Chapitre 10

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Je m’attardai sur la silhouette d’Aelina lorsqu’une voix me rappela à la réalité :

  • Bonsoir Nat'.

Je sursautai et répondis : 

  • Bonsoir, Eléana, comment vas-tu ? J’aime beaucoup ta tenue, réussis-je à articuler.

Mon rendez-vous venait d’arriver. Eléana se tenait devant moi. Elle portait une robe rose pâle en mousseline, ses cheveux étaient relevés en un chignon banane et retenus par une élégante pince en perles nacrées. Pour les bijoux, elle avait choisi une parure en or blanc avec un pendentif en forme de croix sertie de petits diamants et des boucles d’oreilles assorties. Sa pochette en cuir beige rosé se mariait très bien avec son impair couleur caramel. Je devais reconnaître qu’elle était très jolie. On voyait bien qu’elle venait d’une famille riche comme Aelina et qu’elle avait un certain sens de la mode. Si seulement elle pouvait être aussi agréable que sa tenue !

  • Je te remercie. Où allons-nous ?
  • Je pense t’emmener chez Maxim’s dans la rue Royale. Cela te convient-il ?
  • Pas de problème. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée manger là-bas.

Bien sûr, ce n’était pas moi qui l’avais invitée. (À vrai dire, j’aurais préféré inviter quelqu’un d’autre.) Mais, comme nos parents s’entendaient très bien et travaillaient dans la même entreprise, j’étais bien obligé d’accepter. En plus, j’étais célibataire et selon
ma mère, il me fallait une personne comme elle. Le problème, c’était que pour moi elle n’était rien de plus qu’une amie d’enfance et j’avais beau le dire et le redire à mes géniteurs, ils ne voulaient pas changer d’avis. Et puis après ce que j’avais vécu pendant mes études, je n’avais plus envie de me lier à une fille. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle pendant longtemps j’avais collectionné les aventures sans lendemain. Cependant, cette fantaisie avait touché à sa fin.

  • On y va ? demanda Eléana.
  • Oui, allons-y. Acquiesçai-je .

En vrai gentleman, je lui proposai mon bras et la dirigeai en direction du métro qui menait à la rue Royale. Comme il faisait encore doux pour un soir de septembre, nous décidâmes de passer par le jardin des tuileries et de descendre à pied la place Concorde. À la fin des festivités, alors que je raccompagnai Eléana chez elle, le tatouage sur mon bras brilla.

En effet, chaque ange possédait un tatouage. Comme les ailes, il était différent en fonction de leur statut. Je portai une croix, signe que j’appartenais aux archanges, les créatures les plus proches de Dieu et aussi les plus puissantes. Ce tatouage servait à nous prévenir qu’un ou plusieurs humains avaient besoin de notre aide. Généralement, il était accompagné de suppliques, que l’on nous communiquait par télépathie. Alors que j’avoisinais la rue adjacente à celle d’Eléana, la lumière s’intensifia. Paniqué à l’idée qu’elle pourrait découvrir mon secret, je tentai tant bien que mal de le dissimuler derrière mon dos. J’abrégeai les au revoir et une fois qu’elle fut rentrée, je relevai ma manche et suivis les prières qui résonnaient dans mon esprit. Elles me menèrent dans une allée sombre et étroite. Je m’arrêtai pour m’orienter. C’est à ce moment que j’entendis des cris :

  • Au secours ! Aidez-nous !

Je tendis l’oreille. Ça ressemblait à une voix d’enfant. Un deuxième cri plus aigu perça le silence de la nuit.

  • S’il vous plait. À l’aide !

Je suivis le son en courant et arrivai quelques mètres plus loin. Tapi dans l’ombre, j’observai la scène. Un groupe d’hommes était en train d’agresser deux gamins :

  • Rends-moi ce que tu m’as volé ! Sale gosse ! gronda l’un d’eux.
  • Je n’ai rien volé, je vous ai donné tout ce que nous avons gagné ! criait un jeune garçon.

