Nous devons rendre un devoir pour demain. Le professeur d'arts plastiques nous a demandé de dessiner un paysage de notre choix. Je sais exactement ce que je vais représenter sur ma feuille de papier. Je me dirige donc d'un pas assuré vers le parc.

Une fois arrivée là-bas, je me rends vers une grande colline couverte d'herbe verte et de quelques fleurs. Au sommet de cette colline se trouve un grand cerisier. D'ici, nous pouvons voir le reste du parc en contrebas.

Le soleil commence à se coucher en cette fin d'après-midi, apportant sa teinte oscillant entre le doré et l'orangé. Quelques passants se promènent sur les allées de gravier bordées d'herbe verte et d'arbres. Le grand lac, situé au milieu du parc, dont l'eau ondule légèrement à cause de la brise, brille de mille feux grâce aux effets du soleil. C'est juste sublime !

C'est exactement le paysage qu'il me faut pour mon devoir d'arts plastiques !

Je m'assied donc sous les branches du cerisier en fleurs et sort de mon sac à bandoulière mon cahier de dessin. Je l'ouvre sur une page blanche, prends un crayon à papier et commence mon travail.

Je suis plongée dans ma tâche quand j'entends une voix au-dessus de mon épaule :

- Tiens ! Nous avons eu exactement la même idée !

Je me retourne pour voir un très beau garçon de grande taille aux cheveux roux clair. Son regard violet croise mes grands yeux bleus. Je le reconnais : c'est Gakushû Asano, le fils du proviseur de notre collège !

Il s'asseoit près de moi et m'avoue :

- Moi aussi, je suis venu ici dans le but de dessiner ce paysage, mais je constate que tu m'as devancé.

- Je suis désolée, dis-je en m'inclinant devant lui en signe de respect.

- Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait de mal. Et puis, à défaut de dessiner le lac, je peux toujours représenter le cerisier sous lequel nous sommes assis.

- Oui, c'est une bonne idée.

Je ne sais pas vraiment quoi dire d'autre . . . Ce n'est pas la première fois que je vois Gakushû, il est très populaire dans notre école car en plus d'être le fils du proviseur, il est le plus beau et le meilleur élève de tout le collège ! Seulement, n'étant pas dans la même classe, nous ne nous sommes jamais adressé la parole auparavant. C'est donc là notre première rencontre . . .

C'est lui qui brise le silence en me demandant :

- Tu es bien Hana Sakura, n'est-ce pas ?

- Oui.

Il connait mon identité. Cela ne m'étonne pas : moi aussi je suis populaire au collège Kunugigaoka. C'est parce que je suis la fille d'un homme d'affaires millionnaire et célèbre : Yuki Sakura. De plus, ma mère descend d'une noble famille ancestrale japonaise.

Le jeune rouquin continue :

- J'imagine que je n'ai pas besoin de me présenter . . .

- En effet, je sais qui tu es. Tu es Gakushû Asano.

- Exactement.

Je peux déceler de l'orgueil dans le ton de sa voix, ce qui n'est guère étonnant. Il ne cache son arrogance à personne ! Je remarque alors que son éducation est très différente de la mienne, qui m'a toujours enseigné la modestie.

Cependant, le sourire qu'il arbore lorsqu'il s'adresse à moi est sincère.

Le silence s'est à nouveau installé entre nous. Le vent joue aujourd'hui, se faufilant entre les branches et les feuilles et agitant mes longs cheveux roses et les mèches rousses du jeune adolescent.

Quelques pétales de fleurs de cerisier tombent de leur arbre. L'un d'eux vient se déposer sur le nez du collégien. Il l'attrape entre le pouce et l'index, le contemple quelques secondes puis déclare :

- Il faut en effet que je me mette au travail. Toi aussi, d'ailleurs.

- Oui, bien sûr.

Il sort également un cahier et un crayon et nous nous plongeons dans notre tâche. Quand, au bout de plusieurs minutes, j'ai enfin fini, je relève la tête et tourne mes yeux vers lui pour constater . . . qu'il me regarde ! Voyant la surprise et l'étonnement dans mon regard, il explique :

- Excuse-moi, je regardais juste ton travail. Je suis désolé si je t'ai importunée.

- Non, pas du tout !

Mes yeux se posent sur sa propre feuille, posée sur ses genoux. Il a déjà fini ! Et s'il m'observait travailler depuis un moment, cela veut dire qu'il a achevé son devoir en à peine quelques minutes ! Quelle vitesse phénoménale ! Je suis impressionnée ! Je ne peux m'empêcher de remarquer :

- Ton dessin est magnifique ! Et tu l'as réalisé en un temps record ! Tu es vraiment un garçon exceptionnel !

Il a un petit rire :

- Merci, je suis touché du compliment.

Il ajoute après quelques secondes :

- Toi aussi, tu es plutôt talentueuse.

- Je te remercie . . .

C'est à cet instant que j'entends mon téléphone portable vibrer. Je fouille dans mon sac blanc pour le récupérer. Je déverrouille l'écran, vérifie ma messagerie et me tourne vers Gakushû :

- C'est mon chauffeur, il m'attend à l'entrée du parc pour rentrer.

- Va le rejoindre, alors.

- Oui.

Je range mon cahier, ma trousse et mon smartphone dans mon sac et me lève. Je fais ensuite face à mon camarade et m'incline respectueusement devant lui en déclarant :

- Ce fût un honneur de faire ta connaissance ! Au plaisir de te revoir bientôt !

- De même, répond-t-il en souriant, à très bientôt !

- À bientôt !

Je tourne les talons et m'éloigne bien vite, ne voulant pas faire attendre mon chauffeur. Je le rejoins bientôt et il m'ouvre la porte de la limousine, m'invitant à y entrer. Avant de le faire, je me retourne une dernière fois en direction du parc. Je peux par la même occasion admirer le coucher du soleil et remarque alors pour la première fois qu'il est du même orange que ses cheveux . . .

Je souris et m'engouffre dans le véhicule qui doit me ramener chez moi.