Chapitre 08: Destruction émotionnelle

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Alors qu’il cuisinait le dîner pour Natacha et lui, le téléphone portable de Michael se mit soudainement à sonner. Dans un premier, le jeune homme se dit qu’il s’agissait de sa fiancée, mais en récupérant l’appareil dans sa poche, il se rendit compte qu’il recevait un appel de Jessica, son amie et employeur.

- Jessica, est-ce que tout va bien ? demanda-t-il après avoir décroché.

- Oui, tout va très bien. J’appelais juste pour savoir comment tu vas de ton côté.

- Je vais très bien. La vie avance et Natacha est toujours la même, mais tu n’appelles pas vraiment pour savoir ça, n’est-ce pas ?

- Non, en effet. Je voulais savoir si tu étais prêt pour demain. Pas trop stressé, j’espère ?

- Ici tout est tranquille. On prépare le dîner de ce soir en attendant le retour de Natacha. Et de ton côté ? Je suppose que ton niveau de stress est à son point le plus élevé, n’est-ce pas ?

- Qu’est-ce qui te fait croire ça ?

Le jeune homme lui fit alors comprendre que c’était son appel qui lui faisait croire que cela. Elle venait prendre de ses nouvelles alors que cela faisait moins de deux heures qu’ils s’étaient séparés. Mais l’élément le plus important était que le lendemain était également une journée très importante pour elle.

- C’est donc normal que tu stresses, poursuivit-il.

- Tu n’en as pas la moindre idée. Je ne fais qu’y penser depuis que je suis rentrée. Et si on se ratait complètement demain ? Je n’ose même pas imaginer la mauvaise réputation qu’on se prendra si ça vient à se produire.

- Tu t’en fais beaucoup trop, Jessica. Tout va bien se passer, rétorqua Michael en attrapant des ustensiles de cuisine.

- Comment peux-tu en être aussi sur ?

- Tout simplement parce que tu es entourée par des personnes compétentes. Tu n’as pas à t’en faire pour demain. Nous ferons plus que notre mieux pour sécuriser ce contrat.

- Merci beaucoup, Michael. Merci beaucoup de me rassurer comme tu le fais.

- Y a pas de souci, Jessica. Les amis sont faits pour ça.

Après cela, Jessica demanda de nouveau à Michael comment les choses se déroulaient de son côté, ce à quoi il répondit que tout allait plus ou moins bien, ajoutant que Natacha faisait face à quelques difficultés à son travail.

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Jessica, curieuse.

Orzak lui raconta alors comment sa fiancée n’avait pas obtenu la promotion qu’elle avait tant désirée et l’état dans lequel cela l’avait mise.

- Je suis vraiment navrée de l’apprendre. J’espère qu’elle va s’en remettre.

- Tu n’as pas à t’inquiéter pour elle, Jessica. Natacha est une battante. Son patron lui a donné une opportunité de prouver de quoi elle était réellement capable et je doute qu’elle laisse une telle occasion lui filer entre les doigts.

- J’espère vraiment qu’elle va obtenir cette promotion.

- Elle va l’obtenir. J’ai confiance en ses capacités.

*

Pendant que Michael et Jessica discutaient tous les deux au téléphone, Natacha quittait le bureau de son patron sans le moindre vêtement sur le dos. Le visage dégoulinant de larmes, la jeune femme avait le regard dirigé dans le vide et se tenait alors en face de la porte d’Herman, ressassant tout ce qui venait de se produire. Barnes avait l’impression que cela n’avait été…que cela n’était qu’un horrible cauchemar, que rien ne s’était vraiment passé entre elle et son employeur. Malheureusement, le fait qu’elle tenait ses habits en main au lieu de les porter et les larmes qui coulaient incessamment le long de son visage lui firent comprendre qu’elle n’avait absolument pas rêvé et que tout ce qu’elle venait de vivre était bel et bien réel. Herman Invictus, cet homme qu’elle respectait autrefois, avait abusé d’elle de la pire des façons et c’était un fait qu’elle ne pouvait désormais ni nier ni oublier.

