Le monde des Ours - deux
Le Président a trouvé deux drôles d'intruses. Il recherche le problème : voici la suite...
- Tu n'es manifestement pas une poule ! Une tigresse certainement ! Oh ! Mais je vois tes ailes ! Tu es une fée ! C'est cela ! Une fée ! Toi aussi, viens avec moi, Petit Ourse, et montre-moi tes ailes !
- Tu es un Papa...Tu as des ours chez toi ? Je veux les voir ! exigea Mademoiselle Poule.
- Je suis un Papa...mais je n'ai pas d'ours. J'ai des enfants. Grands. Qui eux, ont leurs bébés et l'un d'eux est bien « l'ours de son Papa » et la sœur est la Nounoursette. Ils seront là pour les vacances. Il n'y a pas d'école dans le Royaume des fées ?
Pour toute réponse, elles sautillèrent autour de lui.
- Moi, je suis la fée des Poules et elle, c'est la fée des Ours…
- Alors, mes huissiers en pingouins, c'est vous !
- Ben oui, ils aiment être des manchots ! Et cette maison est très triste. Il manque des ours et des poules. On doit lui en rajouter.
- Tu veux déguiser les dames et les messieurs en ours, en poules et en coqs ?
- Ben, oui ! C'est pour la fête : tout le monde danse et chante !
- Un ours chanteur ? Je n'en ai jamais vu.
- Ben, c'est normal ! T'es un grand ! Tu crois à rien !
- Voui. La puissance de la pensée et de l'imagination renverse toutes les tables.
- T'as vu tes nappes ? Elles sont la neige ta table, c'est notre cabane...Tu la reconnais pas, hein ?
- Non, en effet ! Vous êtes deux petites douées. J'ai décidé de m'occuper de vous. J'ai fini de travailler pour aujourd’hui. Voulez-vous visiter ma grande maison ?
- Oui ! Pour rencontrer des poules et des ours !
- Ça va être biennnn !
Le Président prend leurs mignonnes petites mains potelées. Les habitants levèrent bien les sourcils mais entendant leur patron discuter tranquillement ne dirent rien. Pour la première fois depuis bien longtemps, il était aimable avec ses subalternes. Il était presque joyeux. Il sut qu'il devait leur montrer le Parc...et la mare aux canards où nageaient seulement un cygne et un canard, moroses.
- Ben, dis donc, on s'ennuie, chez toi ! Regarde, tes oiseaux, ils n'ont rien à faire, remarqua Poule.
- Oui, tu as raison. Il faut arranger cela, répondit Ourse.
C'est pourquoi, elles secouèrent leurs baguettes magiques et firent tomber de la poussière d'étoile...Tout, tout de suite eut l'air plus gai, plus coloré et tellement improbable : des troncs roses, des feuilles rouges, de l'or en guise d'eau des canards, des poissons rouges énormes. Et la mare...ce n'était décidément plus une mare ! Jugez plutôt ! Un joli lac heu rectangulaire de taille olympique !
- Hé, Canard ! Tu vas pouvoir t’entraîner pour les Jeux Olympiques des oiseaux ! On prépare ça chez mon Papa, le roi des fées.
- Vous préparez des J.O. pour les animaux, au Royaume des fées ? demanda le Président.
- Ben oui, vous le faites bien pour les bipèdes !
- On voit que t'as jamais vu une autruche gagner la course ! Même que notre carrosse est tiré par les autruches les plus rapides.
- Votre arrangement de mon parc est très joli. Mais les jardiniers n'aimeront pas. Ce ne sont pas des couleurs raisonnables ni très convenables pour une maison sérieuse comme la mienne. J'aime assez les fleurs rouges aux tiges bleues ! Et ces boules argentées qui flottent mollement sur mon bassin. J'aime beaucoup aussi ces coffres bourrés de surprises, de si jolis petits objets et sujets en verre.
- On peut aller ailleurs et chercher les poules dont t'as parlé ? demanda soudain Poule.
- Oh ! Regarde, là ! La grosse poule bleue !
- Non ! C'est un vase ramené par Napoléon.
- C'est qui ?
- Un de ceux qui ont habité là avant moi...
- T'as vu, Ourse, là, dans le couloir ? Un ours blanc ?
- Heu, lui, c'était le chef cuisinier…
- Ah ! Ben tant pis, tu mangeras pas ce soir !
Ils se promenèrent, les petites fées transformant tout sur leur passage. C'est bien simple, tout était devenu une annexe de la forêt avec sapins, pommes de pin, chênes et marronniers. Ils finirent par rester les seuls bipèdes parmi une colonie de pingouins, un gros groupe d'ours, et une basse-cour bien fournie en poules et coqs.
La nuit était tombée depuis longtemps quand elle remarquèrent les lueurs de la ville par les fenêtres. Elles soupirèrent. Il fallait partir. Un baiser sur la joue du Président et elles disparurent dans un tourbillon de lumière.
- Monsieur ? Et pour la signature du décret ?
- Ah oui ! Vous avez vu, Delphine, il neige !
- Il était temps, Monsieur le Président, l'hiver est enfin arrivé...Allons voir les décorations et vous devez signer l'autorisation de suspension.
Les sapins, la cabane, étaient disposés comme dans son aventure, en compagnie des mêmes nains mécaniques. Un songe prémonitoire ? Jusqu'aux animaux en peluches destinés à sensibiliser les enfants du personnel au destin de notre planète ; pingouins, manchots, ours blancs et bruns, poules et canards...Quel réalisme.
Janvier 2019
Fin
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