Un bouquet de roses
"Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,
O mon roi
Prends comme moi racine, ou donne moi des ailes
Comme à toi !" ( Victor Hugo)
"Encore une journée, encore un jour, encore un bouquet à distribuer. Quand pourrais-je arrêter cette folie ? Quand me relâcheras-tu, ô Lucifer, prince des démons ?
Je suis lasse de faire ta sale besogne ! Il est vrai que nous avons conclu un pacte et que je suis tenue de répondre à tes moindre désirs, si je veux revoir un jour l'être cher à mon coeur.
Ramener autant d'âmes te sert-il vraiment à quelque chose, dis-moi ? Pourquoi ne pas laisser ces humains en paix ? Qu'ont-ils fait pour mériter ton courroux ?
Et moi dans tout ça, ne t'ai-je pas fidèlement servi toutes ces années durant ? Quelle horreur dois-je encore accomplir pour que tu daignes enfin assouvir mon désir.
Tu sais que je l'attends et pourtant tu prends tout ton temps.
Ô Lucifer, gardien des enfers, maître de la nuit, n'as-tu dont aucun sentiment ?
- Patience, chère enfant de la nuit, patience, ton tour arrivera bientôt, ma malédiction touche à sa fin et quand tu auras offert tous ces bouquets roses alors, je te restiturai l'âme de celui qui t'a tant manqué. Répondit le démon en montrant un champ de roses presque vide.
- Mais, je t'ai déjà servi bravement, je t'ai prêté mon don, mon enveloppe charnelle, j'ai cédé à tes envies meurtrières, pourquoi me faire encore patienter ?
- Parce que je ne trouve pas meilleure fleuriste que toi, belle jeune fille aux yeux azur. J'ai commencé à ternir ton innocence et je tiens à souiller la moindre parcelle de ton âme. Je veux faire de toi une parfaite princesse des enfers.
- Tu sais très bien que je ne siègerais jamais à tes côtés et que dès que tu me le rendras, je repartirais et reprendrais le cours de ma vie.
- Crois-tu qu'après tous les meurtres que tu as commis sous le pseudonyme de la fleuriste, tu pourras reprendre ta vie ? Tu rêves ma pauvre amie. Ta place est ici, à mes côtés. Il ne tiens qu'à toi de le réaliser.
À ces mots, il tira sur les lourdes chaînes qui retenaient la jeune fille, il arpenta le champ de fleurs et composa un nouveau bouquets de roses rouges qu'il lui tendit.
Sur les joues de la jeune fille, des larmes fuligineuses coulèrent. Son âme, bafouée par ses meurtres, ne pouvait plus être purifiée. Et pourtant, en elle subsistait un infime espoir de rédemption. Elle désirait secrètement revoir la Lune se lever.
Malheureusement, ce ne serait pas pour aujourd'hui. La jeune fille s'éclipsa pour laisser place à la fleuriste...
Lorsqu'elle franchit les portes du palais, le rire sardonique de Lucifer résonna à ses oreilles. Un murmure glacial vint s'y ajouter :
- Tu ne pourras jamais m'échapper... "
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