Toujours debout devant la porte du bureau d’Herman, Natacha ne pouvait pas alors s’empêcher de se demander ce qu’elle avait pu faire pour subir une chose pareille, ce qu’elle avait fait pour se faire violer par son employeur. Comment une simple demande de promotion avait-elle pu engendrer un acte aussi vil et inhumain que celui qu’elle venait de subir ? Barnes était complètement confuse en plus d’être humiliée au plus haut point. Son esprit essayait de trouver crédible pour justifier cela. Avait-elle par mégarde envoyé des signaux à son patron ? Des signaux qu’il aurait mal interprétés et qui lui auraient donné cette horrible idée ? Toutefois, rien ne pouvait vraiment justifier l’acte qui venait d’être commis et Barnes le savait pertinemment.

Sans se préoccuper de savoir si son étage était complètement vide, Barnes se dirigea vers les toilettes pour femmes où elle vint se placer devant un des miroirs. Ce fut à cet instant précis que la jeune femme se rendit compte de l’état pathétique dans lequel elle se trouvait. En effet, à cause de ses incessantes larmes, Natacha avait complètement ruiné son maquillage et avait désormais l’allure d’une femme que l’on venait de briser. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, ce qui accentua l’écoulement de ses larmes et la poussa à laisser tomber ses vêtements sur le sol.

Alors qu’elle observait son reflet dans le miroir, Barnes se demanda ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter un tel traitement. Une simple demande de promotion n’était pas censée engendrer de tels évènements. Natacha se dit alors qu’elle devait se rendre aux autorités, que ce que lui faisait subir son employeur était forcement illégal. Si les ressources humaines ne pouvaient pas lui venir en aide, eux au moins seraient en mesure de le faire. Toutefois, elle savait qu’en face d’elle se tenait l’un des hommes les plus puissants du pays, un homme avec des relations dans pratiquement tous les domaines. De ce fait, porter plainte contre lui était extrêmement risqué pour elle en plus de l’être pour son entourage. En parlant de son entourage, en faisant cela, elle était certaine que Herman Invictus s’en prendrait à eux en guise de revanche et elle ne pouvait pas permettre qu’une chose pareille se produise.

Une fois de plus, la jeune femme se sentait prise au piège, un piège duquel elle ne pouvait pas s’échapper. Et malheureusement, pour protéger toutes les personnes qui lui tenaient à coeur, elle n’avait d’autre choix que de continuer à souffrir des mains d’Herman Invictus. Désemparée, Natacha n’avait pas envie d’être le jouet sexuel de son patron. Ce n’était pas juste et elle n’avait rien fait pour mériter un tel châtiment. N’y avait-il vraiment rien qu’elle puisse faire afin de se sortir de cette situation ? Peut-être qu’elle devait tout simplement tout dire à son fiancé ? Celui-ci serait peut-être à même de trouver une solution à son problème. Mais faire cela risquerait de créer une autre série de problèmes qu’elle ne pourrait sans doute pas gérer. Barnes était donc toute seule devant cet homme qui semblait avoir un contrôle absolu sur sa vie.

Tandis qu’elle se tenait toujours debout devant le miroir, Natacha qui en avait marre de son reflet, de cette image pathétique qu’il lui renvoyait, ne put s’empêcher de frapper violemment la surface réfléchissante. Elle le fit sous le coup de l’émotion, mais ce simple acte entraîna certaines répercussions chez la jeune femme. En effet, au moment où son poing rentra en contact avec le miroir, non seulement ce dernier se fissura, mais elle finit également par se blesser. Barnes attrapa immédiatement un mouchoir jetable et fit de son mieux pour arrêter le saignement.

- Pourquoi ? Pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? se questionna-t-elle en voyant son sang couler.

À ce moment, Natacha remarqua qu’un bout du miroir s’était détaché du reste et traînait désormais à côté du robinet. Et tandis que la jeune femme l’observait avec insistance, une idée morbide lui vint en tête. Barnes l’avait enfin trouvée, la solution à ses problèmes, la solution pour se débarrasser d’Herman Invictus, la solution pour protéger toutes les personnes qui lui tenaient à coeur. Tout ce qu’elle avait à faire était de saisir ce morceau de miroir et de mettre fin à ses jours. C’était aussi simple que ça. En s’ôtant la vie, non seulement elle ne subirait plus les immondices de son patron, mais tous ses proches seraient également en sécurité. Il ne pourrait pas s’en prendre à eux si elle n’était plus là.

