Si je mourais demain, je pourrais essayer de trouver l'amour, ce qui nécessite ma foi au moins une vie entière.

Si je mourais demain, je ferais couler de l'encre, je pourrais écrire une dernière histoire, une lettre d'adieu, une lettre de merci et une lettre de choses à faire à ma place.

Si je mourais demain, je prierais mes proches de ne pas pleurer pendant des jours car j'ai horreur du deuil et je veux que les gens soient heureux.

Si je mourais demain, peut-être que je mettrais au jour tous les non-dits que j'ai gardés, sans avoir honte ou être gênée puisque je disparaîtrais quelques heures après. Ou peut-être que je ne les dirais pas pour éviter de faire souffrir, de faire haïr ou de faire douter.

Si je devais mourir, peut-être recevriez-vous un message sur Scribay.

Si je devais mourir, peut-être aurais-je envie de grimper une dernière fois sur un mur d'escalade, faire un dernier sprint sur une piste d'athlé, toucher une dernière fois une barre asymétrique. Et sûrement aussi voudrais-je monter une ultime fois sur scène.

Si je devais mourir, je publierais l'ensemble de mon roman en cours ou bien que je confierais à quelqu'un qui saurait en faire quelque chose, je lui transmettrai mes idées, mes tas de notes concernant l'intrigue et les personnages.

Si je venais à disparaître, j'écouterais une dernière fois de la musique, je chanterais une dernière fois.

Si je venais à disparaître, je sortirais avec mes amies, je rigolerais comme n'ai jamais ri et je sortirais les blagues les plus pourries de la Terre.

Si je devais m'envoler, j'ouvrirais un bouquin pour la dernière fois, je le lirais allongée sur mon lit et je m'évaderai dans un autre monde, loin de celui duquel je dois m'effacer .

Si je devais m'envoler, je regarderais en m'élevant le paysage sous mes yeux, ce paysage qui rétrécira jusqu'à disparaître.

Si je mourais demain, j'aurais plein de choses à faire pour la simple et bonne raison qu'il y a un "si" devant. Mais lorsque ça arrivera vraiment, si ça arrive un jour, je crois qu'au lieu de faire tout ce que j'ai prévu, je resterai pleurer dans ma chambre ou éviter les gens pour ne pas avoir à supporter leurs larmes, leurs regards attristés ou condescendants, voilés comme si j'étais déjà morte.