Cabanon – Pomme – Merveilleux – Destin – Quartier

Laurie referma son ordinateur, fière d’elle, elle venait de réserver un petit cabanon, dans un endroit merveilleux. Elle se leva et prit son téléphone, attrapant au passage une pomme dans la corbeille à fruits. C’est la boule au ventre qu’elle envoya un message à son frère et sa sœur, les prévenant qu’ils étaient invités à passer un week-end avec elle, et surtout qu’elle avait quelqu’un à leur présenter. En couple avec une jeune femme, Laurie n’avait pas encore parlé de son orientation à sa famille. Bien qu’elle sache que Nate et Mélina prendraient bien la nouvelle, l’angoisse restait présente. Croquant dans le fruit juteux, elle s’approcha de la fenêtre et s’accouda à la balustrade de son minuscule balcon. De sa position, au troisième étage de son immeuble, Laurie avait une magnifique vue sur l’ensemble du quartier, elle aimait cet endroit, elle y vivait depuis maintenant quatre ans, et s’y plaisait énormément. Apaisée par le calme de la rue, elle se remémora sa rencontre avec Johanna, épique cette rencontre, d’ailleurs. C’est dans cette même rue que Laurie se plaisait à observer tous les jours qu’elles s’étaient vues pour la première fois, Laurie revenait du Starbucks, il était environ neuf heures et en se levant, elle avait réalisé qu’elle n’avait plus de café. Elle s’était alors dépêchée et s’était acheté un café au Starbucks. En rentrant chez elle, les mains posées sur le gobelet et perdue dans ses pensées, elle avait trébuché et renversé le contenu bouillant de la boisson sur celle qui l’avait empêchée d’embrasser le sol. Honteuse et paniquée, Laurie l’avait ramenée chez elle, lui prêtant des vêtements propres et soignant la brulure rougeâtre sur son avant-bras. En y repensant, Laurie se mit à rire, sachant très bien que Johanna ne lui en avait jamais voulu et qu’à ce moment-là, elle avait même trouvé l’embarras de Laurie, des plus amusants. Laurie en était persuadée, c’était un coup du destin, et ce jour-là, elle avait compris que Johanna serait une personne des plus importante de sa vie.

Alors qu’elle continuait à repasser en boucle ses souvenirs, elle n’entendit ni la porte s’ouvrir puis se refermer doucement, ni le pas pressé de sa petite-amie, qui vint en quelques secondes se caler contre elle. Les deux jeunes femmes restèrent un long moment l’une dans les bras de l’autre. Ce fut Laurie qui brisa ce silence apaisant.

- J’ai loué un cabanon pour la semaine, on part demain et mon frère et ma sœur nous rejoignent ce week-end, déclara-t-elle.

- Vraiment ? s’exclama Johanna, surprise de cette initiative.

- Oui, je me suis dit qu’il était temps de te présenter.

- T’es un amour, tu sais ?

- Tu me le dis souvent, mais peut-être pas assez ?

- Je t’aime, Lau’.

- Moi aussi, je t’aime, ‘Anna.