La jeune femme saisit donc le morceau de miroir, le plaça au niveau de son cou. Tout ce qui lui restait désormais à faire était de l’enfoncer et elle serait libérée de son calvaire. Toutefois, elle ne parvint pas à le faire, sa main refusait de lui obéir. Elle avait beau se forcer, mais rien à faire, son corps refusait de bouger. Natacha ferma alors ses yeux, se disant que ce serait beaucoup plus facile si elle ne se voyait pas commettre l’acte. Malheureusement, se faisant, le visage Michael lui vint en tête et Barnes ne put alors pas s’empêcher de se demander comment ses proches réagiraient quand ils viendraient à apprendre qu’elle avait soudainement mis fin à ses jours dans les toilettes de l’entreprise dans laquelle elle travaillait. Cela leur ferait sûrement un choc, d’autant plus qu’elle serait retrouvée complètement dénudée par quelqu’un.

Natacha n’avait pas envie de leur infliger une telle douleur, mais quel autre choix avait-elle ? C’était le seul moyen fiable qu’elle avait trouvé pour les protéger de l’emprise d’Herman Invictus, le seul moyen pour qu’ils aient tous des perspectives d’avenir. Ils le méritaient tous, surtout Michael, l’homme qu’elle aimait.

- Je suis désolée, Michael. Je ne suis pas aussi forte que tu le croyais, dit-elle en pensant à lui.

La main de Barnes se mit subitement à trembler tandis que son esprit se remplissait des souvenirs des merveilleux moments qu’elle avait passés avec Orzak. Elle n’avait pas envie de mourir et le laisser tout seul. Elle ne voulait pas l’abandonner et le faire souffrir avec un acte aussi égoïste. La jeune femme ne voulait pas qu’il fasse sa vie avec une autre après son départ. Il était son homme et elle voulait que cela reste ainsi pour toujours.

Natacha, qui avait finalement décidé de ne pas mettre un terme à ses jours, réouvrit ses yeux qui étaient devenus rouges à force de pleurer. Elle avait alors pris conscience qu’elle n’était qu’une lâche qui était incapable d’aller au bout des choses et qui allait continuer à souffrir des mains d’Herman Invictus. Néanmoins, c’était également cette lâcheté qui la poussa à vouloir rester auprès de son homme, Michael, cette personne qui ne méritait pas de souffrir à cause de ses actions. C’était un geste égoïste de sa part, mais cela n’avait pas d’importance. Elle l’aimait trop pour le laisser à une autre femme.

La jeune femme jeta le morceau de miroir dans la poubelle et nettoya de son mieux sa coupure ainsi que les traces de sang qu’elle avait laissées à côté du miroir. Une fois cela fait, elle commença à se rhabiller, ce qui s’avéra être une tâche émotionnellement difficile pour elle, d’atroces souvenirs envahissant son esprit. Maintenant qu’elle était complètement vêtue, il ne lui restait qu’une seule chose à régler et c’était de trouver un mensonge pour expliquer la blessure qu’elle venait de se faire. Michael allait forcément lui demander des explications et elle ne pouvait tout simplement pas lui dire la véritable raison derrière celle-ci. Barnes n’aimait pas mentir à son homme, mais elle n’avait malheureusement pas le choix. Cependant, elle avait beaucoup de mal à trouver quelque chose de plausible, d’autant plus que la coupure était située sur la partie dorsale de sa main. Ne trouvant aucune excuse sur l’instant, elle se dit qu’elle allait le faire sur le chemin du retour.

