Chapitre 9 - Le Traître

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– Carl, salut, désolé je ne t’ai pas répondu ces derniers jours j’étais vraiment à plat. On se voit plus tard, j’ai une course urgente à faire.

– Qu'est-ce qu'il se passe, tout va bien ? fit-il en m’empoisonnant de la fumée de sa cigarette.

– J’ai un reste de grippe ne t’en fais pas, j’ai une course à faire,répétais-je en rangeant mon ordinateur dans ma valise.

– Une course à faire ? Tu te fous de moi ? Je suis au courant pour ta démission. Julia parles-moi. Dit-il en me saisissant par les épaules.

– Je t’expliquerai plus tard, je n’ai pas le temps, je t’en prie ne compliques pas les choses.

– Compliquer les choses ? C’est toi qui a été évasive pendant deux semaines. Tu m’as laissé en plan.

– J’étais malade ! m’exclamais-je un peu trop fort.

– Non tu mens, je vois bien qu’il y a autre chose. Je t’en prie ne me laisses pas comme ça. Tu as le même regard que lorsqu’on qu’on s’est quittés après le restaurant.

– Je n’ai pas le temps pour ça.

– C’est par rapport à chez toi ?

– Pardon ?

D’un seul coup je me figeais. Etait-il au courant de quelque chose ? Ou était-ce une question lambda que l’on pose à quelqu’un à qui l’on tient d’habitude ? D’un seul coup je ne sus plus où donner de la tête. Je me rappelais les informations d’Elena. Quelqu’un m’avait suivi à Londres car il savait pour les documents. Et si c’était…. Tout devint plus clair, son comportement collant, son intérêt si vif pour moi, la rapidité de notre relation. Calme. Il fallait que je me contienne, si c’était vraiment lui, il ne fallait surtout pas qu’il sache que j’avais capté. Vite, inventes une excuse Julia et sois convaincante, il en va de la vie de beaucoup de monde. Il en va de la vie des tiens.

– Problème personnel, un…une vieille amie a besoin de mon aide, elle est effondrée après un deuil je pars prendre soin d ‘elle.

– Où ça ?

– Ecoutes, je n’ai pas le temps de te raconter, je la connais elle est fragile, je dois la rejoindre au plus tôt.

– Tu laisses tout tomber, tu comptes partir pour toujours ou quoi ?

– Ce sont mes affaires s’il te plait laisses moi partir, je te rappellerai mais là je ne peux pas rester plus longtemps.

– Non, fit-il.

– Lâches moi insistais-je en m’extirpant de ses bras et accourant vers les taxis.

– Et moi tu me lâches ?

– Elle a besoin de moi tu ferais pareil pour un de tes proches, fis-je en continuant d’avancer mais il fut plus rapide et se planta devant moi.

Je craignais un esclandre en pleine rue et j’étais presque sûre de ne pas avoir été convaincante avec mon histoire encore plus si j’avais l’espion en face de moi. Mais cela n’était pas logique en un sens. S’il m’avait dérobé les documents, pourquoi diable rester encore ici, il avait eu ce qu’il voulait.

– Moi aussi j’ai besoin de toi.

– Ne fais pas ça. Ça n’a rien à voir.

– Non Julia ? tu ne comprends pas s’exclama-t-il en se rapprochant de moi et me faisant lâcher mes bagages. Je ne peux pas te laisser partir. Pas sans partir moi aussi.

– Désolé mais je préfère partir seule. fis-je en toussant. La fumée de sa clope me gênait de plus en plus.

– Tu ne comprends pas, tu ne comprends rien ! Cela fait des jours que j’ai les mains moites en permanence, je n’arrive plus à me concentrer, j’ai explosé trois gars, failli finir en taule la semaine dernière car ne pas te voir me rend fou.

– Tu n’as pas le droit de me faire ce genre de chantage, dis-je les yeux maintenant véritablement embués.

Ce gars était vraiment un enfoiré, il se fichait du deuil de mon amie-même si c’était entièrement faux mais la vérité était bien pire- seul son désir lui importait. Je mentirais si je disais que je pouvais partir sans arrière-pensée. Le revoir me déchirait de l’intérieur. J’avais une furieuse envie de l’embrasser de lui dire de m’emmener loin de toute cette merde, de s’offrir une vie simple, ensemble. Mais je ne pouvais pas. C’était même inconcevable. Y avoir même pensé me rongeait de culpabilité.

Malgré tout je constatais que je l’aimais, véritablement cet enfoiré. Je doutais de plus en plus de mon inquiétude d’avoir face à moi l’espion des documents. Il paraissait vraiment sincère. Mais qui cela pouvait-il être à part lui. Je n’avais noué de lien avec personne. Ce dernier argument me mit la rage. Cela ne pouvait être que lui bon sang, j’avais envie de l’étrangler, de hurler de le frapper de m’avoir fait l’aimer alors qu’il était en train de tout détruire en moi et chez moi.

– Je t’en prie, Julia, restes. Je suis égoïste je le sais bien mais c’est la pure vérité, je ne peux pas vivre sans toi. Avant ta rencontre j’étais vide. Je ne le parais pas car je sors souvent, j’ai un groupe d’amis, j’ai toujours la pèche mais c’est de la vitrine tout ça. J’ai toujours été vide à l’intérieur. Aucune fille ne m’intéressait, je les trouvais fades, ennuyeuses et aucune ne me faisait rien ressentir. J’ai même imaginé un jour que j’avais des problèmes mentaux, ne désirer personne, ne rien ressentir à part l’euphorie des soirées arrosées, ce n’était pas normal. Puis il y a eu toi et tu m’as retiré ces doutes, ces peurs. Alors je t’en prie.

– Carl, j’aimerai rester je t’assure, j’aime aussi être avec toi mais je n’ai pas le choix, fis-je en tentant au maximum de retenir mes larmes.

Cela ne pouvait pas être lui, l’espion, c’était impossible. Je ne pouvais pas y croire. Non. Oh purée. Non. Ma gorge se serra, je faillis perdre l’équilibre et j’eus l’impression de perdre progressivement la vue pendant un instant. Ce n’était pas Carl. Ce n’était pas lui l’espion. Mais comment, n’ais-je pas pu deviner cela avant ? Le caractère observateur, la présence depuis le premier jour de cours, l’accent portugais. Oh bordel de merde.

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