Il fait nuit noire. L'air est doux. Assise au bord du lac, sur des pierres plates, je regarde l'onde pure, sans rides, refléter la lune. Le silence règne. Et de temps à autres, il est troublé par la respiration de la nature : une chouette hulule, au loin. Un hibou lui répond. Quelques fois, un doux clapotis trouble ma réflexion ! Une grenouille est remontée à la surface et saute sur un rocher affleurant le miroir liquide. Pas de nuage. Pas d'avion la nuit, traçant sa route pour des contrées lointaines. Pas de moteur vrombissant sinistrement dans la noire obscurité. Seulement des crapauds et les mulots qui discutent au point d'eau.

Les arbres, au bord du flot, au loin, silhouettes sombres se détachant, éclairées par le spot lunaire, ploient sous le poids des ans...et des feuilles. C'est admirable. Soudain PLIC ! Une feuille se détache de sa branche et tourbillonnant, se noie dan l'onde sombre, produisant ces cercles concentriques caractéristiques s'éloignant du point d'impact pour atteindre le reste du lac.

Une feuille noire, comme l'encre, comme la nuit parce qu'à cette période où seule la lune luit, tout n'est que noirceur et sommeil. Ce n'est pas parce que j'ai sursauté que j'ai peur ! Non, c'est la surprise : j'ai remarqué un poète, au loin, en plein milieu de l'étendue, assis sur un rocher. Comment est-il parvenu à ce point, sans bateau, sans nager, sans troubler l'eau ? Je l'ignore...C'était l'ombre d'un nuage qui me montra ma solitude. Ah ! Lac Noir, tu m'attires ! Tu es étrange, tu es magique. Assemblage de gouttes d'eau, la nuit tu es si différent de l'eau claire baignée par l'astre du jour.

Voilà encore une production inspirée par le Lac de Lamartine que je viens de relire...Il me rappelle une émotion alors que j'étais au Lac d'Issarlès, en Ardèche. Vielle poésie apprise dans mon enfance qui resurgit brusquement alors que je consultais le grand livre de poésie de mon fils, livre ouvert par hasard. Et je suis d'humeur poète, ce soir.