Alors comme ça, ils employaient des enfants pour faire la manche et ils leur prenaient leur argent. Je me concentrai sur leurs pensées pour tenter d’en apprendre un peu plus. Ils étaient également des proxénètes. Eh bien, c’était du joli. De belles âmes prêtes à brûler en Enfer. Soudain, j’entendis un fracas, puis des vociférations :

  • Aaah ! Arrêtez ! Lâchez-moi ! Sales brutes ! hurlait le garçonnet.
  • Tu vas te taire ! De toute façon, il n’y a personne ici ! Nous sommes seuls.

Il était temps d’intervenir. Je bondis hors de ma cachette et m’interposai entre le groupe d’hommes et l’enfant :

  • Hé ! il vous a dit qu’il vous avait tout donné, alors laissez-le partir et il ne vous arrivera rien. Déclarai-je sur un ton que je voulais calme.

Les individus éclatèrent de rire :

  • Bouhahaha ! Tu vas nous faire quoi ? Nous arrêter peut-être ?
  • Deuxième fois ! Dégagez et je ferai preuve de clémence ! tonnai-je.
  • C’est ça ! Et tu crois qu’on va t’écouter. Regarde-toi ! Tu es seul contre nous quatre.
  • Oh mon dieu, seul contre quatre hommes ! Je suis terriblement effrayé ! ironisai-je.
  • C’est qu’il commence à me casser les couilles, le minet là ! ajouta l’un d’eux.
  • Ouais ! Si on se le faisait, hein ? Ça fait longtemps que je n’ai pas bouffé du minet moi ! continua un deuxième.

Le premier type parut réfléchir un moment, puis il dit :

  • Allez, les gars ! Démolissez-le-moi !

Les trois autres hommes s’avancèrent vers moi, les poings levés. L’un d’eux accéléra et essaya de me donner un uppercut. Je parai le coup sans fournir le moindre effort. Je me replaçai devant le petit garçon, toujours aussi calme. Je détestai avoir recours à la violence, mais il allait falloir que j’oublie mes principes. Les autres tentèrent également de me frapper. Je les esquivai un par un en glissant entre les baffes. Ils reculèrent un moment, scrutèrent les alentours et revinrent à la charge. Je bloquai les coups à l’aide de mes mains. Gauche, droite, en haut, en bas. Puis je leur coinçai les poignets et les envoyai au tapis d’un simple revers. J’étais à peine essoufflé, mais ils commençaient à sérieusement m’énerver.

  • C’est qu’il est coriace ! ajouta le plus maigre d’entre eux. Attends un peu toi !! Tu vas bientôt bouffer les pissenlits par la racine, enfoiré !
  • Cause toujours ! répondis-je.

Je me mis en position de combat et provoquai l’homme. Il fulmina et accourut vers moi. Il tenta de m’envoyer une droite, mais je bloquai son poing ; un craquement sinistre résonna, je venais de lui briser les os.

  • Aaaaah ! hurla-t-il. Putain, connard !!! Tu vas crever ! Fais tes prières.
  • Bon, fini de jouer maintenant ! Vous m’agacez !

Je déployai mes ailes et fis jaillir un éclair de ma main qui les propulsa à terre. Leurs corps se convulsèrent sous l’effet de mon pouvoir et leurs yeux devinrent vitreux. Je lançai une deuxième vague et un halo les encercla. À présent, on ne les voyait plus, seuls leurs cris indiquaient leur présence.

  • Ouahhhh ! Aïe. Mais c’est quoi, ce bordel ? Eh mec, tu m’as fait quoi là ? Ça fait mal putain !
  • C’est ce que vous avez fait subir aux gens ! Voici un bref résumé de tous les crimes que vous avez commis.
  • Arrête ça tout de suite !! haletaient-ils.
  • Seule la grâce des anges apaisera vos souffrances. Repentez-vous devant eux et vous serez libérés.
  • Tu peux crever !! On te retrouvera connard et on te butera. Plutôt mourir que de demander pardon !
  • Vous ne semblez pas décidé à vous faire pardonner, dommage. Saluez Lucifer pour moi.

La lumière s’étendit sur toute la rue et ouvrit un précipice, dans lequel les quatre inconnus tombèrent en hurlant. L’abysse se referma et le halo cessa de briller.

  • Ils ne trouveront jamais le repos éternel. Misérables humains !

Je me tournai à présent vers l’enfant. Il semblait méfiant.

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