Chapitre III

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- Qui es-tu? s’enquit demoiselle Nessa.

- Anselm, mademoiselle, répondit-il, le dos droit comme s’il avait avalé une pique et le regard baissé.

- Très bien, Anselm. Tu es le fils de la sorcière ?

- Cailleach, mademoiselle. Elle m’a recueilli lorsque j’étais nourisson.

Une servante apporta un plateau avec un service à thé et une grappe de raisin.

- Nul besoin de ressasser les circonstances dans lequel nous nous sommes rencontré, déclara-t-elle en servant deux tasse. Et, tu le devines, j’attend de toi une discrétion totale à propos de cette histoire.

Elle lui tendit une tasse fumante, qu’il prit polimment.

- Nous ne ferions pas l’affront à l’assistante de sa Majesté de trahir sa confiance, assura-t-il.

La femme bu une gorgé de son thé, et Anselm l’imita. La boisson était délicieusement parfumé à la menthe. Un long silence suivi, et la demoiselle finit par le rompre :

- Pourquoi travailles-tu sur le chantier ? Vous ne lisez pas l’avenir ?

- Si mademoiselle, répondit-il, mais nous manquons d’argent. Le chantier est un travail sûr et paye correctement.

- Que dirais-tu d’une place en tant qu’écuyer ? proposa demoiselle Nessa.

Anselm retint son souffle. L’armée de sa Majesté se composait de deux groupes différents : les soldats, gens du peuple qui s’engageaient et été relayés aux tâche telles que monter la garde autour du palais, patrouiller dans les villes pour maintenir l’odre ; et les chevaliers, souvent benjamins de familles nobles, qui portaient un « Ser » devant leur nom et qui était l’élite de l’armé. Ils étaient la garde rapprochée de la famille royale, partaient vers les contrés conflictuelles et menait des troupes ou escortaient les convois sensibles. Un écuyer se plaçait au service d’un chevalier et apprenait le métier en étant à ses côtés jour et nuit, et en l’aidant dans ses tâches ingrates. Cependant, si Anselm devenait écuyer, il ne pourrait pas apportez d’argent à Cailleach, ni même la voir pour veiller sur elle.

- C’est une offre inestimable, mademoiselle, mais je dois la refuser, déclina-t-il.

- Tu refuses ? s’étonna demoiselle Nessa. Tu pourrais gagner un titre, une fortune et des terres. Pourquoi donc ?

Anselm le lui expliqua, et elle réfléchit quelques secondes.

- Que voudrais-tu donc, en gage de ma confiance ? demanda la femme d’une voix douce.

- Rien d’autre que des clients, mademoiselle.

Un silence suivi. Anselm se doutait qu’elle cherchait un moyen de s’assurer sa loyauté. Enfin, elle reprit :

- La prestation de la sorcière m’a profondemment déçue. Je ne peux pas faire florir votre commerce de charlatans d’un claquement de doigts.

- Sauf votre respect, se vexa-t-il, nous ne sommes pas des charlatans. La divination est un art véritable. Si vous me le permettez, je peux réessayer de trouver les réponses à vos questions. Il me suffit d’un jeu de tarot

Demoiselle Nessa leva un sourcil peu convaincu, et appela d’un geste une servant, à qui elle demanda un jeu de carte. La servante l’apporta rapidement, et le déposa sur la table. En silence, Anselm prit les cartes et inspira. Il fit le vide dans son esprit. Cette fois, il ne s’agissait pas de séduire avec de communes déclaration quelque gens dans la rue. Il lui fallait réellement se mettre en résonnance avec les carte pour découvrir l’invisible. Il retourna d’abord trois cartes, pour le passé. Sortis le cavalier de denier à l’endroit, le monde à l’envers et le neuf de bâton à l’endroit. Et immédiatement, au-delà des significations théoriques qu’Anselm avait appris, étant enfant, il vit derrière ses cartes tout une histoire.

