Un matin comme tant d'autres
7h42
J’émerge doucement d’un sommeil sans rêve ni cauchemar. Je me retourne et le remarque à moitié découvert. Je replace délicatement la couette jusque sur ses épaules, je n’ai pas envie qu’il attrape froid en ce glacial matin de février. Même si cela n’a plus aucune importance aujourd’hui.
Je me lève avec prudence pour ne pas le réveiller. Il mérite de profiter de sa dernière nuit en ce bas monde. Pour ma part, je n’ai jamais aimé dormir. J’ai toujours pensé que c’était une perte de temps. Je me souviens avec nostalgie de mes longues nuits blanches à écrire ce roman qui ne sera jamais publié. Un parmi tant d’autres.
Le feu est presque éteint dans l’âtre. Je le ranime avec un coup de tisonnier et y place une nouvelle bûche. Il ne lui faut pas longtemps pour repartir. J’y mets de l’eau à chauffer et prépare le dernier café de ma vie. J’aurais apprécié un nuage de lait ainsi que d’y noyer deux sucres, mais depuis les émeutes qui ont suivi les annonces des gouvernements la semaine passée, il est devenu trop dangereux de s’aventurer en ville pour en trouver.
J’enfile mon manteau et sort m’installer sur le banc devant la maison. La forêt de conifère qui s’étend dans la vallée me gratifie d’un majestueux lever de soleil en contre-jour. La brume s’élève tranquillement, laissant place à une nuée de diamants gelés étincelants.
La porte grince. Une main se pose sur mon épaule. Il me sourit et abandonne un baiser sur mes lèvres, avant de s’installer à mes côtés sans rien dire. Je pose ma tête sur son épaule et il passe son bras dans mon dos. J’espère que nous nous retrouverons dans notre vie d’après. Je l’aime tellement.
Une sirène hurle soudain au loin. Puis une seconde, une troisième. En quelques minutes, ce sont des centaines qui nous parviennent en écho. Un bourdonnement sourd s’approche, faisant décoller des nuées d’oiseaux. Je lâche ma tasse qui explose au sol tandis qu’il resserre son étreinte autour de moi. La fin est proche.
Le ciel se remplit d’une lumière rouge/orangée, funeste. Les flammes, qui viennent tout dévaster sur leur passage, envahissent l’air ambiant. Je ferme les yeux en plongeant mon visage dans son torse. Je n’ai pas le temps de souffrir.
La comète a percuté la terre.
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