Dans une grotte de la montagne des Nains, une taverne a été installée pour le repos et le repas des mages, des bardes et des soldats. C'est dans cette caverne aménagée que se passe l'histoire précédente.

L'ambiance est très médiévale. Les tables sont en bois grossier, assemblées sans soin. Alors, gare aux échardes ! La table est en bois, et si ce noble matériaux est maltraité, ou non passé au papier de verre, il peut rester des échardes ! oui, je sais, à cette singulière époque rien n'interdit le patron d'utiliser ce procédé... Ceci dit, il peut aussi demander l'aide à un mage de passage, contre un repas . Un peu de magie en échange d'un bon repas n'est pas interdit ! Un peu partout, des crânes de monstres sont empilés : des trophées rapportés par les habitués ! S'ils veulent être servis, ils doivent prouver leur bravoure. Ils participent ainsi à la décoration.

Cachée derrière de jolis mais énormes cristaux bleus, pâles et luminescent, une superbe enclume en forme de plume est une table d'appoint en cas d'affluence. Elle brille, car elle est passée à la cire pour la protéger des traces de vin, de bière ou d'autres choses plus louches.

Le tavernier, pour décorer, a suspendu aux parois des arcs oubliés par leurs propriétaires trop avinés pour les prendre avec eux. Il a rajouté des boucliers trop rouillés, hors d'usages et cabossés. Ce sont les dons de ses amis.

L'un d'eux a donné une lampe lugubre réalisée par un artisan fort habile, et très doué, qui travaille sur le marché ou dans son échoppe selon les jours. La lampe rassemble des palmes en acier, incrustées de rubis et de nacre… Trop belle pour une taverne, mais que tout le monde admire parce qu'elle est posée en évidence sur le comptoir de bois.

Le tavernier possède des chopes et des coupes variées. Les plus belles sont inspirées par les dragons : pattes de dragon en métal tenant avidement (les griffes maintiennent solidement l'admirable contenant, de peur que le patron ne vienne le retirer) un verre amovible, facilement lavable. Ainsi, si la colère envahit la salle, seuls les verres seront remplacés. Il est malin et rusé, ce tavernier. Mais l'ire des voyageurs s'apaise assez vite grâce à la présence de la jolie barde qui vit à demeure, au-dessus de la taverne dans une vielle maison vétuste et branlante, pourtant encore solide. La dame, dans sa robe longue de velours vert ourlé de galons dorés sort sa harpe antique et chante pour ramener la paix. Le silence revient...la paix et la sérénité aussi.

Elle chante le carnage des héros chassant les trolls et les gobelins, les orcs et les loups hors de la contrée. Les héros en armure de cuir ou de fer, armés de bâtons magiques, de bottes de laine chaudes et résistantes, d'épées à deux mains et de sabres. Elle chante le vol des oiseaux encourageant leurs champions, leurs défenseurs. Elle chante pour les arbres et les fleurs qui, parce que son chant est merveilleux, s'épanouissent dans les vases sur les tables.

De toute façon, elle chante tous les soirs. Chanter est son gagne-pain. Elle mangera de la soupe chaude, épaisse et odorante dans laquelle le pain est trempé, dans laquelle le lapin a cuit, attrapé dans un piège de chasseur. Ses chansons sont toujours mélodieuses et émouvantes. Les clients sont subjugués !

C'est pour l'entendre qu'ils reviennent soir après soir. Quel récital quotidien ! Et pour boire la bière brune. L'ogre sera châtié pour avoir bu plus que de raison, la bière des elfes, des nains et des hommes.