Séance 5 : A l'aube, nouvelle année.

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Psy : Vous pouvez commencer ...

Moi : Bonne année Doc !

*Psy prend un air agacé*

Psy : Doc ? Je ne suis pas là pour être votre pote.

*Moi avec un regard triste*

Psy : Ah oui, bonne année également.

Moi : Je savais que je pouvais avoir une réaction positive. On m'a appris depuis tout petit que c'était essentiel de ce souhaité la nouvelle année.

Psy : En théorie, il convient d'ajouter à votre souhait d'autres vœux prophétiques pour 2017.

Moi : Hein ?

Psy : Bonne santé, joie, argent, réussite, et autres platitudes du genre.

Moi : Ah oui, je vois. Mais souhaiter une bonne année, comprend déjà tout cela.

Psy : Oui, mais vous appuyez le message qu'il est important pour vous que la personne se porte bien, réussisse, trouve le bonheur et l'argent. Ce qui montre un peu plus d'intérêts que le simple "bonne année" que vous servez à tout le monde.

Moi : Je ne souhaite pas "bonne année" à tout le monde.

Psy : Pourtant il convient de le dire à toute personne avec qui vous avez un peu d'interaction. Enfin quand ceci n'est pas inconvenant.

Moi : Ah oui, comme quand je sors d'un magasin et que par politesse le commerçant me souhaite la bonne année.

Psy : Non, le commerçant vous la souhaite, car il souhaite que vous reveniez. C'est vous, qui lui répondez la même chose par politesse.

Moi : Je ne pense pas que l'employé lambda me souhaite la bonne année selon une stratégie établie.

Psy : Ah, donc vous préférez croire qu'il le fait parce qu'il se soucie de vous ?

Moi : Euh oui ...

Psy : Il le fait souvent par obligation. C'est l'employeur qui par une stratégie établie demande de le souhaité.

Moi : Vous croyez ? Les employés le font plus par convention sociale, non ?

Psy : L'accueil en magasin comprend des conventions sociales certes, mais ce sont des compétences évaluées. L'avis client, les clients mystères, les enregistrements des conversations en centre d'appels sont autant de techniques pour évaluer la compétence d'un employé.

Moi : Donc un employé qui me souhaite une bonne année pour vous c'est juste son travail ?

Psy : Oui. Et vous, vous ne faites que respecter la convention sociale. Vous lui souhaitez la même chose en retour.

Moi : Cela doit être triste d'être vous. Vous ne percevez que des actions issues de stratégies établies. Pas de magie des fêtes, ni d'empathie.

Psy : Parce que vous croyez que l'employé du magasin à vraiment le temps de s'intéresser à chaque client et pense intimement qu'il vous souhaite une bonne année.

Moi : J'aime croire que les gens le font par gentillesse.

Psy : Dans quel monde vivez vous !

Moi : J'ai dis, que j'aime le croire. Je sais bien que cela tient plus de la convention sociale ou du service client élaborer par un service marketing ou communication. Mais, je préfère penser qu'un petit sourire et une petite attention ne sont pas des actes convenus ou des processus douteux pour me garder comme client.

Psy : Vous serez un client parfait, une cible idéale, pour un maid café.

*Moi éclate de rire*

Moi : Non sérieusement, un maid café, vous avez vraiment dit ça. Vous pensez que j'irai me faire servir par des jeunes femmes m'appelant "sama" ou "master" et dessinant des petits coeurs sur mon omelette ?

Psy : Vous en avez pourtant le profile.

Moi : En vrai, je trouve ça flippant. Déjà dans un restaurant ou un fast-food je panique dès qu'on me demande ce que je veux. Alors si je dois en plus, dire des formules magiques et faire des petits coeurs avec mes doigts, vous imaginez même pas le malaise.

Psy : C'est vrai que vous êtes du genre à tellement paniquer que vous souhaitez "bon appétit" aux serveurs.

Moi : Ce n'est arrivé qu'une seule fois. Je n'avais pas écouté et j'ai répondu ce qu'on m'a dit, comme quand on dit "merci, au revoir" sans vraiment y réfléchir.

Psy : Mais un maid café ne vous gène que pour cela, parce que vous ne savez pas quoi répondre ?

Moi : Mais qui se fait appeler "maître" sans sourcilier. Et puis quel plaisir vous prenez à être le "maître" de quelqu'un.

Psy : Dit le "maître d'internat".

Moi : Ah non, ça ce n'est pas pareil. C'était l'ancien intitulé de la fonction et c'est toujours mieux que "surveillant d'internat", "assistant d'éducation d'internat" ou "pion d'internat". Et ce n'est pas comme si je le chantais sur les toits. C'est comme "technicien de surface", "agent d'entretien", cela rend mieux et c'est moins connoté.

Psy : Enfin vous êtes quand même, une personne souffrant d'un fort complexe d'infériorité et qui aime contre-balancer ce sentiment.

Moi : Non, je ne contre-balance pas ce sentiment. Je n'aime pas être dominant, dominateur, ou écraser les autres. J'aime l'égalité.

Psy : D'accord, donc vous souffrez tellement d'infériorité qu'aucune autre position sociale n'est envisageable.

Moi : Pas du tout. Dans le cas, du maid café, je me sentirais mal à l'aise d'être le maître de quelqu'un, même si c'est une fonction ou un jeu accepté par l'équipe, que ce soit des hommes ou des femmes.

Psy : Par contre pour le maître d'internat...

Moi : Mais c'est plutôt un titre marrant, ça impressionne personne. Je m'en sers à titre de dérision. Justement parce que t'es le maître de rien du tout.

Psy : On en revient à votre position d'infériorité et votre envie de tendre vers l'égalité.

Moi : C'est à dire ?

Psy : Vous imaginez que vous êtes tellement inférieur, qu'une situation d'égalité à elle seule vous conviendrait.

Moi : Non, l'égalité c'est dire qu'on existe tous et au même niveau, qu'on est tous important.

Psy : Donc c'est comme la bonne année, parce qu'on vous la souhaite, vous existez et quand vous répondez la même chose. Un équilibre se crée et vous vous sentez important.

Moi : Oui en quelque sorte.

Psy : Donc vous êtes tellement mal, qu'un instant d'existence vous suffit. Il n'y a donc pas d'infériorité si vous n'existez même pas aux yeux des gens.

Moi : Je ne le vois pas comme ça. C'est plutôt comme être à distance, comme être un spectateur.

Psy : Vous êtes spectateur de votre vie ? Sans prise sur le réel ?

Moi : Oui, ça m'arrive de le ressentir comme ça.

Psy : Pincez-vous !

Moi : Pourquoi ?

Psy : Allez-y, pincez-vous !

*Moi se pince, et ressent une infime douleur de sa peau entre ses ongles*

Psy : Et voilà, vous existez.

Moi : Mais je sais que j'existe, je ne suis pas comme dans un rêve.

Psy : L'espace d'un instant vous avez quand même ressenti et vécu, vous existez et vous avez une prise sur le monde. Vous.

Moi : C'est un peu lyrique et simple comme vision de choses.

*Moi esquisse un minuscule rictus de sourire"

Moi : Mais merci quand même, Docteur.

Psy : De rien.

Psy : Fin de la séance.

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