J’ai eu une nuit sombre…
La lumière s'éteint. Dès lors, l'obscurité vient m'agripper les cheveux de ses doigts osseux, formant dans mon esprit un nuage d'angoisse et de doute. Je la sens, elle est là. Toute proche. Un chuchotement venu des profondeurs de l'enfer, là où les âmes se perdent, se profile jusqu'à mon oreille. Un sifflement, une voix criarde, puis, plus rien. Seulement le silence. Un silence empli de mystères, de troubles, et de sombres prophéties qui semblent annoncer ma mort. Et voilà que devant moi, éclairée faiblement par la lune, une ombre se met à pleurer des larmes de sang. Elles dégoulinent sur son corps difforme et laissent de profonds sillons rouges, comme deux rails de chemin de fer. Un sifflement. Un train lointain, transporteur de pensées funèbres. Un cerceuil. Je me vois, les bras en croix, un bouquet de fleurs fanées contre mon coeur flétri. Le train file à toute allure, si vite que les pétales s'envolent. Ils restent un moment en suspension dans les airs, comme insensible au temps, pour se déposer délicatement sur le sol. Morts.
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