Chapitre 10 Partie II
L'avion atterrit, et je pris un autobus qui allait me déposer à la frontière de ma région. J'arrivais non loin de chez moi, par chance j'arrivais vers l'est, un coin peu concerné généralement par les meurtres que ce soit par les affaires de drogue ou les répressions. La raison ? Aucune usine et quasiment aucun habitant. L'endroit était désert. Il était dangereux en réalité de passer par l'est, cette partie était couverte d'une forêt où sévissait une étrange race de tapir. Nombreux étaient ceux qui avaient voulu les exterminer mais on ne sut comment ils parvenaient à proliférer, une simple griffure vous insufflait une maladie, une toxine ou je ne sais quoi. Cela vous tuait en moins d'une journée. C'était risqué, mais je devais emprunter cette route. Certains parvenaient à traverser sans que rien ne leur arrive j'espérais avoir cette chance. Il me fallait quinze minutes par le chemin le plus court pour rejoindre les premières habitations.
J'avançais lentement de sorte que ma présence ne fut même pas remarquée. La seule défense que j'avais était le feu. Ils avaient quelque peur du feu. Je ramassais un bout de bois et l'embrasais avec un briquet que j'avais toujours sur moi. Tous mes sens étaient en alerte maximale. Je trainais difficilement ma valise que je comptais planquer chez la première cabane que je croiserai, cela m'encombrait plus qu'autre chose. Un craquement parvint à mes oreilles et tout mon corps se paralysa, je n'osais tourner la tête, je restais là immobile à attendre le prochain craquement où l'indice du fameux tapir mortel.
Face à moi j'apercevais la sortie de la forêt. J'apercevais au loin les premiers bidonvilles derrière le grillage qui les mettait à l'abri des menaces de la forêt. Je n'entendis pas davantage de bruit, je tournais la tête et vit qu'il n'y avait rien. Je repris mon avancée, arrivée devant le grillage je balançais ma valise par-dessus et commençais à grimper. De nouveau un craquement se fit entendre, et je vis cette fois l'ombre d'un animal commencer à charger vers moi. Je hâtais mon escalada et me jetais à temps de l'autre côté. Je ne pris même pas le temps de vérifier ce qui me poursuivais et fonça avec ma valise vers la première habitation. J'étais à deux kilomètres de chez moi.
Je connaissais beaucoup de monde ici. Je débarquais dans le premier bidonville, les résidents étaient absents. Je sursautais à l'entente d'un coup de feu. S'ensuivit une odeur de de fumée. Je me dépêchais de laisser ma valise et mon sac, je ne gardais que mon téléphone au cas où Elena me contacterait, j'attrapais un couteau de cuisine, fonça vers d'autres habitations plus haut où je savais que j'avais une chance de trouver de vieilles armes cachées en cas de crise. Je ne m'étais pas trompé. Les Bolseno avaient conservé une arme sous une dalle de leur cuisine. Leur famille était proche de la mienne et ils nous avaient parlé un jour de leur secret en cas d'attaque. Ce qui était le cas aujourd'hui mais ils n'en auraient pas besoin pour eux-mêmes.
Car en pénétrant dans leur maison, je mis malencontreusement le pied dans une flaque de sang qui ne cessait de croitre. La tuerie était récente. Je vis gîser sur le sol les corps de Joe et Carla. Un coup de poing parut me transpercer le ventre. C'était horrible à voir. Mais le pire était encore à venir. En avançant vers la cuisine je faillis m'effondrer en apercevant le cadavre de leur petit garçon Marco, une balle en pleine tête. Là je ne pus retenir mes larmes de colère et de chagrin devant ce drame. Les yeux de Marco étaient encore grands ouverts. Je me forçais à avancer vers lui, je me trainais presque, afin de refermer délicatement ses paupières. Il avait six ans. Non Elena, je ne pouvais pas me cacher avec ce qu'il se passe là devant moi.
