La peur se répand dans les cœurs et les esprits. Maman est au chômage. Papa le sera bientôt. La crise économique persiste, rampante et vicieuse, fait des trous dans les fins de mois. Le gouvernement est décrédibilisé. De l’autre côté de l’Atlantique, un homme pisse sur l’humanité ; c’est une enflure, certes, mais l’enflure la plus puissante du monde, bientôt. Marre, marre, marre ! Ici aussi, le peuple n’en peut plus, il veut échapper à cette lente et cruelle déchéance. Mais ! Elle est là… heureusement ? Elle seule peut les sauver ! Les petits vieux du troisième étage le disent, des étudiants collent des affiches à son effigie, ce jeune couple qui l’adule ne parle que d’elle. Ton assuré, charismatique, elle parle haut et fort, à la radio, à la télé, sur internet. Son visage blanc et assuré hante toutes les bouches des journalistes, et celle des gens. En voilà une qui a des idées nouvelles, elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, n’est-ce pas ? Elle fera vraiment bouger les choses, elle, au moins ! Le pays a besoin de changement ! Il faut renverser ce système absurde ! Cette nouvelle candidate, très vite, représente un nouvel espoir. Elle promet de redresser l’économie, le pays, elle réinventera la dignité française ! Est-elle vraiment digne de confiance ? Pourtant, ceux qui hésitent changent d’avis progressivement, cédant au ras-le-bol général. Plus ils l’entendent et plus ils la voient partout, elle, ou son ami américain, plus sa violence et son idéologie xénophobe, discriminatoire, égoïste et ethnocentriste semblent acceptables. On l’admire pour ça. Elle parle si bien ! Trop nombreux, sont ceux qui la suivent et la croient.

Cela ne vous rappelle rien ? Souvenez-vous…

L’angoisse étouffe les villes et la province. Papa est au chômage. Maman ne travaille pas. La crise économique se glisse partout et l’argent se fait démissionnaire. Le gouvernement est en échec. Et ce n’est pas mieux à l’international. Assez ! Le peuple veut rayer cette période néfaste. Il est là… heureusement ? Il va les sauver ! Les voisins le clament tous dans ce quartier de campagne. Ton assuré, il parle fort à la radio. Il éructe ! Son visage scrute les passants dans la rue, partout collé aux murs. En voilà, un qui a du charisme, lui, c’est certain, il bougera les choses ! Le pays a besoin de changement ! Il faut renverser ce système absurde ! Ce nouvel homme, très vite, représente un nouvel espoir. Il promet de redorer l’économie, le pays, l’honneur… Certains citoyens doutent encore. Est-il vraiment digne de confiance ? Pourtant, s’encourageant les uns les autres, ils le choisissent, excédés. Plus ils l’entendent à la radio, plus sa fougue, ambigüe, se banalise. Au contraire, elle devient un motif d’admiration. Les gens décident inconsciemment, de le croire.

Mille. Neuf. Cent. Trente. Trois. D’une même voix, das Volk acclame, la main levée : Heil Hitler !

Deux. Mille. Dix. Sept. La France n’est plus qu’à un pas de suivre les États-Unis dans leur chute libre. Les yeux fermés, derrière Marine Le Pen. Le franchirons-nous ?

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Née trois mois trop tard, pour cette fois, je ne pourrai pas voter. Vous qui avez le pouvoir de choisir, ne vous arrêtez pas à l’éloquence, sachez extraire le sens de chaque mot de tous ces beaux discours qui n’ont rien de nouveau, qui nous renvoient vers un passé rétrograde. Ce n’était pas « mieux avant », mais cela peut être mieux après. « Renverser la table », oui, ce sera nécessaire, mais pour un monde plus solidaire, plus pacifié, où l’air reste respirable.