« Tu seras imprévisible, un jour pleuvra l'autre sera sec. »

La pluie noie de ses larmes froides le monde. Les gouttes d'eau frappent les arbres et le sol. Malgré ce déluge, une jeune enfant ne se déloge pas d'un banc. Un peu à l'abri grâce à un vieux chêne, elle observe de ses grands yeux marron les passants. Tous courent pour se réfugier des humeurs du temps. Certains se protègent du temps maussade sous un parapluie, d'autres sous un attaché-case ou une veste. Personne ne remarque la fillette à l'imperméable jaune.

« Tes jours seront courts. »

Un rayon de soleil perce brièvement le ciel nuageux. Il se couche, offrant une teinte orangé-rose au ciel avant que la noirceur bleutée de la nuit ne parvienne jusqu'au petit banc. La nuit s'installe. La petite fille reste figée sur place. La pluie a cessé. L'eau imbibe ses cheveux roux. De ses mains pâles aux douces éphélides, elle essore sa chevelure. Elle contemple le ciel, les nuages cèdent aux étoiles qui piquent le manteau de la nuit d'éclats tendres.

« Ton feuillage quittera sa verdure pour le rouge, le jaune puis le brun avant de s'échouer au sol. »

Les arbres du parc portent toutes des couleurs en harmonie. Certains ont leurs feuilles entièrement rouges, d'autres jaunes et quelques-uns brunes. Le vent se lève, s'engouffrant entre les branches. La fille se lève, le tapis de feuilles mortes craque sous ses pieds chaussés de bottes en caoutchouc jaunes.

« Tu seras « Automne ». »

Elle regarde ses mains, sourit. Le vent s'élève et se tortille autour d'elle. Les feuilles dansent de leur corps chatoyant. Puis, le calme revient. La mini tornade a disparu avec l'enfant.