C’est sûr, partir en week-end à Noirmoutier avec la magnifique Cadeau d’Adieu (1), ça paraissait sympa. Une superbe fille comme elle et un vieux machin comme moi cela aurait fait jaser ailleurs. Mais là nous serons deux touristes au milieu d’une foule d’inconnus. Nous nous dirigerons tranquillement vers une petite plage située derrière la maison de ma tante dans laquelle (2), enfant, je passais parfois mes vacances.

 La famille n’arrivant que lundi, nous aurons la maison pour nous deux, la journée commencera bien.

Sauf que ça ne s’est pas passé ainsi.

 Pas un nuage à l’horizon, le soleil brillait à n’en plus pouvoir, une petite brise fraiche et parfumée tentait d’amoindrir ses ardeurs. Nous venions de passer Notre Dame de Monts et roulions tranquillement vers l’île située à quelques kilomètres quand, peu après une courbe, nous aperçûmes un bus, arrêté sur le bord de la route, dont le chauffeur nous faisait signe de nous garer. Je jetais un coup d’œil vers ma passagère qui ne dit rien, Cadeau n’est pas une fille très causante, je décidais alors de me placer derrière le bus.

 Le chauffeur accourût vers nous et m’expliqua :

  « Une femme à bicyclette a débouché sur la route devant moi, je n’ai rien pu faire, je l’ai percutée mais à faible allure. Une femme médecin qui était dans le car, s’occupe d’elle, et il y a un flic qui m’a demandé de bloquer les voitures en attendant les secours et ses collègues qui ne vont pas tarder». Cadeau descendit de voiture, marcha vers l’avant du bus, comme Aphrodite(1) hors de sa coquille se dirigeant vers Botticelli.

  « Il n’y a rien à voir vous savez ! » lui lança le chauffeur le regard fixé sur la silhouette souple et élégante qui ne répondit pas.

 En levant la tête, je remarquai une grande affiche apposée sur la lunette arrière du bus :

Congrès annuel de l’Eglise de l’antépénultième jour de la résurrection

Initiée (3) par le vénérable Sri Baye (4).

Les 29 et 30 juin

Centre culturel des Salorges

 Je suivis alors Cadeau en la voyant parler à quelqu’un devant le bus. L’homme me tournait le dos ainsi que la femme, accroupie devant la victime adossée à une borne kilométrique indiquant Noirmoutier 5 Km - Paris 461Km.

 Je crus défaillir en voyant la victime, il s’agissait de la célèbre écrivaine Laeti Tia qui me regardait avec un faible sourire, elle avait l’air mal en point. Les deux autres tournèrent alors la tête vers moi et mon cœur manqua au moins deux battements quand je les reconnus. La doctoresse exerçait dans l’hôpital où j’avais été admis il y a plusieurs mois pour un furoncle particulièrement mal placé qu’elle avait soigné avec compétence et une tendresse touchante (surtout pour mes parties les plus intimes !) son nom m’échappe pour l’instant. L’homme était le fameux commandant Mac Cracker qui avait résolu l’énigme des vampires et arrêté la femme garou, auteure du meurtre abominable de son nouvel époux qu’elle avait entièrement dévoré, ne conservant qu’une petite partie, celle justement, aurait-elle dit, qu’elle avait trouvé trop petite.

Notes :

1) voir (si pas encore lue) la nouvelle érotico-sensuelle « Cadeau d’adieu » de MarionK.

2) dans la maison, pas dans ma tante bande de mal pensants.

3) l’église bien entendu, pas la résurrection.

4) le Vénérable Sri Baye est un américain d’origine guatémaltèque par sa mère et incertaine par son père (car conçu semble t-il au cours d’une soirée mémorable d’enterrement de vie de jeune fille à laquelle participaient m’a-t-on dit un nain et son chien). Ce dernier (le vénérable, pas le chien, suivez bon sang !) reçut la lumière au cours d’un voyage en Inde où il fonda les plo…pardon je m’égare, ou il fonda la secte… je veux dire l’église de l’antépénultième jour de la résurrection.