L’Île qui n’existait pas - DEUX
Nous sommes dans un phare, mes cinq compagnons et moi, sur une drôle d’île. Je pressens que ce ne sera pas une partie de campagne. Une campagne militaire ? Pas sûr ! Une île créée par mes Cousins pour un exercice de survie grandeur nature ? Et s’ils nous oubliaient ?
- Patronne, cesse de penser tout haut ! C’est horripilant. Et non ! Ils ne sont pas « comme ça » ! On assure LEUR SPECTACLE ! Ils ne vont pas se priver d’une source régulière de rires !
- Sûr ! Ils aiment se moquer de nous. On a vu des tortures pires que les leurs…
- Bon, bon d’accord. Mais on ne peut pas rester ici : on va devenir dingos avec ces vagues. Même si ce phare me semble indestructible.
- C’est qui, qui l’a construit ?
- Laissez Kiki tranquille !
- Oups ! Je veux dire qui l’a érigé ?
- À tous les coups, Athéna et Poséidon sont dans le coup ! Ils ont confié le job à un Homme.
- On devrait monter au sommet pour examiner la lentille et voir si on peut l’allumer. C’est peut-être ça la quête : allumer le phare pour calmer la mer…
L’idée qui ne venait pas de moi, me parut excellente. Et je leur expliquai qu’il était inutile de monter le matos puisque nous repartirions le lendemain. Au sommet, nous n’étions pas d’accord sur le nombre de marches. Lewis en compta 224, Paulus avait arrêté après 230. Quant à moi, j’étais certaine d’en avoir gravi 307… Pourquoi une telle différence ? Mystère. Encore un truc à expliquer. C’était un peu lassant de devoir toujours élucider des énigmes.
Quoi qu’il en soit, la vue était imprenable dans la verrière. Entre deux vagues, on voyait loin. Chose incroyable, nous n’étions pas terrifiés par ces masses d’eau qui s’obstinaient à agresser la construction. Sans doute était-ce lié au sort de protection que je ressentais. J’en parlai à mes compagnons qui eu aussi avaient eu cette impression. Donc notre situation n’était pas catastrophique.
La mer semblait régulière, dans son déchaînement. Elle nous laissait regarder chacun dans une direction. Équipés de jumelles, nous scrutions l’horizon. Nous, disons plutôt eux. Lewis, sans y toucher, m’ordonna de m’occuper du problème de la lentille, si nous souhaitions pouvoir peut-être dormir dans le calme.
Je trouvais, bien rangés, des rondins de bois avec un petit mot sentant la mer. L’encre était marine. Sans jeux de mots !
Bois magique pour allumer la lanterne.
Prière d’en laisser au moins un pour
le renouvellement automatique.
Poséidon avait signé le mot. Il laissait entendre que si toute la réserve était utilisée, il faudrait aller à la corvée de bois… Un exercice pas vraiment folichon, si vous voulez mon avis. Ils étaient occupés avec leurs observations, tant mieux ! Je n’aurais pas ainsi leurs commentaires sur ce que je prévoyais.
Personne n’avait d’allumettes ni de papier journal, encore moins un Cracheur de feu de poche ! Je n’avais pas trouvé de silex donc il ne me restait qu’une seule chose à faire. En douce, je castai une petite boule de feu que je projetai sur mon tas de bois, dans le foyer. BLOUF ! Les bûches s’enflammèrent. La surprise les fit se retourner. Lewis leva un sourcil incrédule puis se reprit. Son air blasé indiqua qu’il n’était pas dupe de la méthode utilisée.
Paulus, Bérénice, Nawel et Johnny, eux, ignoraient mes aptitudes secrètes. Ils étaient terrifiés. Je compris qu’ils pensaient que tout ce qui courait sur mon compte était faux ! Ils devraient se rendre à l’évidence. À ma légende, il existait un fondement.
Brusquement, comme une chape de béton, le silence tomba. Les lames gigantesques comme miraculeusement, se muèrent en simples vagues se heurtant aux obstacles naturels.
- Une bonne chose de faite, murmura le vent entre ses dents. Vous voilà en sécurité. Seuls des Mortels pouvaient faire ça.
- Ah ? Je suis donc devenue soudainement mortelle ? Mais ma situation s’arrange puissamment !
- Ce n’est pas ce que j’ai dit. Toute seule tu n’aurais pas pu. Tes petits camarades t’ont donné des ordres que tu as scrupuleusement suivis. Je suis autorisé à te féliciter.
- Seigneur Éole, savez-vous ce que nous sommes tenus de faire ici ?
- Mon petit Lewis, je n’en ai pas la moindre idée !
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Un jour, je reviendrai sur la suite… Vous resterez sur votre faim !
Les Touches 18 juillet 2021
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