Une dernière tempête
Bercé par le mouvement des vagues, je somnole sur le bâteau. Le bruit léger des mouettes résonnent dans mes oreilles et le ciel gris ardoise me prévient l'approche d'une tempête mais je m'en moque: je n'ai jamais eu de problème en mer et j'en aurai jamais car Dieu est avec moi. Sur ma chaise, je remarque que les oiseaux partent vers le sud et que la plaine bleu qui s'entendait à mes yeux commence à s'agiter. Je tourne la tête un siège rose pâle à côté de moi. La propriétaire de cet objet est ma femme et elle n'est plus de ce monde désormais. Elle ne se souvenait de rien, plus de la fille qu'elle avait, ni du mari que j'étais. Je venais chaques semaines, on jouait aux cartes et je priais pour qu'elle se rappelle de tout: des soirées que l'on a passé, des temps de jeu avec ses enfants, de l'amour que tout ses proches lui apportaient. Mais rien ni fit, les jours, les semaines, les mois et les années passèrent sans aucun changement pour le plus grand désespoir. Ses yeux brumeux et vides me rendait plus triste de jours en jours. Elle ne réagissait plus quand je l'appelais "ma rose", sa fleur préférée: elle en portait tout le temps une sur ses chemises, toujours du côté droit, comme si l'endroit avait une importance. Mon regard s'éternise sur la chaise de ma femme, je soupire, comme si la regarder intensément la ferait apparaître... C'est sur cette pensée que je me leva pour aller chercher des appâts de pêche dans la cabine. Le bateau tanguait beaucoup rendant la tâche encore plus compliqué car l'arthrose était déjà un énorme fardeau. Petit pas par petit pas, j'arrive enfin à mon point d'arrivée. Je pousse avec difficulté la porte, la pauvre, ça fait dix ans que je ne l'ai pas huilée, alors comme moi, elle se fait vieille. Soudain, une énorme vague s'abat sur la chaloupe faisant tanguer tout le bâteau. Je tombis par terre et me prit le bord d'une table. La vieille porte de la cabine se referma d'un coup sec. J'écarquille les yeux, il ne faut surtout que je reste là dedans. J'essaye de me relever sans trop de convictions, le bateau se balançait violemment et les meubles bougeais au même rythme tel un bal effréné. Une fois debout, je me dirige vers la sortie, je baisse la poignée mais la porte rouillée refuse de s'ouvrir et je comprend, elle s'était refermée trop brutalement tout à l'heure. Je me précipite vers la fenêtre dans l'espoir de pouvoir la briser, puis je la vois, elle, la chose qui me donnerait la mort. Une vague de quatre mètre se rapprochait à grande vitesse et elle prenait de la hauteur à chaque seconde. Je pense à mon âge, cent ans, j'ai vécu un siècle, je suis satisfait de la vie que j'ai mené, et ma seule et unique compagne est partie. La vague passe par dessus le bateau, le retournant totalement. Ma tête cogne le mur et me rend étourdie, la fenêtre ne tarde pas à se briser, faisant entrer l'eau dans la cabine tel un lâcher de taureaux dans les rues de Cordoue. Le niveau monte rapidement, les genoux, le ventre, les épaules, la bouche puis mon nez sont noyés dans l'eau. Je laisse mes poumons se faire submerger et je ferme les yeux. Mon esprit quitte mon corps et je vois juste ma femme qui m'attend dehors...
On ne retrouva jamais la chaloupe, ni la dépouille du vieille homme. La seul chose que l'on retrouva est une chemise avec une rose attachée au coté droit...
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