Je sortis en trombe de la maison, rasant les murs, j'ignorais où se trouvaient les tueurs. J'avançais de plus en plus vers chez moi quand je le vis. Il se tenait à seulement dix mètres de moi, un fusil d'assaut dans les mains face à un groupe d'enfants et Elena devant eux tenant d'amadouer l'agresseur. Quel enfoiré. Toi mon vieux il est hors de question que je rate l'occasion de te mettre hors d'état de nuire. Matthéo arborait un sourire sadique aux lèvres. J'avais envie de lui en décocher un d'une lame de couteau. J'avançais discrètement parmi les feuillages qui nous séparaient. Par chance il n'y avait aucun autre tireur autour, ce qui était clairement un manque de vigilance de sa part. N'importe quelle personne armée pouvait le descendre, là, maintenant. Mais je devais m'approcher suffisamment pour ne pas rater mon coup et ne pas risquer la vie d'Elena et des enfants. Je n'étais plus qu'à quatre mètres quand j'aperçus la bosse dans la poche droite de son pantalon. Il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour comprendre que ce devait être une clé dans laquelle il avait transféré les fameux documents. Raison de plus pour ne pas foirer. Malheureusement une feuille craqua sous mes pieds au mauvais moment. Ce léger son remonta aux oreilles de Mattheo qui tiqua immédiatement. Il tourna le fusil en ma direction, il ne me voyait pas mais commençait à avancer tout en surveillant Elena et les enfants.
– Si vous tentez quoi que ce soit je les buterai avant, lança-t-il.
Je retins mon souffle et veillais à ne faire aucun bruit. Il s'approchait de plus en plus. Vas y Matthéo, vas-y fils de pute, viens vers là que je te pique cette clé et que tes victimes puissent s'enfuir. Le pire c'est qu'il continuait d'avancer comme j'imaginais le voir faire. Il n'était pas tout à fait face à l'endroit exact où je me trouvais, ce qui était parfait, car sa poche de pantalon était maintenant à portée de main. J'attrapais discrètement une pierre au sol et je ne sais comment je parvins à la jeter de façon à attirer son attention à l'opposé des enfants et d'Elena, provoquant cette fraction de seconde suffisante pour lui dérober la clé et permettre à ses cibles de courir vers la maison derrière eux. Il se retourna fissa et tira plusieurs coups. Par un cri je compris qu'un enfant fut touché, en passant par derrière pour les rejoindre dans la maison, je vis que l'un deux s'était effondré au sol, la balle était passé par l'arrière de son crâne. Cela ne fit qu'augmenter ma rage et mon énergie. En les rejoignant je ne vis pas Elena mais dis aux enfants de se coucher sur le sol. Pour ma part je restais debout derrière un mur à côté de l'embrasure de la porte qui n'était plus là. « Je t'ai reconnue ma belle ». Lança Matthéo. Il m'avait vue, l'enfoiré. Je ne répondis rien, et patientais mon arme à la main.
– Je sais que tu as pris ma clé. Combien de temps as-tu mis avant de comprendre ? Je parie que tu as d'abord soupçonné ce gars, comment s'appelle-t-il déjà, Carl ? Je te déconseille de faire quelque chose de stupide. Rends-moi cette clé, ou plus de vies que dans la maison où tu te trouves seront massacrées par ta faute.
Il marqua une pause.
– Tu as le choix, sois tu me donnes cette clé, soit c'est ton copain qui en fera les frais. Si tu crois l'avoir protégé en le laissant là-bas tu te goures. Des gars à moi lui pèteront tous les os avant de le torturer de toutes les façons imaginables si tu ne me donnes pas cette clé. Il me suffit d'un clic pour qu'ils le kidnappent alors qu'il est actuellement à l'aéroport en train de scruter le prochain avion pour te rejoindre.
Ma respiration se fit de plus en saccadée. Ce connard menaçait Carl ? La torture. Non c'était trop, j'avais envie de fondre en larmes de hurler, de décharger toutes mes balles sur lui. Mais je vis ensuite les regards des enfants apeurés tournés vers moi, et mon choix se fit rapidement. Je maintins le silence, attendis le bon moment pour le buter. Je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sortis silencieusement scruta rapidement l'écran. « Je t'aime Julia ».
– Dis au revoir à Carl.
Je fermais les yeux, et d'un coup sec pivota dans l'embrasure et tira quatre coups, mes seuls coups sur lui. Je le vis tomber à terre, il lâcha son fusil, j'accourus pour le lui prendre et avant qu'il puisse tenter le moindre geste fatal et lui tirais avec son arme entre ses deux yeux. Son visage fut rapidement recouvert de sang. Je respirais fort, essoufflée et sous le choc, je m'agenouillais par terre, saisis son téléphone. Mon souffle se coupa et je ne parvenais plus à étouffer un cri ne demandait qu'à jaillir.
Il avait appuyé sur Envoyer.
Annotations