parents ne voulaient pas partir et me laisser seule j'ai du les convaincre qu'ils avaient besoin de passer un peu de temps ensemble et que je me sentais mieux. Pour ce qui est du plan il te faut 20 minutes pour arriver de chez toi à chez moi, c'est le temps qu'il m'a fallu pour mettre des seringues partout dans la maison et préparer la cave pour t'accueillir proprement sale ordure. Au moment où tu as quitté ta maison, il est parti tuer ton coloc avec un couteau où il y a tes empreintes et diffuser le nom et prénom de tous les membres de votre groupe et en effaçant toutes ses traces du site. J'avais juste besoin d'assez de temps pour que tout se passe comme prévu. J'ai aussi enregistré tes aveux.

L'ordure nous regarde sans aucune émotion :

_J'imagine que la police est en route.

JB et moi on se regarde, JB se retourne vers lui et lui explique :

_Non mon ami, la police ne viendra jamais et je n'ai pas fait de toi un fugitif pour rien.

Je prends un des marteaux qui sont sur la table, je me dirige et le lui plante au genou. Il pousse un cri :

_Merde ! Vous êtes des malades !

Je le regarde dans les yeux :

_Je ne me suis pas donnée autant de mal pour recouvrir le sol de la cave sans avoir l'intention de bien salir la cave avec ton sang et tes os.

JB lui remet le scotch, va prendre un marteau et lui fracasse les orteils de chaque pied. L'ordure se tord de douleur, je vois des larmes couler de ses yeux, chacun notre tour on détruit une partie de son corps et sans oublier aucune.

Ma vielle voisine a l'habitude de se réveiller à l'aube et l'aube est encore loin. Ni JB ni moi croyons en la justice divine alors on va appliquer notre propre juste ici à coups de marteaux.

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