Barnes retourna à son bureau pour récupérer ses affaires et surtout pour s’emparer de sa boîte de maquillage. Elle ne pouvait pas rentrer chez elle avec la tête qu’elle avait, il fallait qu’elle arrange cela. Malheureusement au moment où elle s’apprêtait à se saisir de son sac à main, son téléphone fixe se mit brusquement à sonner. À cet instant, la jeune femme n’avait qu’une crainte et c’était que son patron la rappelle dans son bureau et demande d’autres faveurs. Natacha avait alors envie d’ignorer cet appel et s’en aller, mais parce qu’elle avait peur des conséquences qu’un tel acte pouvait engendrer, elle finit par décrocher.

- Allo, rétorqua-t-elle d’une voix fébrile.

- Mademoiselle Barnes, c’est bien que vous soyez toujours à votre poste. Votre rapport, j’ai besoin que vous me l’envoyiez.

- Monsieur, vous m’avez dit que je pouvais le finir plus tard.

- Finissez-le tout de suite et envoyez-le-moi sans tarder, ordonna-t-il avant de raccrocher.

Barnes était très déconcertée par la conversation qu’elle venait d’avoir avec son patron. Comment pouvait-il lui demander de travailler après ce qu’elle venait de subir ? N’avait-il pas la moindre idée de l’état émotionnel dans lequel il l’avait mise ? Ou n’en avait-il rien à foutre de la façon dont elle se sentait ? De son côté, Natacha ne savait même pas si elle serait en mesure de s’asseoir devant son ordinateur et finir la rédaction de son rapport. Elle n’avait pas vraiment la tête à faire ce genre de choses à cet instant. Mais d’un autre côté, elle était soulagée que la demande d’Herman Invictus ait été à titre professionnel et non pas personnel. Elle n’aurait pas pu supporter de se faire violer une seconde fois au cours de la même soirée. N’ayant donc pas le choix et étant mentalement épuisée, Natacha se mit à son poste de travail et poursuivit l’écriture de son rapport.

Une trentaine de minutes plus tard, alors que l’horloge affichait désormais 19h26, Natacha termina enfin la rédaction de son rapport et s’empressa de l’envoyer à son patron qui l’attendait avec impatience. Barnes aurait pu le finir une vingtaine de minutes plus tôt, mais écrire dans son état physique et émotionnel avait été une tâche très éprouvante ; mais elle était parvenue à faire, ce qui était la seule chose qui comptait. Étant désormais libre de toute obligation professionnelle pour le reste de la soirée et de la nuit, la jeune femme commença à ranger ses affaires. Elle le fit avec une certaine précipitation, ne voulant absolument pas que son employeur la contacte à nouveau et espérant par la même occasion que ce dernier ne le fasse pas. Barnes prit finalement la direction des cages d’ascenseur, le regard complètement livide.

Étant désormais à bord de son véhicule dans le parking sous-terrain, Barnes ne put s’empêcher de ressasser tous les évènements de la journée. Cette dernière avait été plus qu’éprouvante pour Natacha, encore plus éprouvante que la précédente. Il était alors tout à fait normal que la jeune femme affiche l’expression d’une personne qui avait perdu la chose la plus importante de toute sa vie. Cependant, elle devait trouver la force en elle afin de masquer cela, afin de ne rien laisser paraître devant l’homme qu’elle aimait. Il ne fallait absolument pas qu’il se doute de quelque chose. Et pour cela, elle devait avant tout commencer par arranger son maquillage. À cause de la soudaine demande de son employeur, elle n’était pas parvenue à le faire. Elle sortit donc ses outils de son sac à man et se mit au travail. Quelques minutes plus tard, Natacha ressemblait de nouveau à une jeune femme entreprenante et sure d’elle.

Un autre problème se posait néanmoins. En effet, Barnes n’avait pas encore trouvé une explication pour la blessure qu’elle avait sur la main. Elle était parfaitement consciente que son fiancé allait lui poser des questions à propos de ça et qu’elle ne pouvait absolument pas lui dire la vérité, cela entraînant d’autres questions qui elles-mêmes conduiraient à la découverte de son horrible secret. Il était hors de question que cela se produise, donc il était impératif pour elle de trouver une excuse. Natacha eut donc une excellente idée, et avec cette dernière en tête, elle démarra son véhicule et prit la direction de son domicile.

A suivre !!!

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