- Vous êtes issue d’une famille noble mais votre père s’est endetté, expliqua-t-il, perdant votre titre, votre statut et votre richesse. Vous avez pourtant travaillé dur pour retrouver un confort de vie, et vous n’avez pas perdu de vue une seule seconde votre objectif : retrouver une position sociale élevé. C’est sa Majesté en personne qui vous a sauvé, en voyant en vous une femme compétente et en vous offrant cette place d’assistante royale.

Anselm jeta un rapide coup d’œil à la demoiselle, mais son visage ne laissait s’exprimer aucune réaction. Il continua donc, et retourna pour le présent la papesse à l’envers, le diable à l’endroit et la justice à l’envers. Encore une fois, leur sens se fit clair à ses yeux.

- Vous êtes à la recherche quelque chose d’invisible, quelque chose qui ne se maîtrise pas, quelque chose de monstrueux qui fut humain que vous avez créé. Vous vous condamnez vous-même en suivant cette voie, souffla-t-il.

Enfin, il tira les trois dernière cartes.

- Vous finirez par avoir toutes les cartes en main, vous aurez enfin toutes vos réponses. Mais vous ferez des sacrifices, de lourds sacrifices, et vous vous placerez au côté d’une personne puissante, mais serez en conflit permanent avec elle, vous allez perdre cette détermination qui vous a permis d’arriver jusqu’ici. Vous serez seule, mais hors de danger. Et tout dans votre bouche aura un goût d’échec.

Demoiselle Nessa serra les lèvres.

- Tu as raison pour mon passé, admit-elle. Mais je ne suis pas à la recherche d’un être monstrueux, cependant. Et cet avenir que tu décris semble bien sombre.

- Le destin n’existe pas, rapella Anselm. Les cartes montrent simplement le futur le plus probable.

- Peu importe, déclara-t-elle en se relevant. Tu disais vouloir des clients, n’est-ce pas ? Je pense que sa Majesté Shéhérazade trouveras intéressant de te rencontrer.

La Reine ? En personne ? Anselm n’en croyait pas ses oreilles.

- Mademoiselle, c’est bien trop d’honneur, bafouilla-t-il.

- Tu veilleras à ne pas l’offenser en la dévisageant comme tu l’as fait avec ma personne, prévint-elle. Les garçons des Basses Rues finissent facilement en prison.

Anselm baissa la tête, penaud. Pourtant, il bouillait intérieurement. La Reine ! Non seulement, cette entrevue promettait un pécule plus que généreux, mais c’était aussi une chose incroyable que de pouvoir échanger avec sa Majesté en personne !

- Suis-moi donc, ordonna demoiselle Nessa en se dirigeant vers la porte.

Anselm se leva et marcha derrière la demoiselle, à une distance respectueuse. Elle le guida à travers les méandre du Palais, et il aurait rêvé de pouvoir s’attarder à chaque couloir pour observer les peintures et autres ornements qui décoraient richement les murs. Ils arrivèrent enfin devant une immense porte sculptée, où quatres chevaliers se mirent au garde à vous, et tirèrent une révérence à l’assistante royale, qui frappa à la porte. Un majordome entrouvrit un battant et passa y passa la tête, et demoiselle Nessa lui chuchota quelques mots à l’oreille. L’homme acquiesça, et les laissa entrer dans une magnifique pièce, aux plafonds si haut qu’on aurait pu empiler ici huit chevaux. Tout au bout de la pièce, longue d’au moins quinze mètres, un trône vide siégeait, unique ameublement de la salle. Ils s’avancèrent, chaque pas résonnant comme un claquement de fouet, et demoiselle Nessa lui fit signe de rester là où il était, tandis qu’elle s’en allait par une porte sur le mur de droite. La salle n’avait pas de fenêtre à proprement parler, mais il y avait de gigantesques vitraux colorés au plafonds, qui illuminait le sol de lumières changeantes, et d’énormes braseros éteint prenaient place sur les côtés. Soudain, la porte de côtés s’ouvrit en grand et un hérault apparut en clamant « Sa Majesté la reine Shéhérazade ! ».

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