Progression Hostile
Je savais qu'un jour je ne pourrais plus y échapper. Après être parvenue à me défiler tant de fois, je suis au pied du mur. C'est mon tour, tous comptent sur moi, je pivote vers Alain, qui hoche la tête et me sourit, son regard semble me dire : "Courage !"
Bernadette, pour sa part, me toise avec mépris. Ses yeux sombres s'emplissent d'ironie et me défient : "Vas-tu encore une fois faire preuve de lâcheté ?". Je déglutis péniblement. Mes yeux glissent vers Léon, qui ignore ma supplication silencieuse. Il désigne simplement la porte en se taisant. J'abdique définitivement. J'attrape le sac, la porte s'ouvre, les gongs grincent sinistrement. Enfin je franchis le seuil de ma demeure. La porte claque derrière moi, je sursaute, mon cœur s'affole... L'obscurité m'enveloppe. Les odeurs d'humidité et de moisissures de ce long boyau obscur où je viens d'être projetée, me submergent. Je reste immobile tétanisée par la frayeur, mon instinct me hurle de rebrousser chemin. Je serre les dents ainsi que ma prise sur le sac en me disant : "Non, je dois affronter ma peur !"
Le corps raide, le pas incertain, j'avance. Mes yeux commencent à s'habituer à la pénombre. J'aperçois mon but au bout du couloir. Je dois y parvenir afin d'effectuer mon devoir envers mes amis : Alain, Bernadette, Léon, ils ont confiance en moi ; j'accélère, mon rythme cardiaque aussi, néanmoins je tiens bon. J'entends une sorte de couinement, quelque chose file entre mes jambes, un cri aigu s'échappe de mes lèvres, une sueur froide coule le long de ma colonne vertébrale. Le silence s'installe à nouveau, je suis à deux doigts de retourner sur mes pas, mais je me fais violence, je reprends ma marche. L'instant fatidique approche, ça y est, je suis proche de prouver que je ne suis pas une couarde. Je pose une main sur la poignée ronde en ferraille, je la tourne, la porte crisse horriblement, je suis en nage. Elle s'ouvre brusquement, des relents nauséabonds se précipitent sur moi, je fronce le nez de dégout, mais je rentre dans le réduit ; là, je jette plus que je ne pose le sac que je tiens dans mes mains dans un conteneur ouvert, puis sans demander mon reste, je m'enfuis en courant, en refermant le battant sur lequel est écrit : Local à Poubelles !
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