UN - 2
Je ne dors pas. Je ne rêve pas. Je suis au pied d'un énorme chêne au pied duquel sont tombées quantité de feuilles roussies, jaunies et dorées. Sous mes pas les brindilles craquent. Je ne comprends pas : je suis à Paris et pourtant, devant moi, je peux toucher l'écorce rugueuse. Excepté dans les parcs et jardins, je n'en trouve pas en ville, plantés en rangs d'oignon le long des troittoirs gris.
Alors où ai-je bien pu atterrir ? A quel moment ma promenade nocturne a bifurqué vers une destination aussi loufoque, aussi étrange ? Que vais-je bien pouvoir faire pour attendre le lever du soleil ?
Je contourne le tronc puisqu'il est si gros que mes deux mains ne se rencontrent pas quand je lui prodigue un câlin ! Je n'y peux rien! C'est la méthode utilisée dans notre famille pour déterminer la taille des troncs. Ca et le jeu de cache-cache ! Mais dans le noir absolu, cette seconde méthode est absolument inutile ! D'ailleurs, jouer avec qui ? Mon double maléfique. Oui. Sans doute. Cependant, à cette heure si tardive, il dort en ronflant!
Me voilà bien ! Après un quart de tour, je sens sous ma main une place lisse, comme si elle était très usée, après un usage répété et régulier. Dans le noir, les oreilles aux aguets, (l'oeil ne sert à rien à ce niveau d'obscurité !) je promène ma main sur le bois pour en déterminer la surface. Après une inspection minutieuse du bout agile de mes doigts me permet de sentir que c'est du bois. Aucun doute. De plus, ma joue frotte sur le bois et je peux humer cette odeur de feuilles mouillées, de bois vert et... et... de fumée de cheminée !
Voilà qui n'a aucun sens ! Mais quel est donc ce nouveau tour de mon imagination fertile ? Je rêve éveillée, ce n'est pas possible autrement ! J'ai froid et je rêve d'un bon feu dans un âtre bien chaud !
Je continue ma prospection des renseignements. Soudain, je rencontre un élément incongru qui n'a rien à faire sur un arbre : une poignée de porte ! Pas un bouton de porte, non, cette poignée si pratique aux chiens domestiques décidés à venir réveiller les maîtres. Un coup de museau et la porte miraculeusement s'ouvre, libérant le passage...Bref une poignée de porte est sous ma main. Que faire ? En génral, dans la vraie vie, on se questionne, on active un peu sa jugeotte !
Hé bien moi, je ne songe à rien ! Je l'actionne. Aussitôt un grand rayon de lumière m'éclabousse. HA ! Encore un truc louche ! Naturellement puisqu'il est dans mon habitude de plonger dans les embrouilles les plus poétiques ! De toute façon, il est trop tard pour me dégonfler :
- Alors ! Tu entres ou tu refermes cette porte ! Mais tu te dépêches de te décider !
La voix est grave et chantante. Elle provient de la lumière éclatante venant de l'intérieur du chêne. Enfin ! je suis morte ! et je vais voir le Créateur de toutes choses. Enfin, c'est contraire à l'enseignement théologique ! Le Dieu de Toute Chose ne vit pas dans un arbre !
Donc je ne suis pas morte ! Voilà une bonne nouvelle. Qui en vaut une autre. C'est habité ! Soudain, je sens une présence derrière moi et brusquement je suis poussée en avant et je tombe la tête la première dans un glissoir en ivoire ! Mais c'est quoi cette histoire ?
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